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Scoop du "Point" : qui a intérêt à tuer le "président" Copé ?, Municipales : la béré, la béré, la bérézina ?
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Revue de presse des hebdos

Mais aussi pourquoi l’évolution — les bouleversements — que connaît la famille ne sont pas une menace pour la société… Intéressante et passablement carabinée, la semaine !

Barbara Lambert

Barbara Lambert

Barbara Lambert a goûté à l'édition et enseigné la littérature anglaise et américaine avant de devenir journaliste à "Livres Hebdo". Elle est aujourd'hui responsable des rubriques société/idées d'Atlantico.fr.

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Le "scoop" du “ Point ” méritait-il un embargo jusqu’à ce jeudi matin ? Les révélations du mag sur ce qu’il appelle “ l’affaire Copé ” sont hénaurmes, c’est sûr. Elles sont en même temps un peu grosses, comme on le dit d’une ficelle… parce que, même si on n’a aucune sympathie particulière pour le patron de l’UMP, cette une “ explosive ” et à charge pose au fond et assez essentiellement cette question : qui a intérêt à “ tuer ” le “ président ” Copé ? A la question de savoir pourquoi ce dossier sort dans “ Le Point ” en particulier, là, par contre, on a une petite idée… Bé ouais.

Pourquoi le scoop sort dans “ Le Point ” en particulier

C’est qu’on a de la mémoire (heu… entre nous, mais ne le répétez pas, ça dépend pour quoi…) ! Souvenez-vous : c’était le 14 novembre 2013. Dans “ Le Point ” (voir la RP du même jour), Franz-Olivier Giesbert appelait carrément au “ retrait ” de Jean-François Copé de l’UMP : “ M. Copé a une responsabilité historique, écrivait alors le journaliste : après avoir perdu l’élection interne de son parti, il n’a pas hésité à en accaparer la présidence qu’il avait pourtant perdue, certes de peu, mais bel et bien perdue. Du Mobutu pur sucre. N’ayant ni le crédit ni la légitimité pour mener l’opposition, il est en train d’étouffer son mouvement avec une stratégie de Machiavel de tripot. (…) S’il avait le sens du sacrifice et de l’intérêt national, M. Copé laisserait rapidement la place à une équipe neuve et ouverte pour sortir par le haut des querelles de personnes et tenter de construire une alternative à la gauche ”. Visiblement remonté contre ce “ Mobutu ”, ce “ Machiavel de tripot ”, “ Le Point ” a-t-il considéré “ faire œuvre de salut public ” en balançant ses révélations sur Jean-François Copé ? A-t-il voulu “ aider ” celui ou ceux qui ont intérêt à “ faire le ménage ” au sein de la très faiblarde UMP ?

Bygmalion, la “ machine de guerre conçue pour accompagner Copé dans sa prise de contrôle de l’UMP ”

Mais venons-en au scoop, proprement dit, et à ces brûlantes révélations. Tout part de la société Bygmalion, créée par Bastien Millot, “ le spin doctor de Jean-François Copé ”, nous dit “ Le Point ”. “ Sur le papier, indique le mag, Bygmalion est une simple agence de communication. Mais derrière l’inoffensive PME qui donne dans la formation, l’événementiel et la conception de sites Internet se cache une puissante machine de guerre conçue par deux proches de Copé pour le servir ”. Bastien Millot, donc, mais aussi “ Guy Alves, un intime du maire de Meaux ”. “ Véritable boîte noire à l’actionnariat aussi opaque que ses comptes, l’énigmatique start-up va accompagner Jean-François Copé dans sa prise de contrôle de l’UMP, affirme le mag. Et ce tout en profitant de la cassette du parti. Entre 2010 et 2012, alors que les finances de l’UMP sombrent dans le rouge, passant d’un solde positif de 4,5 millions à un déficit abyssal de 40 millions d’euros, la petite boîte de com’ connaît, elle, une croissance fulgurante. Un envol “ sponsorisé ” qui fait jaser dans les rangs de l’UMP ”.

