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Sarkozy : la tribune-surprise, Européennes : pourquoi l’euroscepticisme est une réaction rationnelle, Polémique "Marseillaise" : et si notre hymne national était empoisonné depuis le départ ?
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Revue de presse des hebdos

Mais aussi l’UMP “ assise sur une bombe financière ”, le sondage de “ Valeurs actuelles ” sur le vote des… abstentionnistes, le débat Marine Le Pen/Pascal Lamy sur l’euro, et, et, et… Richard Attias, “ influenceur mondial ” mais surtout en Afrique… Chaude bouillante, la RP des hebdos !

Barbara Lambert

Barbara Lambert

Barbara Lambert a goûté à l'édition et enseigné la littérature anglaise et américaine avant de devenir journaliste à "Livres Hebdo". Elle est aujourd'hui responsable des rubriques société/idées d'Atlantico.fr.

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A trois jours des élections européennes, Nicolas Sarkozy a, comme qui dirait, bien choisi son moment pour publier une longue tribune sur l’Europe. “ Une déclaration d’amour vigilante, exigeante et lucide ”, nous dit “ Le Point ” sous embargo jusqu’à ce jeudi matin. Que faut-il en retenir ?

L’Union contre la guerre

L’ancien président le dit d’emblée : “ D’aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours senti viscéralement français ”. Mais de préciser aussitôt : “ Je sais maintenant que l’on n’est pas seulement d’un pays, que l’on appartient tout autant à un continent. La France et l’Europe sont indissociables géographiquement, historiquement, culturellement et maintenant politiquement ”. Est-ce pour mieux convaincre le lecteur du bien-fondé de cette “ indissociabilité ” de la France et de l’Europe ? Nicolas Sarkozy brandit alors le spectre de la guerre : “ Notre continent a été, de tous les endroits de la planète, le lieu où l’on s’est le plus détesté, affronté, détruit, entre-tué. Nous n’avons réussi à tourner la page de ces siècles d’affrontements entre peuples européens que depuis la création de l’Union européenne ! Soit moins de soixante ans (…) A ce seul titre, l’Union européenne devrait être saluée et soutenue de façon vibrante. Je n’ai hélas aucun doute que, si l’Union européenne volait en éclats, les haines séculaires comme les conflits d’intérêts resurgiraient avec une violence redoublée. Je le dis comme je le pense : vouloir la destruction de l’Europe, c’est mettre en péril la paix sur le continent européen ”. Ca, c’est pour Marine — et pour Jean-Luc, aussi…

Quand Nicolas Sarkozy défend l’identité de la France — et Alain Finkielkraut

Le climat étant installé, Nicolas Sarkozy embraye sur la nécessité de “ profondément refonder notre politique européenne. C’est une évidence que nul individu de bonne foi ne devrait pouvoir contester ”, dit-il. Son programme de “ refondation ” — car il s’agit bel et bien d’un programme… — est en cinq points. “ Il y a d’abord, commence-t-il, la grande question de la personnalité de notre pays, de l’âme de la France, de son identité si forte et si particulière. Que l’on ait pu si violemment s’opposer à la candidature à l’Académie française d’un de nos plus brillants intellectuels au seul motif qu’il y avait dans le titre de son dernier ouvrage le mot identité est d’une bêtise à pleurer. C’est tout simplement consternant. Et j’affirme que ce n’est pas un paradoxe que de plaider tout à la fois pour l’Europe et pour la défense de notre identité, c’est-à-dire de la spécificité de notre modèle. (…) la France a des choses à dire, un message à incarner. L’Europe ne lui demande en rien d’y renoncer. Au contraire, si nous perdons notre identité, qu’aurons-nous à partager avec les autres ? Nous devons être européens et français ! ”

Créer “ une grande zone économique franco-allemande ”

Deuxième point : “ la question allemande ”. “ La question n’est pas de choisir d’imiter l’Allemagne ou au contraire de la critiquer alors qu’elle réussit en bien des domaines mieux que nous. La seule chose importante est d’organiser les relations avec notre grand voisin de la façon la plus profitable pour eux et pour nous. Aussi, je plaide clairement pour la création d’une grande zone économique franco-allemande cohérente et stable au cœur de la zone euro qui nous permettra d’abord de mieux défendre nos intérêts face à la concurrence allemande en gommant nos handicaps fiscaux et sociaux et qui nous permettra ensuite de prendre le leadership des dix-huit pays qui composent notre union monétaire ”.

