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"Les nuits d'Ava" de Thierry Froger : quand les malheurs d'Ava font notre bonheur
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Atlanti-Culture

Marie-Christine Lebrun

Marie-Christine Lebrun

Marie-Christine Lebrun est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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LIVRE

LES NUITS D'AVA

DE  THIERRY FROGER

Ed. ACTES SUD

302p.

 20€

RECOMMANDATION

         EN PRIORITE


THEME 

Une nuit d’août 1958 à Rome, en marge du tournage de La Maja Desnuda, Ava Gardner, ivre, hurle dans sa décapotable lancée dans une course folle pour échapper aux paparrazzis. Elle entraîne dans son sillage le talentueux et discret Giuseppe Rotunno, directeur de la photographie. Mais aussi, plus tard,  le narrateur, passionné de photographie et d’histoire de l’art, admirateur inconditionnel de la star, qui revit dans son imaginaire la scène et se lance – à son rythme, plus mesuré-  dans une recherche passionnée des photos prises cette nuit-là. Inspirées de tableaux célèbres, elles mettent en scène la nudité, et l’une d’elles, particulièrement audacieuse, devient le principal objet de la quête…


POINTS FORTS

- Des scènes fortes, émouvantes ou burlesques: le repas chez les amis des parents le jour de l’assasinat de Kennedy, le tournage de la scène du bal dans « Le Guépard » de Visconti, la rencontre entre Ava Gardner et Marylin Monroe,  la manifestation  à Nantes , le rendez-vous avec Fidel Castro, les visites du Musée Grévin à Paris ou du Musée Ava Gardner en Caroline du Nord…

- Le regard autocritique et amusé du narrateur sur ses faiblesses et ses échecs.

- Le voyage qu’il nous offre de Rome à la Sicile en passant par Cuba ou les Etats-Unis, la poésie dans l’évocation des bords de Loire à Chalonnes.

- Inconnues ou célèbres, les personnes croisées sont campées avec le souci du détail et toujours ce trait d’humour.


POINTS FAIBLES 

 Je n’en vois pas…même si le narrateur, féru d’enquête et d’Histoire, nous dit que le modèle du tableau « L’Origine du Monde » de Courbet est Jeanne de Tourbey, alors que les dernières recherches affirment qu’il s’agit de Constance Quéniaux...


EN DEUX MOTS 

Les objets lancés par Ava dans la première scène ne sont que de "pauvres projectiles" mais ils deviennent pour ses admirateurs des "précieuses reliques" ou de "précieux trophées". C'est ainsi que, maîtrisant l'art du fondu enchaîné, le narrateur nous invite à regarder avec intérêt des scènes a priori éparses et hétéroclites, parfois anecdotiques, mais qui sont autant d'éléments qui construisent une légende. Des bribes de son parcours personnel, qu'il raconte avec beaucoup d'autodérision, s'entremêlent avec des récits savoureux dont les protagonistes sont des peintres renommés, des cinéastes talentueux, des stars hollywoodiennes ou des parrains de la mafia. Le fil directeur est l'image, fixe ou mobile, peinte ou révélée dans une chambre noire, que l'écriture ne cesse de commenter, de faire vivre ou d'inventer, pour notre plus grand plaisir.


UN EXTRAIT

" Je montais Rose dans sa chambre qui était curieusement décorée quand j’y repense maintenant : sur les murs, des dessins d’enfant voisinaient avec des affiches dénonçant la dictature argentine qui torturait ses opposants à proximité des stades où la Coupe du monde de football se jouerait l’année suivante. Quand je redescendais, Ariane fumait dans le salon jaune, la tête renversée en arrière, écoutant le chuintement répété, obstiné mais doux de l’électrophone à la fin du disque. Il était rare qu’Ava Gardner laisse ses disques s’épuiser sur la platine: elle les faisait généralement valser avant la fin du morceau, tout comme elle ne vidait pas tout à fait son verre avant de le remplir de nouveau. « Je bois rarement plus d’un verre par soirée », assurait-elle avec une sincérité déconcertante. Mon enquête avançait".  (P.101).


L’AUTEUR 

 Né en 1973, Thierry Froger , professeur d’arts plastiques, questionne les images et les corps, leur capacité d’apparition et de disparition. Après un recueil de poésies couronné par le prix Henri-Mondor de l’Académie française, en 2014, « Retards légendaires sur la photographie », il écrit en 2016 un premier roman « Sauve qui peut (la révolution) » pour lequel il reçoit le prix Envoyé par la Poste.

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