"Mur des cons" du Syndicat de la magistrature : et ils y épinglent même des victimes<!-- --> | Atlantico.fr
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Le Syndicat de la Magistrature expose dans son local les photos des adversaires à abattre.
Le Syndicat de la Magistrature expose dans son local les photos des adversaires à abattre.
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INFO ATLANTICO

Parmi les personnes dont la photo figure sur le "Mur des cons" du Syndicat de la magistrature, on reconnaît notamment le père d’une jeune fille victime de viol.

Xavier Bebin

Xavier Bebin

Xavier Bebin est secrétaire-général de l'Institut pour la Justice, juriste et criminologue. Il est l'auteur de Quand la Justice crée l'insécurité (Fayard)


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Vous avez reconnu sur le "Mur des cons" du Syndicat de la magistrature, révélé hier soir par Atlantico, une personne dont la présence est particulièrement choquante. De qui s'agit-il et que le syndicat peut-il bien avoir à lui reprocher ?

Il s’agit de Jean-Pierre Escarfail, père de Pascale, une jeune fille violée et tuée par Guy Georges. Avec une modération et une dignité impressionnante, ce père de victime souhaitait faire en sorte que d’autres femmes ne subissent pas le même sort que sa fille. Il avait notamment œuvré pour que la France rattrape son retard en terme de fichier génétique des criminels sexuels, ce qui a contribué à éviter de nombreuses victimes.

Comment l'interpréter plus largement ?

La présence sur un "mur des cons" de cette personnalité honorable, ainsi que celle de responsables politiques de droites, de syndicalistes policiers, de hauts magistrats et de journalistes est d’abord une profonde atteinte à l’impartialité de la Justice. Comment les personnalités épinglées sur ce mur pourront-elles être jugées équitablement si elles se retrouvent devant la Justice ? Alors qu’un magistrat sur trois a voté pour le syndicat de la magistrature ?

Plus profondément, comment ne pas imaginer que les convictions politiques de ce syndicat ne biaisent pas ses membres dans les affaires visant les responsables politiques de droite ?

Que cela révèle-t-il de l'idéologie à l'œuvre au sein de ce syndicat qui représente 1/3 des magistrats de l'ordre judiciaire ?

Ce mur de la honte révèle une conception profondément idéologique et anti-démocratique de la Justice. C’est le même syndicat, le Syndicat de la magistrature, qui avait appelé à voter François Hollande à la dernière élection présidentielle. Comment peut-on accepter, dans un Etat de droit, que les magistrats puissent afficher et revendiquer leur idéologie politique ?

Quelle doit selon vous être la réaction appropriée à la suite de cette révélation ?

Une Justice exemplaire, c’est une Justice indépendante, impartiale, dans laquelle les magistrats n’expriment pas leur opinion sur la politique du gouvernement ou sur les lois votées par le Parlement.

Aujourd’hui, il n’y a donc pas d’autre choix que de dissoudre le Syndicat de la magistrature, qui porte en permanence atteinte à la séparation des pouvoirs par ses prises de position politiques. Et il faut à nouveau appliquer cette loi, malheureusement oubliée, qui prévoit que les juges, y compris syndiqués, sont soumis au "devoir de réserve", sous peine de sanctions.

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