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"La maison au toit rouge" au cinéma : amour, grande et petite histoires
Si vous êtes nostalgique d'une conception de la vie et du bonheur à l'ancienne, allez voir le film du Japonais Yoji Yamada. Vous recevrez en prime une belle leçon d'histoire.
LE REALISATEUR
Yoji Yamada a 84 ans. Né dans la région d' Osaka, il a fait ses études à l'université de Tokyo. D'abord scénariste, il a commencé sa carrière de réalisateur en 1961, à l'âge de 30 ans, avec "L'inconnu du premier étage". C'est un cinéaste très prolifique (82 films au compteur), qui est surtout connu dans son pays pour sa série, "C'est dur d'être un homme", longue de 40 épisodes, et construite autour de Tora-san, son personnage fétiche. Il reste assez méconnu en France, où il a été boudé tant par les distributeurs que par le Festival de Cannes qui ne l'a jamais invité, pas plus que Venise d'ailleurs. Mais il est plus reconnu en Allemagne où le festival de Berlin l'a invité à plusieurs reprises et lui a décerné le prix d'interprétation féminine en 2014 pour "La Maison".
THEME
Bizarrerie de la distribution, le film commence comme "Le journal d'une femme de chambre", qui est sorti sort en salles le même jour. Mais les deux films prennent très rapidement des voies divergentes. Taki quitte sa campagne pour venir travailler dans la banlieue de Tokyo au service d'une famille bourgeoise. La vie au foyer, entre Tokiko (l'épouse) et Masaki (le mari), s'écoule paisiblement, même si la douce et délicate Tokiko se sent quelque peu délaissée par ce mari plutôt "brut de décoffrage". L'arrivée dans l'entourage familial d'Ikatura, un collègue de travail de Masaki, va changer la donne et réveiller la sensibilité de Tokiko, mais aussi et plus secrètement celle de Taki. La mobilisation d'Ikatura pour la guerre laissera les deux femmes désemparées.
POINTS FORTS
La description minutieuse et réussie de la vie quotidienne dans les familles bourgeoises au Japon avant les bouleversements provoqués par la guerre et la défaite de 1945.
L'Histoire qui s'écrit au dehors de la maison, celle très visible qu'apprendra à l'école le petit-neveu de Taki, opposée à celle beaucoup plus feutrée des gens, telle qu'elle a été vécue et ressentie par la servante cantonnée à l'intérieur de la maison.
POINTS FAIBLES
Une certaine lourdeur dans la mise en scène, peut-être la conséquence de la longue carrière de Yamada dans la réalisation de séries pour la télévision.
Un scénario inutilement long et compliqué, dans les plis duquel le spectateur se prend aisément les pieds, particulièrement à la fin du film. On peut comprendre qu'Ikatura n'a jamais aimé que Taki, laquelle le lui rendait bien, mais aussi que la pauvre servante n'était pour rien dans cette affaire de cœur et qu'elle ne se pardonnera jamais la faute commise vis-à-vis de sa maitresse.
C'est vrai, le film n'aurait pas souffert de quelques coupures...
EN DEUX MOTS...
On ne cachera pas le côté assez conservateur, voire passéiste, du réalisateur, son regard réprobateur sur la dégradation des mœurs, sur l'oubli de ces petits riens qui faisaient le sel de la vie et surtout sur l'utopie du grand bonheur pour tous qui ne remplacera jamais, selon lui, l'importance des petits bonheurs de la vie de chacun. Il n'est certes pas aujourd'hui tout à fait dans le sens de l'histoire, mais n'est-ce pas là son message d'ancien que de nous remettre dans le "droit chemin" d'une vision moins ambitieuse et plus réaliste du bonheur? C'est en tout cas son intention telle qu'il l'a exprimée, mais on a le sentiment qu'il ne l'a pas ici tout à fait menée à son terme.
RECOMMANDATION
BON
Bon, oui, mais sans excès...
CINEMA
La maison au toit rouge
un film de Yoji Yamada
Avec Takako Matsu (Tokiko), Haru Kuroki (Taki), Takataro Katuoka (Masaki), Hidetaka Yoshioka (Ikatura)
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