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En 2060, la France comptera cinq millions de plus de 85 ans contre un petit million aujourd’hui.
En 2060, la France comptera cinq millions de plus de 85 ans contre un petit million aujourd’hui.
©Reuters

Atlantico Lettres

Toutes les semaines, le journal Service Littéraire vous éclaire sur l'actualité romanesque. Aujourd'hui, retour sur "Le plus bel âge", de Laurence Benaïm.

Christian Millau

Christian Millau

Grand reporter, critique littéraire notamment pour le journal Service Littéraire, satiriste, Christian Millau est aussi écrivain.

Parmi ses parutions les plus récentes : Au galop des hussards (Grand prix de l'Académie française de la biographie et prix Joseph-Kessel), Bons baisers du goulag et aux éditions du Rocher,  Le Petit Roman du vin, Journal impoli (prix du livre incorrect 2011), Journal d'un mauvais Français (21 avril 2012) et Dictionnaire d'un peu tout et n'importe quoi (Rocher, 2013)

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Mes petits lapins, vous qui traînez des pieds une jeunesse de merde, un bon conseil : ne perdez pas de temps. Dépêchez-vous de devenir des vieux. Mais avant de vous embarquer pour ce merveilleux et dernier voyage, n’oubliez pas d’emporter avec vous le plus jubilant des bréviaires. Avec “Le plus bel âge”, Laurence Benaïm vous offre le souffle de vieillesse qui va donner des ailes à vos jambes de plomb.

Saisissez la plume d’or qu’elle vous tend et laissez-vous conduire jusqu’aux verts pâturages où broutent ces galopins octogénaires, nonagénaires et presque centenaires qui en ont dans la culotte. Soyez toutefois avertis : “La vieillesse, ce n’est pas pour les mauviettes”, comme l’a dit à notre éclaireuse June Newton, la veuve du photographe qui, devant elle, à Berlin, chantait au-dessus du tombeau d’Helmut. En 2060, la France comptera cinq millions de plus de 85 ans contre un petit million aujourd’hui. Que Dieu fasse qu’ils ressemblent tous à ces trépidants affranchis qui, tels des papillons épinglés sous les doigts de notre chère entomologiste, battent des ailes comme jamais ! De René de Obaldia à Hubert de Givenchy, de Juliette Gréco à Pierre Cardin, de Claude Bessy à Michael Lonsdale, de Jacques Seyrès à Henri Dutilleux et bien d’autres, ces bienheureux qui ont la chance de ne plus avoir d’âge, sont “comme des torches allumées dans la nuit” qui montrent à Laurence Benaïm et à nous-mêmes le chemin dont on ne devrait jamais perdre la trace.

Bien au-delà du simple recueil de portraits ou du défilé de mode (l’auteur dirige le magazine du luxe Stiletto), ce livre lumineux, écrit d’une plume fluide, tout à la fois vrillante, tendre, enjouée ou émouvante, est un récit intime où elle-même et ses personnages font taire la mort en racontant la vie. A travers ces derniers, la petite fille du casquettier juif de Varsovie, émigré des années 20, a retrouvé les absents, ceux qui lui ont tout appris. “Au début, dit-elle, on croit que pour avancer, il ne faut jamais se retourner, mais un jour vient où le vent qui vous a poussé souffle dans tous les sens, les voiles claquent, il faut rentrer au port”. Faut-il préciser que Laurence, auteur de deux superbes biographies (“Marie Laure de Noailles“ et “Yves Saint Laurent“) n’est pas une “écrivaine” mais un écrivain ? Un vrai .

A lire : Le plus bel âge, de Laurence Benaïm, Grasset , 219 p.17E. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

Source : Service Littéraire, le journal des écrivains fait par des écrivains. Le mensuel fondé par François Cérésa décortique sans langue de bois l'actualité romanesque avec de prestigieux collaborateurs comme Jean Tulard, Christian Millau, Philippe Bilger, Éric Neuhoff, Frédéric Vitoux, Serge Lentz, François Bott, Bernard Morlino, Annick Geille, Emmanuelle de Boysson, Alain Malraux, Philippe Lacoche, Arnaud Le Guern, Stéphanie des Horts, etc . Pour vous y abonner, cliquez sur ce lien.

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