Un Schengen II pour limiter les flux migratoires

Vient ensuite un chapitre plus délicat… “ Il y a aussi, écrit Sarkozy, la question essentielle des flux migratoires et la nécessité de préserver la liberté de circulation, qui est un progrès incontestable pour tous. Que chacun ait le droit de circuler librement en Europe est une chance. (…) Cela posé, on ne peut continuer à refuser d’affronter calmement, sereinement, la question de la politique migratoire européenne. Nous sommes ici devant un échec sans appel. (…) Nous ne pouvons plus continuer ainsi à faire semblant de croire qu’il est encore possible d’accueillir tous ceux qui le souhaitent. C’est une évidence qu’il faut suspendre Schengen I et le remplacer par un Schengen II auquel les pays membres ne pourraient adhérer qu’après avoir préalablement adopté une même politique d’immigration. Ainsi serait-il mis fin au détournement de procédure qui permet à un étranger de pénétrer dans l’espace Schengen, puis, une fois cette formalité accomplie, de choisir le pays où les prestations sociales sont les plus généreuses. Nous n’avons pas voulu l’Europe pour que soit organisé un dumping social et migratoire au détriment quasi systématique de la France. (…) Si nous ne réagissons pas rapidement dans les années qui viennent, c’est notre pacte social qui va exploser ! 

L’Allemagne et la France doivent prendre le leadership de l’Europe

Quatrième point : “ le mythe d’une Europe unique ” qui, d’après l’ex-président, “ a volé en éclats depuis l’adoption de l’euro par dix-huit pays sur vingt-huit. Il n’y a plus une Europe, mais deux. (…) Ce n’est faire injure ni à Chypre, ni à Malte, ni au Luxembourg que d’affirmer qu’économiquement leurs poids et leurs responsabilités ne sont pas les mêmes que ceux de la France, de l’Allemagne et de l’Italie, pour ne citer que les principaux. Je le dis aux dirigeants français comme allemands : le leadership n’est pas un droit, c’est un devoir. C’est à l’Allemagne et à la France d’assumer la plus grande part de la responsabilité dans la conduite du gouvernement économique de la zone euro. Personne ne pourra le faire à leur place. Or, pour des raisons historiques et politiques, l’Allemagne comme la France ne peuvent exercer seules ce leadership. Leur légitimité tient de leur engagement commun. Qu’un des partenaires défaille, et c’est tout l’équilibre qui est mis à bas. L’absence de leadership met l’Europe en danger car sans vision, sans cap et sans priorité ”.

“ C’est au Parlement et à lui seul de légiférer ”

Cinquième et dernier point, plus technique : la révision du rôle de la Commission européenne. “ Faire de la Commission et de son président les boucs émissaires commodes de nos difficultés ne serait pas juste et je m’y suis, pour ma part, toujours refusé, écrit Nicolas Sarkozy. Pour autant, la Commission ne devrait plus avoir de compétences législatives, puisqu’il y a un Parlement européen. C’est à lui et à lui seul de légiférer. La Commission demeurera un organisme chargé de la mise en œuvre, du contrôle et éventuellement de la sanction. Ce qui représente déjà bien des responsabilités ”. Et l’ex-président de conclure : “ Nulle part dans le monde ailleurs qu’en Europe on n’a eu l’intelligence et la sagesse d’inventer un système aussi original et élaboré au service de la paix. Ses dérives doivent être corrigées, mais le projet doit être préservé. C’est une question de civilisation. Ne laissons ni aujourd’hui ni demain détruire ce trésor ! ” La messe est dite. Oufff !

