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"La vie magnifique de Frank Dragon" : ça aurait pu être un grand premier roman
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Marie Ruffin pour Culture-Tops

Marie Ruffin pour Culture-Tops

Marie Ruffin est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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LA VIE MAGNIFIQUE DE FRANK DRAGON
de Stéphane ARFI
GRASSET
roman
268 pages 
L'AUTEUR
Né en Martinique en 1968, Stéphane ARFI est journaliste, grand reporter et scénariste. Il vit en Bretagne. "La vie magnifique de Frank Dragon" est son premier roman.
LE THEME
Frank Dragon, petit garçon de 6 ans, fils de Ona et du rabbin Tateh, se retrouve seul au début de la guerre après les rafles qui ont emporté sa mère d'abord puis son père qui a pris soin de le cacher au fond d'une armoire avec ses deux poupées de chiffon, avant d'être emmené par les allemands. Il va être recueilli par une "grand-mère de guerre" à la campagne puis confié aux bons pères d'un pensionnat religieux. Devenu jeune adulte, il se sauvera et ce seront les années d'errance, de maladie, de délire de "vif errant", avant le temps de la renaissance au pays-volcan.
LES POINTS FORTS
Avec une plume aussi originale qu'étonnante et déroutante, Stéphane Arfi plonge dans l'univers innocent, chaotique, imaginaire et fantastique de ce petit garçon qui doit se débrouiller face aux drames de la guerre. Mutique, il écrit son journal dans lequel il livre ses peurs en l'absence de ses parents dont il recherche sans cesse le visage,  ses réflexions sur les allemands, le Maréchal Pétain,  la religion juive et la religion catholique, sur "Dieu-fâché" et le Bon Dieu, sur les êtres qui l'entourent, sur le prix de la vie avec des passages poétiques, cocasses, humoristiques et poignants.  
On est pris et surpris par le regard à la fois innocent et affûté de ce petit Frank qui grandit en plein chaos avec sa volonté de vivre, par les rencontres qui le sauvent, par la présence discrète et lumineuse des "Justes" qui ont pris tant de risques pour sauver des enfants juifs et les aider à survivre. Les personnages de la grand-mère de guerre, de Sauveur Léglise et des bons pères du pensionnat sont tous bien campés.
Le long passage de mots et d'images d'horreur hallucinée que développe Tateh devant son fils, qui peine à le reconnaître à son retour de camp de concentration, est bouleversant. 
LES POINTS FAIBLES
Il n'est pas toujours facile de lire et de suivre le fil des pensées fantasques, débridées et souvent déroutantes de cet enfant qui devient jeune adulte. 
 Autant les années de guerre donnent lieu à des passages éblouissants, autant ses pérégrinations souvent délirantes de jeune adulte m'ont laissée perplexe et m'ont perdue en route.
EN DEUX MOTS
Ce livre, plus voyage initiatique que roman, est à découvrir par son originalité. On est touché par la profondeur souvent poignante du monde intérieur de ce petit garçon juif qui doit affronter la cruauté et la brutalité des années de guerre avec une lucidité empreinte de distance et d'humour caustique. Mais j'avoue avoir décroché à plusieurs reprises sans arriver à adhérer pleinement à cette écriture singulière, étonnante, parfois dérangeante, qui ne peut en tout cas laisser ni indifférent ni indemne. 
Nombreux seront conquis, pour ma part j'ai été souvent bouleversée mais sans être accrochée d'un bout à l'autre du livre.
C'est bien là toute la subjectivité d'une chronique.... 
UN EXTRAIT
"Sa bouche tremblait au milieu de sa barbichette picorante qui sanglotait de larmes scintillantes. Dans ma tête, je récitais du faux charabia moelleux à Dieu-fâché pour que Tateh ne déguerpisse pas avec les Képis et le Sans-Képis. Je le regardais tellement Tateh. Il était beau. Il me regardait à travers ses larmes scintillantes. Il replaça la planche magique et la colline d'habits gris, car quelqu'un hurla dans la ruelle alentour. Les deux moitiés de Képis attrapèrent Tateh par la peau du cou et ils l'apportèrent devant la porte d'entrée. "
RECOMMANDATION : BON

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