8 millions d’euros empochés durant la campagne de 2012

Edition de plaquettes, organisation des “ opérations de com’ du parti… “ Quand démarre la course à l’Elysée en février 2012, poursuit l’hebdomadaire, l’incontournable agence des “ Copé Boys ” va naturellement croquer dans le gâteau du budget de campagne. Une grosse part, puisqu’il s’agit d’organiser les meetings du candidat Sarkozy ”. Selon le journal, une filiale de Bygmalion aurait été créée à cet effet : Events & Cie. “ D’après les informations du “ Point ”, reprend le mag, Events & Cie aurait empoché au moins 8 millions d’euros durant la campagne de 2012. Nicolas Sarkozy a beau avoir la réputation de ne pas lésiner sur ses shows, le chiffre est impressionnant. (…) Les professionnels auxquels nous avons présenté les bordereaux d’Events trouvent la note salée, estimant le surcoût à environ 20 %. (…) Mais l’essentiel est ailleurs ”. Ah ? Où ça ?

La manip’ à l’origine de l’invalidation des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy

“ L’astuce, explique “ Le Point ”, consiste à profiter des ambiguïtés de la loi qui permet de faire supporter par le parti certains frais de campagne. A condition de ne pas pousser le bouchon trop loin. Sur les fameux 8 millions d’euros facturés par Events lors de la course à l’Elysée, 5 auraient été pris en charge par l’UMP et 3 seulement par le président-candidat ”. D’après Jérôme Lavrilleux, l’actuel directeur de cabinet de Jean-François Copé, interrogé par l’hebdo, “ “ tout cela est encadré par la loi. Sur n’importe quel meeting, les frais qui relèvent de la vie courante du parti incombent à ce dernier. Le candidat, par contre, est tenu de régler les dépenses liées à la conquête de nouveaux électeurs ”. La commission a, elle, jugé que Nicolas Sarkozy avait un peu trop tiré sur les cordons de la bourse en faisant supporter à l’UMP jusqu’à 70 % des dépenses de meetings, commente le news. Un dépassement du plafond autorisé qui a valu à l’ancien président de se faire taper sur les doigts, avec en prime une invalidation de ses comptes de campagne ”.

Mais où est donc passé l’argent ?

“ Malgré le succès du “ Sarkothon ”, Copé se retrouve aujourd’hui avec une dette record de 96 millions d’euros sur les bras, reprend “ Le Point ”. Combien ont pesé dans ce naufrage financier les contrats signés avec ses deux amis ? ”. Question subsidiaire — et même si “ Le Point ”, dans sa longue enquête, en soulève beaucoup d’autres… — où sont passés les millions ? C’est vrai, ça, quoi… D’après Emmanuel Limido, patron du fonds d’investissement Centuria (sur lequel le mag fait aussi un certain nombre de révélations) et investisseur de Bygmalion, le “ montage financier ” de cette société “ ne lui aurait à ce jour pas rapporté le moindre euro. Si les actionnaires n’ont pas touché un centime sur les mirifiques contrats de Bygmalion, comme l’affirme le patron de Centuria, s’interroge “ Le Point ”, où est donc passé l’argent ? ” Ben oui, où ? Houloulou…

Remaniement : la délicate question du casting pour Matignon

Et côté majorité, quelles nouvelles ? En sait-on plus sur ce remaniement imminent dont on nous parle en boucle depuis quinze jours ? D’après “ Challenges ”, le casting pour Matignon est “ délicat. Que (le président) nomme Manuel Valls ou Michel Sapin pour conforter son “ accélération ” sociale-démocrate, et une partie de sa majorité se sentira délaissée. Très populaire au PS, Martine Aubry serait l’incarnation idéale d’une gauche plus humaniste, mais personne n’imagine que le chef de l’Etat donne les clés de la Rue de Varenne à son ex-rivale. C’est pour cette raison que Claude Bartolone s’est positionné en ersatz d’Aubry ”. Ah oui ?

Bartolone pour remplacer Ayrault ?

“ (Claude Bartolone) est persuadé d’être la solution, poursuit l’hebdo (comme d’ailleurs “ Le Point ” qui consacre quatre pages au président de l’Assemblée). Proche des entreprises, comme il l’a prouvé en Seine-Saint-Denis. Et proche des élus, qu’il cornaque régulièrement. L’homme rêvé pour faire le grand écart. Aucun des candidats n’ayant le profil idéal (Valls peut devenir un concurrent, Sapin est un clone du président, Le Drian, encore pire…), il y croit. “ Il n’a pas d’image, il n’existe pas, s’étrangle un député proche de Jean-Marc Ayrault. Et puis, une chose est sûre, Laurent Fabius n’est pas candidat, mais il fera tout pour empêcher Bartolone de prendre Matignon ! ” Les deux hommes, qui ont été très proches pendant vingt-cinq ans, sont en effet brouillés depuis 2010 ”. A quoi ça tient…