L’UMP assise sur une bombe financière

Seulement dictée par le calendrier des élections, la tribune de “ l’ex ” ? A en croire “ Challenges ”, l’UMP serait en fait “ assise sur une bombe financière ” dont la première victime pourrait bien être l’ex-président lui-même… “ Si, le 25 mai, l’UMP arrive derrière le FN, indique l’hebdo éco, cela provoquera un terrible séisme politique. Et cela risque de faire exploser le statu quo au sein du parti alors qu’il est confronté à une deuxième salve de divulgations sur les prestations douteuses de la société Bygmalion, dirigée par des proches de Jean-François Copé. (…) Mise sous le boisseau pour cause d’élections, cette affaire risque d’enflammer l’UMP au lendemain des européennes. D’autant que, comme l’explique un ancien trésorier, “ ces pratiques vont décourager les donateurs, qui ont déjà épongé la dette de 11 millions de Sarkozy, et cela peut provoquer une crise financière ” ”.

Quand Copé désigne Sarkozy comme le responsable de l’affaire Bygmalion

“ Ces derniers contribuent en effet pour une part importante au remboursement de la dette de l’UMP, qui se monte à plus de 80 millions (sur les 30 millions de recettes, 19 proviennent du financement public, et une dizaine des dons et cotisations), explique “ Challenges ”. Après avoir parlé d’allégations mensongères, de campagne haineuse, Jean-François Copé est en train de changer de ligne de défense, et il montre du doigt le responsable de cette ingéniérie financière : Nicolas Sarkozy ”. Il doit sacrément apprécier, Nicoco…

Quand “ Valeurs actuelles ” sonde le vote des abstentionnistes

Mais puisque voilà évoquées les européennes, et qu’on est un peu à trois jours du scrutin, “ Valeurs actuelles ” nous propose ce jeudi un nouveau sondage à sa façon, portant sur le vote des… abstentionnistes. Des abstentionnistes, oui, oui, vous avez bien lu ! “ L’Ifop et “ Valeurs actuelles ” ont posé la question de leur choix, en cas de vote obligatoire, à ceux qui s’apprêtent à s’abstenir le 25 mai, explique l’hebdo. Surprise : le FN fait là encore la course en tête devant l’UMP et le PS — qui dispose des plus faibles réserves de voix ! A contre-pied des idées reçues, notre sondage (…) le révèle : aux européennes, les abstentionnistes voteraient… comme ceux qui annoncent déjà, pour le 25 mai, un scrutin dénaturé par l’abstention massive. Tout faux ! ” Voyons donc voir ça…

Le FN avec la plus grande réserve de voix, le PS avec la plus faible

“ Si le vote était obligatoire, indique “ VA ”, le FN obtiendrait ainsi un résultat sensiblement égal à celui que lui promettent les sondages. Crédité, selon les instituts, de 22 à 25 % des voix et, à l’exception d’un seul, de la première place au soir du scrutin, il atteint en effet le même niveau (24 %) et la même pole position auprès de ceux qui “ comptent s’abstenir ou qui ne sont pas certains d’aller voter ”. “ C’est aussi un bon indicateur des importantes réserves de voix dont dispose le Front national ”, précise Jérôme Fourquet (de l’Ifop). (…) Idem pour l’UMP, qui arrive en deuxième position chez ceux qui s’apprêtent à aller voter (entre 21 et 23 % des voix) comme chez les abstentionnistes (22 %). (…) Côté PS, c’est une nouvelle douche froide. “ Contrairement aux affirmations de beaucoup, le Parti socialiste n’apparaît pas comme la principale victime de l’abstention, puisqu’il est le seul, parmi les grands partis, à réaliser un score inférieur parmi les abstentionnistes (14 %) que parmi les électeurs certains d’aller voter (entre 16 et 18 %) ”, décrypte Jérôme Fourquet. Si le vote était obligatoire, le PS y perdrait : il est celui qui, proportionnellement, dispose de la plus faible réserve de voix ”. Voilà une étude qui doit enchanter Marine Le Pen…

