Une goutte de sang, un vaisseau de patrouille intergalactique, une rascasse à Manhattan et des balles jaunes : c’est l’actualité des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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Deep Space Tourbillon est une montre dont le mécanique central effectue une rotation sur trois axes, sous un dôme de verre saphir inspiré la station spatiale du XXIVe siècle qu’on admirait dans les séries Deep Space Nine de la saga Star Trek…
Deep Space Tourbillon est une montre dont le mécanique central effectue une rotation sur trois axes, sous un dôme de verre saphir inspiré la station spatiale du XXIVe siècle qu’on admirait dans les séries Deep Space Nine de la saga Star Trek…
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Et aussi un chrono militaire trop codé pour être honnête et une maison française en pleine convalescence…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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• ROLAND-GARROS: Une guerre du luxe sur terre battue…

Dans les grands tournois de tennis, derrière les échanges au filet, il y a une féroce compétition pour la conquête des poignets. Quels que soient les finalistes de ce week-end, les horlogers suisses seront sur le podium et la finale aura été chronométrée par la maison suisse Longines (Swatch Group). Si vous doutiez de cette réalité âprement marchande des coulisses du tennis, regardez la vidéo de Jo-Wilfried Tsonga qui en fait des tonnes pour mettre sa Rolex dans le champ de la caméra, histoire de nous rappeler qu’il fait partie de l’équipe Rolex (montage Canal +). Quasiment toutes les têtes de série du tournoi sont sous contrat horloger : Rafael Nadal avec Richard Mille, Novak Djokovic avec Audemars Piguet, Roger Federer et Jo-Wilfried Tsonga avec Rolex (qui compte bon nombre de champions dans son écurie), Andy Murray avec Rado, David Ferrer avec Bovet, Maria Sharapova avec TAG Heuer et bien d’autres, les marques suisses trustant même les anciennes gloires de la raquette (Ilie Nastase avec Hublot ou André Agassi avec Longines). Maintenant que vous le savez, observez bien le manège à la fin de la partie : à l’exception de Rafael Nadal, qui joue avec une montre ultra-légère en nanotubes de carbone spécialement conçue pour lui, la plupart des champions enfilent leur montre avant de monter sur le podium et pour se rendre à la conférence de presse. Les princes de la raquette sont devenus des grands professionnels du marketing, mais rien ne garantit que les consommateurs s’y retrouvent vraiment dans les poignets tarifés de ces « ambassadeurs »…

• LOTUS : Une goutte de sang dans un océan de perversité…

Lotus est une des marques du groupe hispano-suisse Festina : elle est plutôt ciblée sur les jeunes générations. Pour une opération séduction à l’occasion de la Fête des Pères, la marque lance une campagne télévisée multi-chaînes à laquelle vous ne pourrez pas échapper : c’est une chef-d’œuvre de vaudeville contemporain, sur le thème éternel de la dame et des deux messieurs, avec un requin dans le rôle de la fatalité antique, le tout dans les eaux cubaines. « L’heure du changement », nous affirme-t-on en conclusion. Le dénouement suggéré de cette saynette de trente secondes est immoral et cruel, mais, en son temps, Feydeau n’était guère plus recommandable. C’est en tout cas superbement réalisé, avec une belle maîtrise du récit : du coup, on aurait tendance à trouver les montres un peu moins épicées…

• ALPINA : Un chronographe au style militaire très codé…

Trois compteurs pour respecter la tradition, des poussoirs « champignon » pour la touche vintage, une grande date pour affirmer une note contemporaine, des indications contrastées, claires et lisibles même la nuit, un boîtier rond de 44 mm qui s’impose au poignet, une qualité Swiss Made vérifiable dans la manufacture de Genève et un mouvement électronique suisse  permet de contenir le prix sous les 800 euros : en période de Fête des Pères, ce chronographe Startimer Pilote Grande date l’arme idéale, surtout avec le bracelet en tissu qui complète l’encodage militaire de l’ensemble [au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, l’été sera aux bracelets en toile, si possible multicolores]. Même sans siège éjectable, c’est un chronographe de haut vol…

• SWATCH : Une plongée onirique dans les récifs urbains…

Des requins qui « flottent » dans l’air au-dessus d’une route comme dans des eaux tropicales, des raies manta qui volent dans la campagne comme de vulgaires palombes, une rascasse géante qui évolue entre les gratte-ciels, un chien qui aboie contre un poulpe niché dans un arbre, un métro dessiné comme le Nautilus du capitaine Nemo : pour la promotion de sa nouvelle collection Scuba Libre (montres de plongée amusantes et colorées), Swatch réenchante le quotidien des villes pour nous rappeler que ces montres sportives évoluent aussi bien dans les jungles urbaines qu’entre les récifs coralliens. Le film publicitaire est un des plus réussis de ces dernières années, dans une veine onirique et presque surréaliste de naïveté un peu zen : c’est aussi un message de sensibilisation environnementale. Plongeurs en eaux troubles, passez votre chemin…

• PÉQUIGNET :  La renaissance d’une tradition française…

La marque française se remet lentement d’erreurs managériales qui l’avaient poussée au naufrage avant une sauvetage in extremis. En pleine convalescence, Péquignet révise en le simplifiant ce Calibre Royal qui aurait pu lui être fatal. Avec beaucoup de réalisme, on a conservé la réserve de marche (à 8 h) et la petite seconde (à 4 h), ce qui redonne de l’élégance à un boîtier néo-classique de 44 mm, rebaptisé en toute simplicité Rue Royale. L’adjonction d’une grande date reste possible, le mouvement affichant 88 heures de réserve de marche. De la bonne et de la belle horlogerie française, qui bénéficie cependant de ce que le savoir-faire suisse propose de meilleur ( à partir de 3 800 euros, ce qui prouve là encore un retour à la lucidité de la nouvelle direction).

• VIANNEY HALTER : Une montre venue d’une lointaine galaxie…

Cet horloger (français) établi en Suisse est l’inspirateur secret de la plupart des créateurs de la nouvelle génération. Sans déserter son établi (les collectionneurs du monde entier lui commandent des pièces spéciales), il n’avait rien lancé depuis sept ans, au cours desquels il a remis en ordre sa vie, ses neurones et ses exigences créatives. De retour des confins de la galaxie, il nous présente cette semaine son Deep Space Tourbillon, qui est la montre qu’auraient utilisé les navigateurs du XVIIIe siècle s’ils n’avaient eu à la disposition les « chronomètres de marine » qui les aidaient à trouver leurs marques sur tous les océans. Pourquoi Deep Space ? Les fans de la série Star Trek auront identifié d’eux-mêmes la forme du vaisseau de patrouille aux frontières de l’ultra-monde Deep Space Nine. Le tourbillon – dispositif horloger destiné à compenser les irrégularités de la montre – est ici monté sur trois axes qui tournent en permanence à des vitesses différentes, sous un dôme spectaculaire qui fait de cette Deep Space un « ovni » horloger de référence. Les aiguilles ne passent pas par le centre, mais par la périphérie (sur l’image ci-dessous, il est 3 h ou 15 h 35). Trois dimensions, donc, plus une quatrième qui est celle du temps du passe, superbement mis en valeur sous cette coupole de verre saphir : c’est là que ce tourbillon – qui sera tout de même facturé dans les 180 000 euros – prend toute sa dimension philosophique. Derrière le « jouet de garçon », on discerne une sorte de vanité contemporaine, avec, à la place du crâne aux orbites grimaçantes, l’espace infini dans le rôle du néant où l’homme doit noyer ses ambitions…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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