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30 km/h sur les Grands Boulevards : la Mairie de Paris veut-elle vraiment faire de la capitale une forteresse inaccessible aux habitants des banlieues ?
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Zéro de conduite

La Mairie de Paris envisagerait de réduire la vitesse à 30 km/h sur certains axes, notamment sur les Grands Boulevards, d'après Le Figaro. Cette mesure pourrait faire de la capitale une forteresse inaccessible aux habitants des banlieues.

Guy Konopnicki

Guy Konopnicki

Guy Konopnicki est journaliste à Marianne et romancier.

Il participe également à l'émission des Papous dans la tête, sur France-Culture.

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Paris souffre de son enfermement. La municipalité conseil général traite la partie de la ville placée sous sa responsabilité, comme si Paris s'arrêtait au périphérique. 


Elle cherche donc à éliminer les grands axes de traversée automobile. Les quais, puis les boulevards. Bien sûr, les choix antérieurs n'étaient que des solutions de facilité. On a utilisé la Seine, parce que l'activité portuaire avait disparu. Puis, à l'époque de Jacques Chirac, on a repris les perspectives Haussmann pour établir des "axes rouges" de traversée. La municipalité Delanoë cherche donc à défaire ce maillage automobile. Flâner sur les Grands Boulevards, après Montand, pourquoi pas ! je suis un riverain, dans la journée, je travaille près des Grands Boulevards. Seulement, je vis en banlieue, il me faut arriver le matin et repartir le soir. La ligne 9 du métro ne franchit pas le Pont de Sèvres et, au-delà, les transports sont des plus incertains.Donc, j'utilise ma voiture. C'est ce que l'on ne veut pas entendre à l'Hôtel de Ville. Les Grands Boulevards seront certainement très sympathiques, mais ils constitueront un obstacle, sur mon trajet. Or il se trouve, dans Paris, beaucoup plus de gens qui viennent pour travailler qu'il n'y a d'habitants. Mais ces travailleurs parisiens n'ont pas le droit de vote, alors on aménage la bonne petite vie des électeurs. Cendrillon, le banlieusard est toléré aux heures de bureaux. Le carrosse en commun s'arrête à 1h, on lui concède une heure supplémentaire le samedi soir. Le banlieusard est supposé venir par les transports en commun, ce qui relève souvent de la galère aux heures de travail. Mais il n'est pas censé profiter des musées, des théâtres et des cinémas. Il pourrait, lui aussi, flâner sur les Grands Boulevards, au milieu de cette circulation réduite à 30km/h. Mais comment les atteindre quand les quais de la Seine et ceux canal Saint-Martin sont fermés, réservés au bobo cycliste qui vient rarement d'outre-périphérique ?

Tout est conçu en fonction des attentes d'une petite-bourgeoisie branchée, plutôt jeune, qui se passe de la voiture en ville. Le banlieusard qui prétend emmener ses enfants au Louvre un dimanche ne compte pas... Il lui est de plus en plus difficile d'atteindre les gares parisiennes, quand il n'habite pas sur les axes du RER ou du Transilien. Paris se transforme en gros bourg, oublieux de ses fonctions de capitale et de ses obligations envers les 8 millions de Parisiens d'outremur. Le piquant de l'affaire, c'est que nos prétendus écolos luttent contre la circulation dans Paris en prétendant lutter contre la population. Or toutes les nouvelles interdictions de circuler allongent les trajets en obligeant au contournement de la capitale, ce qui fait évidemment plus de carburants et plus de gaz d'échappement.

Jadis, les écolos protestaient quand les pouvoirs publics prétendaient que nos frontières avaient arrêté le nuage radioactif de Tchernobyl. Ils avaient raison. Mais aujourd'hui, ils voudraient nous faire croire que le périphérique arrête la pollution ! Et, à l'intérieur, ils nous font un gentil petit parc d'attraction, comme si Paris était une ville de résidence et de loisir.

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