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"Djihad" d'Ismaël Saïdi : des pieds nickelés belges entreprennent un djihad, au prix d’une guerre contre eux-mêmes
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Atlanti Culture

"Djihad" 

d'Ismaël Saïdi

Mise en scène : Ismaël Saïdi
Avec Ismaël Saïdi ou Samir Kadi (Ismaël), Florian Chauvet (Ben), Théo Askolovitch, Lionel Correcher, Helmi Dridi (en alternance)

INFOS & RÉSERVATION
Théâtre Lepic
1 avenue Junot
75018 Paris
Tél. : 01 42 54 15 12
http://www.theatrelepic.com/
Les mardis et mercredis à 19h, du 15 octobre au 18 décembre.

RECOMMANDATION
Bon


THÈME
 • Ben, Reda et Ismaël, trois jeunes Belges d’origine arabe, sont décidés coûte que coûte à faire le djihad, chacun pour des raisons bien particulières. Et s’il faut revendre la Renault 21 pour trouver le chemin des martyrs, qu’à cela ne tienne !

• Seulement voilà : ce genre d’entreprise exige des “compétences“ dont ces trois amateurs sont à peu près totalement dépourvus... Ils font vite figure de baltringues dans une guerre sans pitié qu’ils traversent à la manière d’un parcours initiatique, sans toutefois totalement abdiquer leur humanité, leur humour et surtout pas leur amitié.

POINTS FORTS
 • Mettre en scène le djihad et les djihadistes en utilisant les ressorts du comique, c’est le pari culotté et globalement réussi de cette pièce : les punchlines abondent, les situations cocasses sont fréquentes et les personnages restent attachants et humains, quoiqu’assez schématiques et conçus selon une structure prévisible (les deux premiers larrons composant chacun une facette du troisième).

• Pour autant, le spectacle est loin d’être superficiel, car des problèmes lourds sont abordés au fil de la représentation, et en premier lieu les motivations : au-delà des motifs convenus (ressentiment, foi, désorientation) on aperçoit le déracinement et la relégation bien sûr, mais aussi le poids des préjugés et du repentir, les rêves brisés, les contraintes « du quartier, des voisins, de l’imam » (ce dernier souvent frelaté), la quête de la fierté paternelle (qui n’en demande pas tant).

POINTS FAIBLES
• Les comédiens - qui doivent interpréter des personnages assez typés - en font souvent « des caisses » : roulements d’yeux d’Ismaël dignes du cinéma muet, froncement de sourcils appuyés (voire permanents dans le cas de Florian Chauvet), candeur parfois un peu forcée de Reda. Bref, le djihad ne fait pas toujours bon ménage avec la commedia dell’arte...

• La tonalité générale tragi-comique de la pièce est un peu gâchée par une fin pesamment didactique, assez mélodramatique, où les rafales de « mon frère » le disputent à celles des kalachnikov, ce qui ruine le ton et plombe le propos. 

• La partie finale de la pièce dénote une difficulté à proposer une résolution d’intrigue satisfaisante, d’autant que s’affirme une volonté que le message de la pièce – pétri de bons sentiments mais diffusé jusque là de manière plutôt fluide et adroit - transmet à tout prix et sans ambiguïté.

EN DEUX MOTS 
En terre de Djihad, comme partout où se déroule une guerre, il est plus facile de perdre la vie que de garder son humanité.

UN EXTRAIT
Ismaël (à Reda) : « Sérieux ? T’as pas pris ton détecteur à mécréants ? »

Ben (à Reda) : « Regarde-moi cette tête de prix Nobel... Ferme-là à tout jamais ! »

Reda (aux deux autres, à propos du maniement des armes) : « Mais non, j’ai pas fait de prison ! Mais j’ai vu Prison Break ! J’suis un pro, moi ! »

L'AUTEUR
• Ismaël Saïdi, réalisateur, scénariste et dramaturge belge né en 1976, a débuté son parcours comme policier (1986-90), avant de se tourner vers le cinéma, puis le théâtre.

• Il a écrit, mis en scène et interprété Djihad, tiré du livre éponyme, qui a rencontré un certain succès en Europe francophone et assis sa notoriété de partisan d’un islam modéré, libéral, patiné aux Lumières.

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