"Le monte-plats" : quand l'absurde est au plus près de la vie<!-- --> | Atlantico.fr
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"Le monte-plats", de Harold Pinter, avec Jacques Boudet et Maxime Lombard.
"Le monte-plats", de Harold Pinter, avec Jacques Boudet et Maxime Lombard.
©Reuters

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"Le monte-plats" l'atteste : Harold Pinter n'a pas son pareil pour donner un sens profond à tous les petits riens de la vie.

Catherine Bonte de Cuniac pour Culture-Tops

Catherine Bonte de Cuniac pour Culture-Tops

Catherine Bonte de Cuniac est chroniqueuse pour le site Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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L'auteur

Harold Pinter, auteur anglais du 20ème siècle ( 930-2008), Prix Nobel de littérature, a débuté comme comédien puis comme poète, avant de se diriger vers le théâtre avec "l’anniversaire", "le gardien", "le retour", "paysage" etc...

Il a été fortement influencé par le théâtre de l’absurde de Beckett. Il aime peindre l’incommunicabilité des êtres, mais il faut noter que l’humour, la poésie, ou la tragédie ne sont jamais absents de ses pièces. Vers les années 1970, il se tournera vers la politique et militera pour les droits de l’homme et la liberté d’expression. Il écrira également des scénarios pour le cinéma, notamment pour Joseph Losey.

Thème

Deux tueurs à gage, Ben et Gus, tuent le temps en attendant les ordres et l’arrivée de leur prochaine victime. L’inattendu se produit par l’intermédiaire d’un monte-plats qui tel un troisième personnage invisible donne des ordres et semble tirer les ficelles d’un drame qui se noue.

Points forts

- Une mise en scène parfaite et un décor bien noir pour un huit clos oppressant qui se joue dans un sous-sol sans fenêtre. Les dés sont jetés, le spectateur au même niveau que les acteurs, se sent impliquer dans ce jeu du chat et de la souris …Qui tire les fils de cette attente sans fin ?

- Un texte superbe, entre humour, complicité, incompréhension, domination, remarquablement interprété par deux acteurs plus qu’excellents qui campent avec justesse ces deux tueurs à gage très typés, l’un petit chef imprégné de faits divers, l’autre un peu pataud, obnubilé par des choses anodines. Ils tuent le temps chacun à leur manière.

- Les acteurs, Jacques Boudet et Maxime Lombard, se tirent à merveille de ces personnages atypiques. Ce sont là deux grands comédiens, aussi à l’aise et brillants avec le texte que dans les silences.

- Un comique de situation, fait d’allers-retours dans le jeu très crédible des acteurs comme dans le texte qui revient toujours en arrière, comme une boucle sans fin, un dialogue de sourds pour meubler ce temps qui n’avance pas et où la tension devient palpable.

- On est dans l’absurde d’une situation qui monte en puissance, par des effets sonores, burlesques ou surréalistes. L’inattendu de ce monte-plats ou cet interphone deviennent des personnages qui accentuent un certain suspens où les effets comiques au premier abord peuvent être l’illustration tragique d’un pouvoir sans visage...

- Une fin surprenante comme un pied de nez, qui éclate après une tension palpable et qui permet de revenir en arrière pour dénouer les fils, comprendre les discours insignifiants de chacun et les ordres aveugles du troisième personnage, le monte-plats et l’interphone.

Points faibles

La fin, qui peut rester une énigme; à chacun de l’interpréter, certains n’aiment pas.

En deux mots

Une très belle pièce de Pinter, où on se régale d’un dialogue de sourds faisant la part belle au rien et à l’insignifiant pour en faire une tragi-comédie aux interrogations multiples. Entre burlesque et tragique.

Une phrase

Ou plutôt un dialogue :

"- Va allumer la bouilloire…

- Non, on allume le gaz…

- Qu’est ce que la gaz allume, c’est la bouilloire ?"

Recommandation

En prioritéEn priorité

"Le monte-plats", de Harold Pinter, avec Jacques Boudet et Maxime Lombard.

Mise en scène : Christophe Gand.

Théâtre de poche Montparnasse, 75, boulevard du Montparnasse, Paris 75006. Tel : 01 45 44 50 21 (www.theatredepoche-montparnasse.com). Jusqu’au 10 janvier.

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