L’europhobie n’a pas gagné, l’euroscepticisme, oui

De là à consacrer la victoire des europhobes ? “ Sur 751 élus, note “ Challenges ” qui consacre son dossier de couv à l’euro, les europhobes devraient compter 200 représentants, contre 150 aujourd’hui, selon la Fondation Robert Schuman. A elle seule, l’extrême droite pourrait décrocher une centaine d’eurodéputés. Pour autant, la famille hétéroclite des partis anti-Union (le FN en France, le Parti pour la liberté aux Pays-Bas, Alternative für Deutschland en Allemagne, Aube dorée en Grèce, le Mouvement 5 étoiles et la Ligue du Nord en Italie…) devrait rester minoritaire et sera dans l’incapacité de bloquer l’hémicycle. “ Il s’agit d’une poussée europhobe, pas d’une raz-de-marée, relativise Yves Bertoncini, directeur du think tank Notre Europe. Il faut faire la différence avec le mouvement d’euroscepticisme, qui est bien plus large ”. Il traverse tous les pays, et, en France, tous les partis. L’heure est au désamour de l’Europe ”, et cela, même chez certains “ pro-Européens — “ y compris dans les catégories sociales supérieures ”, note le politologue Brice Teinturier —, critiques envers son bilan ”. Oh, ben, voilà une info qui mérite quelques développements…

Pourquoi “ l’euroscepticisme est une réaction rationnelle ”

“ Si au fil du temps, en France comme ailleurs, des proeuropéens sont devenus dubitatifs, explique “ Challenges ”, cela tient à plusieurs raisons. La première est économique. A l’heure où la croissance repart aux Etats-Unis (+ 2,8 % en 2014, selon le FMI) et en Grande-Bretagne (+ 2,9 %), ils s’interrogent sur la difficulté de la zone euro à redémarrer. Sa croissance patine : le PIB a baissé de 0,4 % en 2013, selon Eurostat, et n’augmenterait que d’1,2 % cette année, d’après la Commission. Et le chômage atteint encore 11,8 % en mars. Pourtant défenseur de la construction européenne, l’économiste Michel Aglietta reconnaît que, face à ces chiffres, “ l’euroscepticisme est une réaction rationnelle ”. Car l’Union a failli, juge-t-il. “ Elle a été incapable de gérer la crise grecque en 2010, il y a eu une contagion à toute l’Europe, qui a entraîné une dégradation financière. Puis les gouvernements ont commis une erreur majeure en 2011 en considérant la dette publique comme le seul problème important. Ils ont alors réagi par une austérité simultanée alors que le secteur privé n’était pas capable de tirer l’économie… ” Ne restait plus qu’à poser l’équation : Europe = austérité = chômage ”. Sur laquelle les extrêmes, de droite comme de gauche, se sont bien entendu empressées de surfer…

Le débat Marine Le Pen/Pascal Lamy sur l’euro

Gros beau dossier, et sacrément éclairant, en vérité, que celui que “ Challenges ” consacre à l’euro, qu’on aurait aimé détailler davantage et qu’on vous invite à lire, si vous avez le temps (et la motivation ?)… Outre qu’il a le mérite de ne pas biaiser sur la question de l’euroscepticisme — ce n’est pas rien que de reconnaître que “ l’euroscepticisme est une réaction rationnelle ”… et, quelque part, justifiée… —, le mag éco propose un débat sur l’euro entre Marine Le Pen et l’ancien commissaire européen et directeur général de l’OMC Pascal Lamy — autant dire un débat aussi inattendu que bienvenu… Comme nous ne pouvons pas relayer l’intégralité de cet entretien croisé (qu’on vous conseille, là encore, de lire), nous nous concentrerons sur la dernière — et sans doute la plus importante — question posée aux deux débatteurs : “ Avec 79 % des Français opposés à une sortie de l’euro (selon un sondage BVA), celle-ci n’est-elle pas politiquement irréalisable ? ” Grande et bonne question, n’est-il pas ?