Le “ sondage exclusif ” de “ Valeurs actuelles ” sur les intentions de vote aux municipales

Mais quittons ces petits jeux de placement et de positionnement et revenons à ce qui fonde cette subite — et urgente — envie de remanier. On veut parler, bien sûr, de la défiance des Français à l’égard du gouvernement à la veille des élections municipales. “ Avis de gros temps pour Hollande, tonne, sabre au clair, “ Valeurs actuelles ”, qui publie cette semaine un “ sondage exclusif ” sur les intentions de vote des Français à la veille du scrutin. Alors qu’à un mois des élections municipales de 2008 — qui s’étaient soldées par une bérézina pour la droite —, les Français étaient 26 % à vouloir sanctionner l’ancienne majorité, ils sont aujourd’hui encore plus nombreux (28 %) à vouloir en faire de même contre la gauche. (…) Le vent de panique qui secoue le PS est donc clairement justifié ”.

Qui, de l’UMP ou du Front national, capitalisera le plus sur le rejet anti-PS ?

Concernant les électeurs de droite, “ “ 52 % des sympathisants UMP et 55 % de ceux du Front national placent le vote-sanction contre l’exécutif au premier rang de leurs motivations ”, décrypte pour le journal Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’Ifop. Mais “ il reste une inconnue : qui, de l’UMP ou du Front national, capitalisera le plus sur le rejet anti-PS ? Une indication : c’est au sein des deux tranches d’âge les plus favorables au FN (18-24 ans et 35-49 ans) que le souhait de vote sanction est le plus important. Devant les plus de 65 ans, votant, eux, majoritairement UMP ”… Assez tourneboulant, cette histoire…

A droite comme à gauche, on se déterminera majoritairement, à 62 %, en fonction de “ considérations locales ”

Mais quid des intentions de vote des électeurs de gauche ? D’après “ VA ”, “ le duo Hollande-Ayrault ne peut même pas compter sur ses propres troupes : “ Seulement un tiers (34 %) des sympathisants socialistes disent vouloir voter pour soutenir la politique du chef de l’Etat et du gouvernement, relève Jérôme Fourquet (…), contre près de six sur dix (57 %) qui ne se prononceront qu’en fonction des considérations locales et même 9 % qui souhaitent sanctionner le pouvoir en place ”. Résumons : 34 % des électeurs de gauche sont en faveur du gouvernement, 9 % sont contre et 57 % se détermineront en fonction de “ considérations locales ”. Ce n’est certes pas brillant, mais est-ce pour autant la bérézina ? N’est-il pas normal, voire rassurant, que, dans le cadre d’élections municipales, une majorité d’électeurs fassent leur choix en fonction de “ considérations locales ” ? Cette détermination en fonction du “ local ” n’est d’ailleurs pas propre aux électeurs de gauche. Comme l’indique, très rapidement, l’hebdomadaire, “ 62 % (des électeurs) gauche et droite confondues, continuent à privilégier les “ considérations locales ” ”. Cela ne rend pas plus confortable la position du gouvernement… mais cela ne demeure pas moins un élément important dans l’analyse et le décryptage des intentions de vote à la veille du scrutin de mars. Un élément que “ Valeurs actuelles ”, bizarrement, ne met pas en avant…

Le classement des “ meilleurs maires de France ”, ou la preuve de la distinction entre le local et le national

Hasard ? Drôle de coïncidence ? “ L’Express ” publie ce jeudi, non pas un “ sondage exclusif ” sur les intentions de vote des Français aux municipales, mais… un classement des “ meilleurs maires de France ”. Des “ meilleurs maires ”, oui, oui… Arrivent en tête Alain Juppé (Bordeaux), Gérard Collomb (Lyon) et Martine Aubry (Lille). Fait frappant : dans son classement, le journal ne fait pas apparaître la couleur politique des maires listés. A bon droit, sans doute, puisque, tout compte fait, on trouve grosso modo autant de bons —et de mauvais — maires à droite qu’à gauche… Là n’est pas, en fait, la question. Car ce que ce classement fait clairement ressortir — c’est bien là son intérêt —, c’est la distinction entre le local et le national…

“ Un excellent élu local ne fait pas forcément un homme d’Etat — et réciproquement ”

