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La vidéo surveillance telle qu’elle se déploie dans nos villes acquiert une nouvelle dimension avec des drones aux allures d’insectes.
La vidéo surveillance telle qu’elle se déploie dans nos villes acquiert une nouvelle dimension avec des drones aux allures d’insectes.
©Reuters

La minute "Tech"

Le sentiment d’insécurité alimente aux États-Unis une prolifération de petites entreprises à fort potentiel de croissance qui se sont spécialisées dans la mise au point d’outils de protection des citoyens.

Nathalie Joannes

Nathalie Joannes

Nathalie Joannès, 45 ans, formatrice en Informatique Pédagogique à l’Education Nationale : création de sites et blogs sous différentes plates formes ;  recherche de ressources libres autour de l’éducation ;  formation auprès de public d’adultes sur des logiciels, sites ;  élaboration de projets pédagogiques. Passionnée par la veille, les réseaux sociaux, les usages du web.

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Le recours méthodique à l’informatique pour lutter contre la délinquance a été inauguré par le maire de New York, Rudolf Giuliani, dans les années quatre-vingt-dix. L’inventeur de la « tolérance zéro » a doublé le nombre de policiers en six ans en y intégrant des membres des minorités ethniques; il a également équipé certaines patrouilles d’assistants numériques personnels ou PDA (les ancêtres des tablettes actuelles) qui étaient connectés à une base de données sur la délinquance.

Les utilisateurs devaient y signaler, à l’échelle des blocs d’immeubles dans chaque quartier, les menus incidents et les dégradations ainsi que la présence de mendiants. A un certain niveau de fréquence et de gravité, ces menus évènements désignaient un endroit précis comme « zone potentiellement criminogène ». Ce qui plaçait la police en alerte ciblée et, au premier petit délit, les interventions rapides et massives se succédaient jusqu’au retour à une situation normale. Le nombre de vols et d’agressions a été divisé par trois en quelques années.

La méthode a été reprise par de nombreuses grandes villes américaines. A la Nouvelle Orléans, une carte de la criminalité est actualisée en permanence par les policiers mais aussi par les habitants de certains quartiers. Ce sont eux qui signalent l’apparition de nouvelles bandes. La police vérifie, surveille et lance une opération de commando dès que le gang entreprend de s’affirmer sur ce territoire. Depuis ces débuts de l’informatique, la panoplie sécuritaire s’est déployée et diversifiée.

Les battements de cœur des clandestins

Les notions d’immigration et d’insécurité étant quasiment un truisme pour une partie de la population américaine, il n’y a rien d’étonnant à ce que le premier ustensile préventif proposé par l’industrie sécuritaire soit un détecteur de battements de cœur. Avec des capteurs géophoniques très sensibles - ils servent à enregistrer les activités telluriques les plus infimes – capteurs  reliés à un logiciel dédié, la police ainsi que les milices affectées à la surveillance des états du Sud Ouest sont en mesure de vérifier si un camion transporte, ou non, des clandestins.

Les fréquences anti-jeunes

Jeunesse et nuisances constituent un autre truisme dans certains quartiers résidentiels des vastes banlieues. Au lieu de sortir d’emblée son Browning GP-MK III chargé au 9 mm  Parabellum ou, s’il  est vraiment excédé, sa Winchester Ram-Line .30-M1 avec un chargeur de 30 cartouches, le retraité de Floride peut se contenter de brancher un Mosquito MK4. L’émetteur diffuse à 108 décibels une fréquence sonore de 17KHz que seuls les moins de 25 ans peuvent entendre. La fréquence devient vite insupportable. C’est, dit le mode d’emploi, « l'outil le plus efficace pour disperser sans confrontation des groupes d'adolescents qui déambulent et se comportent d'une manière antisociale ». En France, le Mosquito s’appelle Beethoven.

Insultes et empreintes vocales

Et si, avant de devenir sourd pour un bon moment, un adolescent mal élevé profère des insultes, voire des menaces de mort, en s’enfuyant au sein d’une meute en quête de boules Quiès, pas de problème, le système Authentify de biométrie vocale saura identifier l’auteur des gros mots. Le logiciel enregistre et analyse les fréquences émises par les brailleurs pour en établir une identité irrécusable. Laquelle sera transmise pour confrontation vers une base de données policière. Ce qui évite la gifle et ses conséquences.

Quand la dissuasion individuelle ne suffit plus, la police entre en scène. Elle peut, comme à Fort Lauderdale (Floride), parcourir les zones pavillonnaires à bord d’un engin blindé tout à fait impressionnant. Cet énorme parallélépipède roulant filme en permanence les rues qu’il parcourt. Sur ses flancs s’inscrit en grosses lettres rouges cet avertissement aux mauvais garçons : « Attention ! Vous êtes sous vidéo surveillance ». L’engin s’appelle « Peace Maker ».

La police surveille en survolant

La vidéo surveillance telle qu’elle se déploie dans nos villes acquiert une nouvelle dimension avec des drones aux allures d’insectes. Ces objets volants téléguidés n’ont rien à voir avec les engins militaires qui sillonnent les cieux afghans et pakistanais. Ceux des policiers ne sont pas bourrés de charges explosives. Ils se contentent de filmer d’en haut, sous tous les angles. Le plus perfectionné transmet ce qu’il voit à un ordinateur portable équipé de cartes électroniques et relié à des bases de données.

Poursuite assistée par GPS

Si un drone policier repère un véhicule suspect, son utilisateur peut alerter un collègue dont la voiture est équipée d’un propulseur à air comprimé un peu particulier. Il suffit que la patrouille réussisse à s’approcher à quelques dizaines de mètres des fuyards. Discrètement installé à l’avant de la voiture des représentants de la loi, le canon à air comprimé expédie une capsule contenant un tout petit émetteur d’ondes radio. La capsule se colle à l’arrière du véhicule qui refuse de s’arrêter. Les fuyards ne savent pas qu’ils sont alors suivis par GPS. Les policiers observent leur cavale en regardant le petit point bleu qui se déplace sur leur écran.

Capteurs et scanners à tous les coins de rue

La cartographie, encore elle, fait merveille dans la détection de tirs aux armes à feu. Dans certains quartiers, ces bruits font partie de la bande son de tous les jours. Au point que les habitants n’appellent même plus la police quand des détonations retentissent au pied de leur immeuble. Ces quartiers étant connus, les municipalités y installent des capteurs sonores. Dès qu’un pistolero tire en l’air ou sur un confrère, une alerte surgit sur l’ordinateur portable des patrouilleurs. En se rendant sur place, ils savent déjà à quoi ils peuvent s’attendre dans la hiérarchie des faits divers.

Sans attendre qu’un vilain personnage dégaine, les policiers de New York sont en train de tester un scanner portatif capable de voir si les gens qui déambulent dans les rues portent une arme à feu que leurs vêtements rendent invisible. Inutile de préciser que cette approche très préventive du crime potentiel émeut les associations de défense des droits de la personne.

Enfin – et c’est encore un outil dérivé des technologies militaires expérimentées en Irak et en Afghanistan – un  petit robot éclaireur « tous terrains » peut aller inspecter des endroits susceptibles d’abriter des terroristes ou des explosifs, ou les deux à la fois.

Si avec tout çà le « ressenti » d’insécurité ne diminue pas, c’est à désespérer de la créativité. Laquelle reste, comme chacun sait, la fille préférée de la paranoïa.

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