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"Le vent reprend ses tours" de Sylvie Germain : Une amitié insolite entre un jeune garçon et un artiste de rue. Le plaisir esthétique et la recherche de sens
©Albin Michel

Atlanti-Culture

 Hélène Kolsky pour culture-tops

Hélène Kolsky pour culture-tops

Hélène Kolsky est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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"Le vent reprend ses tours"

De Sylvie Germain

Editions Albin Michel

214 pages

19 euros

RECOMMANDATION

Excellent

THEME

Une averse et Nathan s'en protège sous un abribus. Côtoyant quelques annonces, y sont placardés des avis de recherche, des portraits mal photocopiés de disparus. Parmi eux, celui d'un vieil homme, une tache noire sur la tempe gauche : Gavril, échappé d'un hôpital. L'émotion submerge Nathan. Des flashs, des souvenirs le ramènent plus de vingt-cinq ans en arrière. Ce voyage vers l'ami saltimbanque rescapé de terribles épreuves mais qui avait su garder une magnifique ardeur à vivre, va l'ouvrir à une pleine liberté.

POINTS FORTS

- Récit d’une mise au monde, Le Vent reprend ses tours est un roman initiatique à la structure déconcertante, composé de plusieurs allers et retours dans le temps, comme si on ne naissait à soi qu’en prenant et reprenant sans fin les chemins du passé et de la mémoire. Dans le sillage de Gavril, plus que guidé par lui, Nathan découvre la poésie, l’imaginaire, la fantaisie…

- A travers cette histoire d'amitié entre le poète et l'enfant, Sylvie Germain tisse des pistes de réflexion que chacun investira en fonction de sa sensibilité : de quoi se construit un individu ? Quelle place la littérature, la poésie et plus généralement le langage ont-ils dans cette construction ? Comment être présent à soi-même quand on n'a pas été regardé ?

- Tout est toujours possible si c’est la vie, et rien d’autre, que l’on désire, nous assure Sylvie Germain.

-Lire un livre de Sylvie Germain, c'est entrer en subtilité. Avec son écriture discrète, poétique qui par moment tutoie le fantastique, Sylvie Germain nous emmène sur les pas de Nathan et Gavril et sur un chemin réflexif des plus intéressants

- « Il n’y a aucun souvenir des temps anciens ; quant aux suivants qui viendront, il ne restera d’eux aucun souvenir chez ceux qui viendront après. » Cette phrase, sèche, implacable, se trouve dans le prologue de l’Ecclésiaste (1.11). C’est dans le même premier chapitre de ce livre de l’Ancien Testament que Sylvie Germain a été prendre le titre de son nouveau roman, Le vent reprend ses tours. Mais pour elle, au lieu d’emporter au loin la mémoire, ce vent, soufflant en tourbillons, dégagerait plutôt le passé enfoui et réveillerait les émotions perdues.

POINTS FAIBLES

Des situations improbables et des va-et-vient entre présent et passé qui m’ont conduit à relire certains passages pour en comprendre le sens

Un langage poétique auquel, personnellement,  je n’adhère pas.

EN DEUX MOTS...

Sylvie Germain a écrit ici, serrés, entrelacés, une fable poétique, un roman d’initiation, un grand livre des origines, un carnet de voyage, une anthologie de littératures sensibles. Sylvie Germain raconte l’amitié insolite d’un jeune garçon et d’un artiste de rue roumain, libre et fantaisiste. Un roman sur la naissance à soi. Un roman intelligent et fin servi par une écriture à la musicalité délicate.

UN EXTRAIT

Nathan a continué sa vie, sans enthousiasme, sans saveur « …et sa vie, il l'a sirotée ainsi qu'une infusion tiède. »

“ Tout se récupère, tout se recycle, répétait-il à Nathan. Surtout les mots, les idées et les rêves. On peut faire du grand avec trois fois rien, du beau en transformant du moche, du risible à partir de fadaises sentencieuses.”

“ Que lui est-il donc arrivé, pour qu’il ait cherché ainsi à « dévitaliser sa vie pour la rendre indolore ?”

L'AUTEUR

Sylvie Germain est une romancière, essayiste et dramaturge française contemporaine. Docteur en philosophie, sa thèse de doctorat concerne le visage humain. Grâce à une enfance nomade et à plusieurs années à Prague, elle a de nombreux paysages intérieurs et son œuvre a reçu maints prix littéraires. "Magnus", paru en 2005, reçoit un accueil enthousiaste du public et qui lui aussi recueille une moisson de prix dont le prix Goncourt des lycéens.

Depuis janvier 2007, elle soutient Bibliothèques Sans Frontières, une jeune ONG qui vise à faciliter l'accès au savoir dans les pays en développement.

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