“ Alain Juppé a redonné à Bordeaux la vigueur et le rayonnement que la capitale aquitaine avait perdus dans les dernières années du règne de Jacques Chaban-Delmas, commence “ L’Express ”. Lyon a retrouvé, avec Raymond Barre puis Gérard Collomb, un dynamisme impressionnant, qui contraste avec la morosité de Marseille, abîmée par la gestion clientéliste et sans vision de ses dirigeants successifs. Lille, au cœur d’une région industriellement sinistrée, n’aurait pas réussi son redressement sans l’action résolue de Pierre Mauroy, que prolonge aujourd’hui Martine Aubry. Nantes, sous la houlette de Jean-Marc Ayrault, a connu une renaissance spectaculaire, qui contraste étrangement avec les difficultés du Premier ministre à Paris. Ce qui montre, au passage, qu’un excellent élu local ne fait pas forcément un homme d’Etat — et réciproquement ”. Vous la voyez, là, la distinction entre le local et le national ?

“ Désormais, c’est dans les grandes villes que se décide le destin de notre économie ”

Mais il y a plus que ça. Il pourrait bien, en effet, y avoir, à terme, dans une certaine mesure, primauté du local sur le national… “ C’est un chiffre peu connu et qui, pourtant, dit tout, indique le mag : en France, 60 % du PIB provient d’une douzaine de métropoles seulement. Recherche, enseignement supérieur, innovation : désormais, c’est dans les grandes villes que se décide le destin de notre économie. Comme si, après un XIXe et un XXe siècles dominés par les Etats-Nations, la France s’apprêtait à être pilotée par des cités-territoires. (…) Quand on a compris cela, on observe les prochaines élections municipales d’un autre œil. Au-delà des 36 000 affrontements qui se dessinent, au-delà de leurs conséquences pour le pouvoir en place, elles masquent un enjeu majeur : la capacité — ou non — des Français à se doter d’élus visionnaires, susceptibles de jouer gagnant dans une bataille urbaine désormais étendue à la planète entière ”. Comme le dit “ L’Express ” en conclusion : “ Autant s’en souvenir au moment de glisser son bulletin dans l’urne ”…

Quand Barjot, Bourges, Boutin et Belghoul oublient que “ toute l’histoire de l’humanité fut une avancée culturelle contre l’ordre naturel ”

Mais abordons des questions plus sociétales… et à la plus brûlante en date, on veut parler, bien sûr, de la famille. Au lendemain de la mort d’Antoinette Fouque, cofondatrice du MLF, Serge Kaganski s’interroge dans “ Les Inrocks ” : “ Où sont les femmes ? “ (Germaine) Tillion, (Geneviève) de Gaulle-Anthonioz, (Antoinette) Fouque ont quitté un monde et une époque où certaines femmes mènent des combats opposés aux leurs, écrit-il. De Béatrice Bourges à Frigide Barjot, de Marie-Christine Boutin à Farida Belghoul, elles veulent préserver l’ordre “ naturel ” de la famille hétéronormée, oubliant que toute l’histoire de l’humanité et des civilisations fut une avancée culturelle contre le naturel. La roue, l’imprimerie, l’électricité, internet, les révolutions, les lois, l’égalité en droit de l’homme et de la femme, la dignité pour tous, les bricoles héritées des Lumières n’ont rien de naturelles ”.

54 % des catholiques sont pour le droit au mariage homosexuel

“ Les cheftaines de la réaction actuelle, poursuit-il, sont les (in)dignes héritières de celles et ceux qui furent contre le droit de vote des femmes, contre la pilule, contre l’avortement. Si l’extrémisme conservateur l’avait toujours emporté, on vivrait encore dans les cavernes, les hommes à la chasse, les femmes à la grotte, selon l’ordre “ naturel ” qui a prévalu pendant des millénaires. Heureusement, rien n’est perdu : selon un sondage BVA publié dans “ Le Parisien ”, 54 % des catholiques sont pour le droit au mariage homosexuel, 42 % pour le droit à l’adoption, 30 % pour la PMA, 92 % pour la capote… Les ouailles sont en avance sur le Vatican et sur la bruyante minorité manifestante ”. Ce n’était peut-être pas inutile de le rappeler…

“ Les structures de la parenté sont multiples et n’ont cessé de se métamorphoser à travers les siècles ”