La sortie de l’euro est-elle politiquement réalisable ? La réponse de Marine Le Pen

“ D’autres sondages montrent au contraire que les Européens sont de plus en plus opposés à l’euro, répond Marine Le Pen. Selon l’Eurobaromètre TNS Sofres, le rejet de l’euro n’a jamais été aussi fort, et la nostalgie du franc est partagée par près de 70 % des Français. Qu’est-ce qui justifie la différence entre ces enquêtes ? On ne cesse de présenter le retour à une monnaie nationale comme l’apocalypse selon saint Van Rompuy ou saint Lamy… L’euro est en réalité plus qu’un dogme, une sorte de religion. On nous dit que c’est pour “ l’éternité ”. Le président de la Commission, monsieur Barroso, a traité ceux qui veulent en sortir d’obscurantistes. On nous dit que cela va ruiner les gens, que le soleil va s’éteindre, qu’on va rentrer dans la période glaciaire… Piètres arguments ! ” En matière d’arguments, il semble que Marine Le Pen n’en ait pas tant que ça sous le talon, vu qu’elle ne répond pas du tout à la question, mais se contente de rappeler ceux qu’on lui oppose…

La sortie de l’euro est-elle politiquement réalisable ? La réponse de Pascal Lamy

Pascal Lamy répond-il mieux à la question qui lui est posée ? “ La preuve que le sujet n’est pas tabou, c’est que nous en discutons, objecte-t-il à Marine Le Pen. J’ai étudié vos propositions de près. Et ma conclusion, c’est que les risques que vous prenez sont nettement supérieurs aux avantages que vous prônez. Si l’on sort de l’euro aujourd’hui, la mécanique à mettre en place est effroyablement compliquée. Le résultat, c’est que les Français les plus modestes en souffriraient le plus ”. Voilà qui semble plus “ argumenté ”… en même temps, vous me direz, rien ne prouve que ce qu’avance Pascal Lamy est vrai. Mais pour le savoir, il aurait encore fallu que la Bleu Marine dise quelque chose, qu’elle mouille un peu le maillot et fasse son boulot, quoi…

Richard Attias, “ influenceur mondial ”

Quelles infos dans “ L’Express ” ? A part le grand dossier de couv, très “ Historia ”, consacré à “ La vie de nabab de Fidel Castro ”, l’hebdo (comme d’ailleurs “ L’Obs ”…) nous propose une enquête mi-business mi people sur Richard Attias, époux, comme on le sait, de Cecilia ex-Sarkozy, et “ virtuose de l’événementiel ”. “ Sur le site Web de son agence conseil en communication, sobrement baptisée “ Richard Attias & Associates ”, le fondateur apparaît (…) investi de la mission d’ “ influenceur mondial ”. Rien que ça, ironise le mag. (…) En pied de la page d’accueil du site Nyfa (“ New York Forum Africa ”, ndlr) 2014, et in English only, tourne en boucle la liste des rendez-vous orchestrés par le roi Richard. Dont les assemblées annuelles de la Banque africaine de développement, à Kigali (Rwanda) ; le symposium Albert-Schweitzer de Lambaréné, fief gabonais de l’illustre Alsacien ; le forum Doha Goals, rendez-vous qatarien des “ leaders sportifs ” ou le prochain Sommet de la francophonie, convoqué à Dakar. Pour un peu, on douterait que le continent noir ne dégage que le tiers des 50 millions de dollars — 36,5 millions d’euros — de chiffre d’affaires attendus cette année, soit 15 de plus qu’en 2013. Une certitude : c’est bien au cœur du berceau de l’humanité que s’écrit le nouveau chapitre d’une successstory venue de loin ”. Un nouveau chapitre qui, à en croire le journal, contient sa part d’ombre…

Comment Richard devint africain

Avant de se tourner vers l’Afrique, Richard Attias aurait, d’après “ L’Express ”, encaissé deux échecs successifs. “ En mai 2008, rappelle le journal, les Attias (…) s’envolent pour Dubaï, dont l’émir confie à Richard la tâche d’élever cette enclave portuaire au rang de tête de pont sportive et culturelle du Moyen-Orient. Las ! La régate tourne court. Officiellement du fait du tsunami financier qui dévaste la planète et tarit les sources du sponsoring. “ En fait, objecte un Français établi sur place, Attias s’est très vite aliéné l’entourage du cheikh, qui le jugeait arrogant et trop gourmand. Comme de plus Cécilia et son fils Louis détestaient l’émirat… ” Qu’importe : virtuose du rebond, l’ancien commercial d’IBM, bientôt contraint de renoncer à sa maison du Connecticut, théâtre de brunchs ultrachics, amorce sous ses couleurs une nouvelle aventure : le New York Forum, lancé grâce aux fonds dégagés par le cession à Publicis des parts détenues dans une filiale du groupe. Sans doute le succès mitigé de ce mini-Davos transatlantique aura-t-il incité celui qui a cédé, à la fin de 2013, 30 % de son bébé au britannique WPP, n°1 de la communication, à tropicaliser ses raouts ”. A “ tropicaliser ses raouts ” ? Et il a “ tropicalisé ” comment, “ Richard Cœur de millions ”, comme l’appelle “ L’Express ” ?

Richard l’Africain et le théorème de la Rolex

“ L’épopée subsaharienne du chef d’orchestre a pour socle un trio singulier : Gabon, Congo-Brazzaville et Guinée équatoriale. En clair, décrypte l’hebdo, trois principautés pétrolières que rongent le clanisme et la “ malgouvernance ”, régentées par des chefs d’Etat parvenus au sommet au prix, dans l’ordre, d’un scrutin douteux, d’une guerre civile et d’un putsch. Donc prêts à payer cher un lifting d’image susceptible de griser l’investisseur étranger. Perspective qu’Attias fera miroiter en juin 2013 aux yeux du Centrafricain Michel Djotodia, qui avait conquis Bangui trois mois plus tôt à la tête d’une rébellion dévastatrice. Faux naïf, “ l’influenceur global ” joue à merveille des âpres rivalités d’égo qui opposent des despotes plus ou moins élus. Chacun veut s’offrir son forum, comme on se paie une Rolls ou une Bentley. Et ce en vertu du théorème de la Rolex cher à l’inoxydable Jacques Séguéla : si tu n’as pas ton Attias, c’est que tu as raté ta vie de chef. Autre grief : réunions d’esprits féconds aptes à brasser de prometteurs concepts, ces clinquants barnums n’ont guère amélioré le sort des humbles. “ Attias, c’est du vent, peste Jean Ping, ex-baron du clan Bongo, passé voilà peu dans l’opposition. Le bilan ? Zéro. Où sont les investisseurs ? ” ” Hé bien, on dirait que le constat n’est pas fameux-fameux…

“ La Marseillaise ”, œuvre d’un “ homme obscur ”

Et si on parlait chanson ? Pas n’importe quelle chanson… “ La Marseillaise ”, ça vous dit quelque chose ? La “ polémique Marseillaise ”, aussi, hmmm ? “ Au-delà d’une polémique en forme de karaoké, nous invite “ Le Nouvel Obs ”, où chaque chanteur pousse son trille, retournons à la source, peut-être empoisonnée, et à l’homme obscur sans lequel ce sujet de querelle pour patriotes, enragés, suspects, factieux ou endormeurs, n’existerait pas ”. Une “ source peut-être empoisonnée ”, Rouget de Lisle “ homme obscur ”, oh, mais que peut bien vouloir dire “ L’Obs ” ? Le “ destin baroque ” du compositeur, explique le journal, “ commence précisément par un feu d’artifice au petit goût tragi-comique. En 1780, à l’époque où il est élève à l’Ecole militaire que Louis XV a fondée à Paris, le jeune homme est amoureux de Camille, la fille de la famille qui l’héberge à Courbevoie. Le dimanche 17 juillet, l’aspirant officier du génie organise un feu d’artifice pour célébrer Camille. Sur la pelouse du jardin, il fixe ses fusées et ses bombes dont les flammes galantes doivent dessiner la date de la fête et les initiales entrelacées des deux fiancés. Rouget allume la pièce d’artifice. La fusée commence par s’élever dans le ciel, quand soudain elle dévie de sa trajectoire, se dirige vers la terrasse des spectateurs et vient pulvériser, dans un nuage de sang, la tête de la pauvre Camille qui meurt une heure après l’impact ” Bon dieu de bois, il fallait la faire, celle-là !

“ La Marseillaise ”, enfant du champagne

Simple — et fatale — maladresse d’un artificier amateur, et amoureux ? Les circonstances dans lesquelles “ La Marseillaise ” a été créée ne sont pas moins tumultueuses… “ Notre hymne capiteux est l’enfant du champagne, nous apprend “ L’Obs ”. Il est né d’un dîner entre volontaires et officiers, chez le maire de Strasbourg, le baron Frédéric de Dietrich, géologue et protestant (alors que la France venait de déclarer la guerre à l’Autriche, ndlr). Michelet retrace cet épisode à la façon lyrique d’une comédie musicale de Frédérick Austerlitz, alias Fred Astaire. “ Le “ Ca ira ” n’allait plus à la douce et fraternelle émotion qui animait les convives. L’un d’eux la traduisit “ Allons ”. Et ce mot dit, tout fut trouvé. Rouget de Lisle se précipita de la salle, et il écrivit tout, musique et paroles. Il entra en chantant la strophe : “ Allons enfants de la patrie ! ” Ce fut comme un éclair du ciel ” ”. C’est-y pas merveilleux ?

“ La Marseillaise ”, comme “ une partie de Pictionary ”

“ La vérité historique est moins Broadway, plus bourgeoise, nous dégrise “ L’Obs ”. Louise de Dietrich, l’épouse du maire, dans une lettre à son frère, datée du 12 juin 1792, en parle comme d’une partie de Pictionary et sur le ton salonard de Mme de Bargeton, dans les “ Illusions perdues ” : “ Comme tu sais que nous avons beaucoup de monde, et qu’il faut toujours inventer quelque chose, soit pour changer de sujet, soit pour traiter de sujets plus distrayants les uns que les autres, mon mari a imaginé de faire composer un chant de circonstance. Le capitaine du génie, Rouget de Lisle, a rapidement fait la musique du chant de guerre. Mon mari, qui est bon ténor, a chanté le morceau qui est fort entraînant. C’est du Gluck en mieux. Moi, de mon côté, (…) j’ai arrangé les partitions pour clavecin et autres instruments ” ”. Oh bé, oh bé, voilà qu’on descend d’un étage, et même de dix, tout d’un coup…

“ L’auteur de “ la Marseillaise ” n’est pas un républicain ”

Mais c’est pas tout ! “ Le Nouvel Observateur ” le précise en effet : “ Au moment où son œuvre triomphe, Rouget de Lisle, qui réprouve l’internement du roi au Temple et l’abolition de la monarchie, est déclaré “ infâme et traître à la patrie ”. L’auteur de “ la Marseillaise ” n’est pas un républicain. Il exècre les jacobins. En septembre, il est incarcéré pour incivisme, par ordre du Comité de Sûreté générale, à la prison de Saint-Germain-en-Laye. Ce séjour lui inspire un hymne contre la “ tigrocratie ” de Robespierre. Sous l’Empire, puis sous la Restauration, “ la Marseillaise ” est déchue et interdite. Rouget de Lisle a beau écrire un hymne royaliste, son “ Vive le roi ! ” laisse de glace Louis XVIII. A 66 ans, pauvre et oublié, il est emprisonné pour dettes, sous l’acte d’écrou n°4552, à la prison de Sainte-Pélagie. Il meurt à Choisy-le-Roi, en 1836, à 76 ans. Sa “ Marseillaise ” redevient notre hymne officiel, en 1879, sous la IIIe République. Depuis, conclut le journal, nous ne savons toujours pas comment tailler les moustaches de son diable d’air ”. Effectivement… mais peut-être ceci explique-t-il cela ? Bonne semaine, les lapins, moulinez bien tout ça… et n’oubliez pas d’aller voter, pour exprimer ce que vous voulez, l’essentiel étant que vous vous exprimiez !

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