Syrie : quand l'angoisse des civils transpire sur la toile <!-- --> | Atlantico.fr
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Une mère syrienne et son enfant.
Une mère syrienne et son enfant.
©Reuters

Revue de blogs

Durant les débats militaires et diplomatiques qui se tissent autour d'éventuelles frappes punitives sur la Syrie, les internautes du Liban, d'Egypte et les Syriens se sentent toujours plus prisonniers de décisions prises très loin d'eux mais qui les menacent directement.

C'est principalement sur Facebook que les Syriens ou les internautes des pays limitrophes échangent leurs doutes ou leur parti-pris, avec beaucoup d'angoisse pour leurs proches et parfois pour leur propre vie.


Le logo Massacre à l'arme chimique que beaucoup de syrien utilise comme photo de profil Facebook et Twitter


Reem, qui se trouve en Syrie ou y était très récemment, a publié ses doutes sur son statut Facebook :

"Ecoutez, je suis très partagée à propos de l'intervention des Etats Unis. Vu le passé des USA dans cette zone, l'idée qu'ils interviennent me terrifie. Mais en meme temps, je comprends. Le régime syrien est hors de contrôle et n'a ni moral ni limites éthiques. Trop de vies ont été perdues, par les moyens les plus haineux, et le pays est au bord de l'effondrement total. Il y a quelque chose à dire, quand des Syriens qui sont en Syrie en appellent aux Etats Unis pour intervenir

Ce que je ne saisis pas, c'est pourquoi il y a des gens qui sont plus choqués par les frappes militaires américaines que par les 100 000  morts et plus du régime syrien. Surtout des civils. Ou par le déplacement de dix pour cent de sa population. Ou par les un million de réfugiés qui vivent dans le dénuement dans les pays voisins (sur un total de deux millions de réfugiés). Encore une fois, dix pour cent du pays. Ou par les  200,000 prisonniers politiques. Ou par la torture et les attaques à l'arme chimique du régime, bien documentées. Ou par la destruction de l'économie et des villes syriennes. Ou par le soutien militaire et financier de la Russie et de l'Iran au régime.

L'Irak est différent de la Syrie, c'est un fait. Et les USA ont sans doute des motifs ultérieur, encore un autre fait. Je ne me moque pas des dangers d'une intervention des USA mais ne me demandez pas d’être plus outrée par les frappes prévues par les USA que par les deux ans et demi d'horreurs que les Syriens ont traversé, par la faute du régime syrien et de la guerre contre son propre peuple. Et surtout, ne me demandez pas de venir à une manifestation de soutien au gouvernement syrien contre l'intervention américaine."



Human Province, le blog d'un universitaire qui vit au Liban, craint les répercussions déjà visibles au Liban, constellé d'attentats. L'universitaire a écrit une lettre ouverte qui a beaucoup été partagée. Il est contre ces frappes, mais il en a assez que le débat deviennent une arène pro et anti américains.

"Laissez moi préciser quelques petites chose. Outre mettre en danger les vies de ma famille, les attaques punitives prévues qui sont sans doute inévitables n'arrangeront probablement rien sur le terrain et pourrait rendre les choses pires, et c'est pour cela que je suis contre. Mon opinion sur l’intervention américaine en général dans ce conflit en particulier (...) est que l'on ne peut faire confiance aux Etats Unis pour agir pour autre chose que ce que je vois comme ses intérêt (...) ,et souvent avec une compréhension hélas très courte de ces intérêts, en plus. Alors, non, Washington ne se préoccupe pas vraiment de ces enfants tués la semaine dernière dans des attaques à l'arme chimique, et il ne se préoccupaient pas des Iraniens ou des Kurdes tés dans de précédentes attaques chimiques. Par conséquent, mon sentiment est qu'une realpolitik de Washington vicieuse, et vicieusement à courte vie, produire probablement rien de mieux que de permettre à ses ennemis de se battre sans fin en Syrie, et de faire du pays une terre brûlée en le faisant. Mais s'il vous plait, ne laissez pas le conflit en Syrie être à propos de l'opposition à l'Amérique. Qu'il soit à propos de la Syrie, et de ce qui pourrait vraiment aider les Syriens, vous savez, les gens qui existent vraiment et qui meurent par dizaines de milliers dans cette guerre brutale. Et si vous ne pouvez pas faire ça, alors, faites moi le plaisir de vous taire."

Amin Os, sur Facebook, exprime l'impuissance désespérée devant l'embrasement généralisé d'un conflit sans fond en Syrie .

"Je sais que dans de pareilles situations, on a besoin de force et non de faiblesses. Je sais que notre avenir est pris en otage par des fous qui s'acharnent pour contrôler la région. Je sais que la seule issue est de résister à cette attaque généralisée de ceux qui oppriment leurs peuples et veulent nous asservir aussi. Je sais que nos peuples doivent rester solides.

Mais je sais aussi que des hommes, des femmes et des enfants sont pris en otage, je sais que mon peuple au Liban a perdu près d'une centaine de ses enfants en un mois, je sais que mon peuple en Egypte a perdu près d'un millier de ses enfants en une journée, je sais que, rien que pendant le mois d’août, mon peuple en Irak a vu 1150 de ses enfants se faire déchiqueter par des voitures piégées qui explosaient dans ses rues, je sais que mon peuple en Syrie n'arrive plus à compter ses morts.. Et je sais aussi que ceci me déchire. Croyants ou pas, joignez vous à nous... une prière pour les nôtres."

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