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La star du porno en quête d'un nez parfait... en Iran
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THE DAILY BEAST

Les chirurgiens iraniens sont les meilleurs pour ce type d'opérations, paraît-il. Mais lorsque Candy Charms a posté son histoire sur Instagram, elle a provoqué une tempête médiatique qui est vite devenue politique.

Copyright The Daily Beast - par IranWire

Tout a commencé avec un post sur Instagram. La photo montrait Candy Charms, une star du porno britannique, portant un hijab et d'amples vêtements comme le veut la loi en Iran. Elle écrit : "Salut, j’étais en vacances en Iran. Je n'en ai parlé qu'à mes amis très proches, vu que les réseaux sociaux et Twitter sont interdits donc il était difficile de communiquer, mais je suis de retour maintenant." (En fait, de nombreux Iraniens sont sur les réseaux sociaux, malgré les tentatives du gouvernement de restreindre l'accès.) 

Candy Charms a 27 ans. Elle a commencé sa carrière d'actrice porno il y a quatre ans. Elle n'a que de bons souvenirs de l'Iran et de son peuple. "J'ai adoré Téhéran," écrit-elle. "Les gens sont très gentils et généreux. Je suis vraiment enchantée par ce voyage. Les gens sont incroyables. Même lorsqu'ils n'ont pas grand chose, ils font tout pour vous aider. Cela remet vraiment votre propre vie en perspective."

Mais elle n'aurait jamais pu deviner combien de followers et de commentaires sa visite produiraient. En quelques heures, elle a reçu environ 40 000 commentaires d'Iraniens. La plupart des commentaires étaient en persan.  Candy Charms a beau eu louer l'hospitalité iranienne, beaucoup des commentaires volaient bas et certains étaient hargneux. "Nous aurions pu aller dans un café si vous nous l'aviez fait savoir," a écrit Hamid. "Qu'est-ce qu'une salope comme toi faisait dans mon pays ?" écrit Nasser.

Certains intervenants, de façon prévisible, ont commenté son physique. "Si vous étiez assise à l'avant du taxi, il n'y avait pas besoin d'airbags" a plaisanté Ali. Certains utilisateurs de réseaux sociaux ont saisi leur chance d'attirer de nouveaux followers grâce à Candy. "Oui, elle était en Iran," a écrit Neda. "Je l'ai vue sur la passerelle pour piéton Tabiat et j'ai pris des photos d'elle. Si vous voulez les voir, allez sur ma page." Sadegh a lancé un appât encore plus gros. "J'ai une vidéo de cinq minutes d'elle dans son hôtel," a-t-il écrit, aguichant. "Je vais poster la vidéo sur ma page pendant 10 minutes avant de la retirer. Si vous voulez la voir, allez sur ma page."

Les hashtags #CandyCharms se sont répandus comme une traînée de poudre à travers Instagram, Twitter et d'autres réseaux sociaux. Candy Charms a vite satisfait la curiosité de ses followers en révélant ce qu'elle faisait dans la République islamique, ce qui a déclenché une série de débats. Sur son compte  Twitter, lié à sa page Instagram, elle écrit : "Mon nez n'était pas droit et ce sont les meilleurs au monde en rhinoplastie. J'ai fait refaire mon nez.» C'était une raison convaincante. "L'Iran occupe le premier rang mondial dans le domaine de la chirurgie esthétique du nez", a déclaré l'an dernier à Mehr News le Docteur Ebrahim Razmpa, président de la cinquième Conférence internationale de rhinologie d'Iran. "La qualité des chirurgiens est très bonne et les prix sont bas, les Iraniens de l'intérieur du pays, mais aussi de nombreux patients de divers pays... viennent en Iran.»

Certains intervenants ont affirmé que le Dr Amir Hossein Nasseri avait opéré Candy Charms. Si c'est vrai, cela pourrait expliquer pourquoi il a rendu sa page Instagram privée, sachant qu'il allait devenir la cible de commentaires hostiles.

IranWire a essayé de contacter le Dr Nasseri, sans succès. De nombreux utilisateurs de réseaux sociaux ont demandé pourquoi personne n'avait remarqué qu'une star du porno était en Iran. Certains ont répondu que dans les rues de Téhéran, il aurait été impossible de la distinguer des autres femmes iraniennes, comme sa photo de profil tend à le confirmer. "Son apparence avec un foulard est si commune qu'à moins de voir sa photo prise en dehors de l'Iran, vous ne remarqueriez pas qu'elle n'est pas [iranienne]," écrit un utilisateur. Un autre utilisateur a répondu : "Ils disent que les filles de leur pays [l'Iran] ressemblent exactement à cette star du porno. Ce qu'ils ont oublié de dire, c’est qu'ils deviendraient fous avec une telle fille."

Sur sa page Instagram, Candy Charms a remercié un ami pour l'avoir aidée à obtenir un visa iranien. Cela a conduit à plusieurs questions : pourquoi la République islamique donne-t-elle un visa à une star du porno quand tant de journalistes et de militants des droits humains ne peuvent même pas retourner dans leur propre pays ? Hassan Ghashghavi, vice-ministre des Affaires étrangères de l'Iran, a déclaré que Candy Charms avait utilisé sa véritable identité en tant que citoyenne britannique lors de sa demande de visa par formulaire  électronique. Il a aussi déclaré : "Nos collègues ne sont pas censés connaître ce genre de femmes. Ce serait contre-productif s'ils l'avaient reconnue." "En Iran, ils vous laissent tranquilles si vous n'êtes pas journaliste, séditieux [partisan du candidat à la présidentielle de 2009 Mir Hossein Moussavi], critique, cinéaste, ou militant des droits de l'homme," une personne a tweeté, "même si vous êtes une star du porno.".

Le débat est bientôt devenu politique. Plusieurs intervenants ont mentionné Hassan Abbasi, le conférencier ultraconservateur bien connu pour ses remarques provocantes sur "l'infiltration occidentale" qui corrompt l'Iran. Ils ont écrit que la visite de Candy Charms lui offrait suffisamment de munitions pour l'avenir proche. Hélas, l'aventure iranienne de Candy Charms ne s'est pas terminée gaiement. Elle a reçu tant de commentaires bizarres et insultants que, 10 heures plus tard, elle regrettait d'avoir partagé les nouvelles de sa visite en Iran, et a retiré son post.

Cet article est paru à l'origine sur IranWire.

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