« Il faudra 50 millions d'étrangers en Europe pour garantir l’équilibre des retraites ! ». Une idée, pas forcément géniale, de Jean-Paul Delevoye<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
« Il faudra 50 millions d'étrangers en Europe pour garantir l’équilibre des retraites ! ». Une idée, pas forcément géniale, de Jean-Paul Delevoye
©KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Grand remplacement ?

Le Haut-commissaire aux retraites a sorti sa calculette. Selon toute vraisemblance, elle est atteinte de folie.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

Voir la bio »

Un jour, Renaud Camus inventa le concept du grand remplacement qu'il popularisa avec un livre qui portait ce titre. Mal lui en a pris. Relégué à l'extrême droite, il fut boycotté par tous les médias et placé sur un banc d'infamie. Il passe d'ailleurs devant un tribunal d'Auch pour incitation à la haine raciale.

Avec une coupable légèreté, Renaud Camus a omis de faire breveter le concept dont il est le père. Ainsi, il se le fait piquer sans pouvoir réagir. Il y a quelques jours, Laurent Alexandre, neurochirurgien, scientifique reconnu et fondateur du site Doctissimo, était face à Zemmour sur CNews. Et il lui balança : « À la fin du siècle, les musulmans seront majoritaires en France en raison de leur vitalité démographique et de la déchristianisation de la société ». En précisant à l'adresse de son interlocuteur : « Il va falloir s'adapter à cette mutation et non pas prêcher la guerre civile ». Pauvre Renaud Camus qui ne peut même pas demander des droits d'auteur à Laurent Alexandre...

Mais dans cette compétition intitulée « qui remplace le mieux et le plus », c'est Jean-Paul Delevoye qui fait la course en tête. Son franc parler mérite l'attention. Voici ce qu'il a déclaré. « Je suis très frappé par la réaction des peuples européens parce que la démographie des peuples européens et son vieillissement font que si on veut garder le même nombre d'actifs dans la machine économique, il faudra 50 millions de population étrangère pour équilibrer la population active en 2050 en Europe ».

50 millions d'immigrés ! On entend déjà Renaud Camus crier : « Au voleur ! ». Poursuivant dans son étrange lancée, Jean-Paul Delevoye ne s'est pas arrêté en si bon chemin. « Aujourd'hui, aucun politique n'est capable de parler d'immigration parce que tout le monde s'hystérise, parce que tout le monde fait le procès de l'autre. On est dans un moment très malsain de notre démocratie où on cherche à jeter en bouc émissaire, hier le Juif, demain le musulman ».

Sur le plan strictement statistique, Jean-Paul Delevoye fait une comparaison imbécile. À la veille de la deuxième guerre mondiale, il y avait en France 300 000 Juifs, dont une majorité de Juifs français (non immigrés donc). Aujourd'hui, il y a, selon les estimation de François Héran, démographe respecté et professeur au Collège de France, presque 9 millions de musulmans dans notre pays ! Sur un autre plan, sur le plan de la morale, sur le plan de la décence, son parallèle entre les boucs émissaires juifs et les boucs émissaires musulmans, est une abjection. Les Juifs partaient dans des wagons à bestiaux en direction des chambres à gaz d'Auschwitz. Ils auraient trouvé très enviable le sort des musulmans aujourd'hui qui – à moins que Jean-Paul Delevoye ne dispose d'informations particulières sur leur souffrance – ne se portent pas trop mal.

Accordons quand même au Haut-commissaire aux retraites certaines circonstances atténuantes. Il s'exprimait à Créteil devant un parterre choisi de 80 jeunes. Sans doute voulait-il plaire à son public. Les jeunes ont chaleureusement applaudi. Et après le discours de Jean-Paul Delevoye, ils se sont tous précipités vers leurs mamans pour leur demander pour coudre une étoile jaune sur leurs sur-vêtements.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !