+ 40 % : le streaming musical en plein boom sur le marché français<!-- --> | Atlantico.fr
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Le streaming a progressé de 35% en France.
Le streaming a  progressé de 35% en France.
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En France, en 2014, selon le SNEP, le streaming audio a représenté 73 millions d'euros, contre 54 millions pour le téléchargement, soit une progression de 35%.

Pascal Comas

Pascal Comas

Pascal Comas est trader pour son propre compte. Passionné de musique, il collabora avec de grandes maisons de disques à la sortie des albums d'IAM, Massive Attack... Auteur d'un pamphlet intitulé Pensées à Rebrousse-Poil, il fut également co-directeur d'une grosse start-up suédoise.

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Atlantico : Assiste-t-on à un boom du streaming en France comme en Angleterre ?

Pascal Comas : En Grande-Bretagne le streaming a progressé de 80% en 2015 à travers des services comme Spotify, Deezer et Google Play avec 11,5 milliards de "streams", contre 14,8 milliards en 2014.. Sur l'ensemble de 2014 (données de l'Official Charts Company).   En France, en 2014, selon le SNEP, le streaming audio a représenté 73 millions d'euros (54 en 2013), contre 54 millions pour le téléchargement (63 en 2013).

Le streaming a donc progressé de 35% en France et les téléchargements ont moins baissé qu'en Grande-Bretagne.  Dans tous les cas on peut dire que le streaming connait un boom, nonobstant les différences entre pays au niveau du passage du téléchargement vers le streaming. 

Comment expliquer l’attrait du streaming par rapport au téléchargement ou à l’offre légale payante ?

Pour les labels, le streaming apporte une stabilité de revenus garantie par les abonnements et le passage au mode payant d'auditeurs qui avaientbasculé dans le camp du téléchargement illégal. Pour les auditeurs les avantages sont divers comme un coût dérisoire au regard de la quantité de musique écoutée ou encore la satisfaction de ne pas être dans l'illégalité. De nombreux efforts sont déployés pour guider le consommateur.

Le boom du streaming est-il une menace pour les majors du disque ?

Absolument pas. Le streaming est une bénédiction pour les majors qui ont eu très chaud avec le développement du téléchargement illégal qu'elles ont directement favorisé, étant incapables deproposer une offre attractive et pénalisant tous les projets qui le faisaient en ne leur accordant pas ladistribution de leurs catalogues. 
Si le streaming était une menace pour les majors, on ne lirait pas une déclaration aussi stupéfiante de la part du SNEP.

La révolution du streaming permet de recréer de la valeur autour de cet usage innovant et au bénéfice de tous. La forte croissance de ses revenus depuis le début de l’année confirme la dynamique observée sur le marché français en 2014.

C’est l’abonnement qui s’affirme comme le modèle pérenne de rémunération : ses revenus ont triplé depuis 2013 et représentent désormais 20% des revenus du marché français et plus de la moitié du chiffre d’affaires numérique ! L’abonnement rémunère la création à sa juste valeur et notamment les artistes, qui bénéficient sur le streaming de royautés supérieures à celles des ventes physiques."

La partie soulignée est celle que je qualifie de stupéfiante car elle est complètement mensongère. 

Spotify rapporte entre  0.006$ et 0.0084$ par stream. La dessus le label prélève sa partqui est en moyenne 3 fois supérieure à celle qui est reversée aux artistes.

Sur les ventes physiques (y compris downloads digitaux), les seuls droits mécaniques représentent au moins 0,91$ par chansonen faveur de l'artiste selon The Harry Fox Agency (chiffres de fin 2013). 

Sur la vente d'une chanson à 1,29$ sur iTunes, 40 cents vont à Apple, 90 au label et 20 cents à l'artiste (qui rappelons-le est le créateur de la chanson générant ce business). L'artiste touche donc, malgré sa part ridicule, 0,91 +0,20 = 1,11$ cents par ventephysique et téléchargement. Il faudrait donc que les auditeurs en streaming écoutent le titre au moins 500 fois pour se rapprocher des revenus touchés par l'artiste avec les ventes physiques, ce qui est infiniment éloigné de la réalité. 

Le streaming peut-il être freiné dans son expansion ?

Comme nous l'avons vu, le streaming bénéficie d'une convergence d'intérêts économiques partagés entretous ceux qui se partagent la plus grosse part du gâteau sur le dos des artistes, et les auditeurs qui y trouvent aussiun intérêt économique. 

Quant à la presse, elle est dans son immense majorité très enthousiaste et ne rapporte presque jamais le point de vue des artistes. 

Néanmoins une grande majorité d'entre eux n'est pas satisfaite, loin de là, et je conclurai avec cette déclaration de Robert Ashcroft, directeur de la Sacem anglaise (PRS) : "Le marché du streaming ne marche pas pour les compositeurs et c'est un problème critique que nous devonsrésoudre" (Members Music Magazine mars 2015).

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