"Refondation", 35 heures… Nicolas Sarkozy s'engage dans une nouvelle séquence politique pour surprendre ses adversaires<!-- --> | Atlantico.fr
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Nicolas Sarkozy envisagerait un remaniement de son état-major après les régionales.
Nicolas Sarkozy envisagerait un remaniement de son état-major après les régionales.
©Reuters

Coup d'accélérateur

Après avoir été critiqué pour sa discrétion depuis qu'il a été élu en novembre dernier à la tête de son parti, le Président des Républicains multiplie ses déclarations dans la presse en cette rentrée politique. Nicolas Sarkozy a notamment présenté dans Les Echos son programme économique.

Bruno Jeudy

Bruno Jeudy

Bruno Jeudy est rédacteur en chef Politique et Économie chez Paris Match. Spécialiste de la droite, il est notamment le co-auteur du livre Le Coup monté, avec Carole Barjon.

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Atlantico : Après ses propos sur une "refondation" nécessaire de la France, ainsi que l'information de France info selon laquelle Nicolas Sarkozy envisagerait un remaniement de son état-major après les régionales, l'ancien Président a présenté dans Les Echos son programme économique. Dans quelle mesure cela peut-il confirmer qu'il s'engage dans une nouvelle séquence politique ?

Bruno Jeudy : On peut très clairement y voir une accélération. Ce programme économique s'inscrit dans un virage récent, entamé avec ses propositions en matière d'immigration, ses interviews successives sur TF1, le Figaro, le Parisien et maintenant avec les Echos sur son programme économique. Il tente de surprendre ses adversaires à la primaire en déroulant plus vite que prévu son programme personnel. Cette nouvelle séquence  est causée par au moins deux raisons : d'une part, il ne veut pas laisser le terrain médiatique à ses concurrents. Alain Juppé, qui a publié à la rentrée un livre programmatique sur la réforme de l'école par exemple, ou François Fillon qui a plus récemment encore publié "Faire", tandis que Bruno Lemaire est présent sur le terrain et travaille à la formation de son réseau. D'autre part, Nicolas Sarkozy est attentif aux enquêtes d'opinion, et il voit que pour le moment il n'a pas gagné un seul point depuis son retour en politique voilà un an. Certes il reste devant chez les sympathisants LR, mais l'écart se ressert, et Nicolas Sarkozy voit qu'il ne peut pas neutraliser le dernier trimestre et laisser le champ libre à ses concurrents... Et la meilleure défense, c'est l'attaque, et Nicolas Sarkozy applique à la lettre ce proverbe. 

Toujours selon France Info, NKM quitterait la direction du parti. Qu'est-ce que cela peut signifier pour la volonté de rassemblement voulu par Sarkozy ? Qu'est-ce que Nathalie Kosciusko-Morizet pouvait incarner ?

Ce n'est pas la première fois que l'on évoque le départ de Nathalie Kosciusko Morizet de la direction de l'UMP puis des Républicains. A peine nommée en décembre 2014, il y avait déjà des rumeurs sur sa mésentente avec Nicolas Sarkozy. On voit bien que NKM est devenue plus un handicap qu'un atout pour lui, ce remaniement paraît inévitable, puisqu'elle va se lancer dans la course à la primaire. Et on voit mal le numéro 1 et la numéro 2 cohabiter à la tête du parti tout en étant concurrents sur les estrades. J'ajoute que ce remaniement pourrait être plus large, Laurent Wauquiez, secrétaire général, s'il l'emporte en Région Rhône-Alpes, pourrait également quitter la tête du parti... Et la porte-parole Lydia Guirous n'est pas jugée à la hauteur de sa fonction par l'entourage de Nicolas Sarkozy. Bref le Président des Républicain souhaite resserrer l'équipe, dont je rappelle qu'elle est composée de 130 personnes pour l'organigramme, et de 112 pour le bureau politique. Sans doute aura-t-il besoin d'une équipe plus ramassée, légère pour la garder sous son influence.

Le départ de NKM sera dans tous les cas un événement symbolique d'une réorientation politique de Sarkozy. Ce dernier va axer sa stratégie de campagne pour la primaire sur son flanc droit, alors que NKM incarne plutôt une ligne libérale, européenne, sur le plan économique et sur le plan sociétale une ligne assez modérée, centriste. Ses adversaires la qualifient de "bobo". Dans tous les cas on voit bien qu'elle est une femme de caractère, qui ne veut pas baisser la tête devant les nombreuses ombres qui dirigent le parti.

Nicolas Sarkozy a souvent répété qu'il ne commencerait la campagne des primaires qu'en septembre 2016. Les sympathisants républicains quant à eux ont le souhait de voir un parti uni pour "l'alternance", et le spectre d'une guerre interne hante toujours les esprits. Est-ce que l'ancien président ne prend pas le risque de les froisser avec cette réorientation ? Quelles sont ses marges de manœuvre pour ce rôle d'équilibriste entre le "rassembleur" et le "candidat à la présidentielle" ?

On ne va pas refaire Nicolas Sarkozy, il a 60 ans et sa patience n'est pas sa qualité première, même s'il dit avoir changé. Il aime le combat politique, et lorsqu'il voit ses concurrents se mettre en ordre de bataille, il ne peut pas résister à le faire lui-même. Même s'il va sans doute faire les deux -s'investir dans les régionales, initier son combat pour les primaires-, cela ne veut pas dire qu'il arrêtera d'être Président des Républicains. Il n'annoncera vraisemblablement sa candidature qu'en septembre 2016, puisque le règlement intérieur du Parti ne l'oblige à quitter la tête du parti deux mois avant le scrutin. 

Pour autant, il n'attendra pas cette date pour mettre en place une stratégie. Nicolas Sarkozy est revenu en politique en septembre 2014 avec un seul objectif : remporter l'élection présidentielle de 2017. Il devra passer par une primaire, qu'il n'avait pas souhaitée, et à laquelle il a finalement dû se plier. Et le challenge est important : on le voit aujourd'hui, Nicolas Sarkozy n'est plus le candidat naturel de la droite mais l'un des favoris. Pour la première fois depuis une dizaine d'année dans sa propre famille politique il doit prendre en compte une concurrence sérieuse. 

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