Mais “ Les Inrocks ” ne sont pas les seuls, cette semaine, à se pencher sur le dossier famille. “ Télérama ” le fait aussi, et en couverture, s’il vous plaît. Si, comme le dit Serge Kaganski, il est nécessaire d’aller contre “ l’ordre naturel ” pour avancer, il n’est pas inutile, nous rappelle le mag, de nous pencher sur les travaux des anthropologues spécialistes de la famille. “ Si chacun est libre de préférer un modèle familial à un autre, souligne “ Télérama ”,proclamer que ce modèle est le seul juste, et le seul vrai — à l’exclusion de tous les autres —, c’est insulter près d’un siècle d’anthropologie. Oui, un père, une mère, cela a du bon. Mais pas toujours. Pas partout (…). Et, surtout, pas seulement. Peut-on ignorer sans malice ce que des centaines d’anthropologues montrent depuis des lustres : que les structures de la parenté sont multiples et n’ont cessé de se métamorphoser à travers les siècles, les rencontres et les territoires ? ” Et on peut avoir une tite démo de tout ça ? Oui, da ! Et pas plus tard que tout de suite, là.

La religion chrétienne à l’origine du modèle de la famille traditionnelle

Histoire d’illustrer et de prouver son point, “ Télérama ” est allé interviewer le très estimé anthropologue Maurice Godelier. “ En Europe, explique-t-il, la famille “ nucléaire ” — structurée autour d’un homme, une femme et des enfants, contrairement au système “ polyandre ” (une femme et plusieurs maris), ou “ polygame ” (un mari et plusieurs femmes) — apparaît et se généralise à la fin de la république romaine. Elle durera deux millénaires ! Parce que le modèle a été “ encapsulé ” par le christianisme. S’il n’y avait pas eu la religion chrétienne pour faire de l’union d’un homme et une femme devant Dieu son modèle, cette structure en aurait cotoyé d’autres ”. Hé bé, en voilà un enseignement qui mérite réflexion…

Quand le mariage d’amour vient bousculer le modèle familial traditionnel

“ L’apparition d’une société individualiste, depuis deux siècles, et la séparation de l’Etat et des religions ont profondément modifié le paysage, poursuit Maurice Godelier. Le choix du partenaire se dissocie peu à peu des stratégies d’alliance qui avaient dominé : le voilà soudain lié à l’amour ! Et ça le rend volatil : les anciennes structures, rigides, deviennent flexibles”. 

L’homoparentalité, résultat d’un triple mouvement

—“ Comment l’homoparentalité s’inscrit-elle dans cette évolution ? ” lui demande “ Télérama ”. —“ Comme le résultat d’un triple mouvement, répond l’anthropologue. Le siècle des Lumières distribue de nouveaux droits aux minorités. Bien plus tard, dans les années 1930, la médecine dépathologise l’homosexualité et les psychologues la retirent du tableau des perversions. Enfin, la primatologie annonce que les animaux les plus proches de nous — les bonobos et les chimpanzés, 97 % de gênes communs avec l’homme — sont bisexuels. Si l’hétérosexualité a clairement pris le pas sur l’homosexualité dans la nature, dans certaines espèces, les deux sexualités coexistent naturellement. Quand on intègre ces trois mouvements, on s’étonne moins que les homosexuels, leur sexualité étant reconnue comme normale, finissent par assumer, comme les autres, leur désir d’enfant ”.

“ La famille ne constitue pas le véritable fondement de la société ”

—“ Reste qu’entre les observations et les convictions intimes, le fossé paraît parfois infranchissable… ” observe “ Télérama ”. —“ Dans ce débat, temporise Maurice Godelier, il faut garder en tête deux principes fondamentaux. Se souvenir d’abord que la sexualité est asociale (ce n’est pas la société qui détermine notre sexualité profonde), mais qu’elle est toujours subordonnée à des rapports sociaux, politiques ou religieux qui tentent de la réguler. Et comprendre que si la famille est essentielle à la construction de l’individu dans les premières étapes de sa vie, nulle part, que ce soit chez les “ primitifs ” sans Etat ou dans nos sociétés avec Etat, cette même famille ne constitue le véritable fondement de la société. Ce ne sont pas les relations de parenté qui font société à l’intérieur d’un groupe humain, mais les rapports politico-religieux.Oui, la famille évolue — et, non, la société ne fout pas le camp pour autant ! ” Ah, ça ouvre un peu l’horizon, non ? Sur ce, bonne semaine, les goulus de l’info !

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