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Régis Debray et la gauche qui n'a plus vraiment raison d'être ; Patrick Buisson et son système supposé de pillage de l'Elysée ; François Mitterrand et ses derniers secrets
©Reuters

Revue de presse des hebdos

Et aussi : la morale et l’argent : vers des "tables de la loi" de l’économie ? ; La solidarité, "la tâche n’est pas légère" ; pour votre santé et pour la planète : "la solution est dans l’assiette".

Sandra Freeman

Sandra Freeman

Journaliste et productrice, Sandra Freeman a animé des émissions sur France Inter, LCI, TF1, Europe 1, LCP et Public Sénat. Coautrice de L'École vide son sac (Éditions du Moment, 2009), elle est la fondatrice du média internet MatriochK.

 

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Patrick Buisson et son " système pour piller les finances de l'Élysée"

"Comment Buisson a pillé l’Élysée"… La formule ne laisse pas de marge à l’ambiguïté. C’est celle de  l’Obs cette semaine qui offre des "révélations sur le scandale qui est inquiète le clan Sarkozy : l’affaire Buisson".

De fait, "depuis juin dernier, la quasi-totalité de la garde rapprochée de Nicolas Sarkozy a défilé à la brigade financière où elle a été entendue en garde à vue dans le cadre de l'affaire dite des sondages de l'Élysée"… En cause, "des soupçons de favoritisme de détournement de fonds publics", et plus concrètement, de 2007 à 2012, le conseiller de l’ombre de Nicolas Sarkozy, Patrick Buisson, aurait "facturé 3 millions d’euros au château des prestations parfois inexistantes", avec des "contrats signés sans appel d’offres, des marges confortables"…

Quel était le rôle de chacun au château ? Mais surtout aujourd’hui, à la veille de 2017, la question que pose l’Obs, c’est : Sarko a-t-il "cautionné ce système ? Ou tout simplement laissé faire ?"

L’Obs a fait sa petite enquête et parle de "hold-up". Voici donc ce qui s’y raconte :

Globalement, tout d’abord, les frais et les dépenses de communication de l'Élysée ont été "faramineux" et sur l'ensemble du quinquennat "la facture s’envolerait à 7,5 millions d’euros dépensés de 2007 à 2012".

Mais ici, on s’attarde surtout sur le cas Buisson, somme toute assez fascinant : "Dès juin 2007 : Buisson fixe lui-même l’enveloppe qui doit lui être consacrée pour réaliser ses sondages : 1,5 million d’euros jusqu’à la fin de l’année 2008", raconte Emmanuelle Mignon, l’ancienne directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy, aux enquêteurs "médusés". Et pourtant, ça passe. Le journal publie la carte de visite sur laquelle Claude Guéant, secrétaire général de l'Élysée, ordonne à l’époque Emmanuel Mignon de faire signer le contrat de Patrick Buisson.

Première raison, selon elle, Patrick Buisson aurait profité d’un "moment de flottement au sommet de l’Etat" à ce moment là ; l’Elysée était "une institution sans règles". "Tout s’y conclue de façon informelle". Et même si elle s’inquiète, et même si elle alerte, printemps 2008 : elle envoie à Nicolas Sarkozy "une note sur les dépenses globales de l'Élysée" (se souvient-elle) et y identifie "un dépassement du budget sondage", "lui indique, au milieu d’une masse d’informations". "Rien n’y fait", rajoute l’Obs.

Et puis, autre raison avancée par l’Obs, Patrick Buisson a un vrai pouvoir sur Sarko, "il sait lui parler, le rassurer, l'impressionner avec ses exposés truffé de références historiques. Sarkozy le considère même comme un Oracle depuis qu’il lui a annoncé, des mois à l'avance, la victoire du « non » au referendum de 2005 sur la constitution européenne. Depuis, les deux hommes ne se quittent plus, et Sarkozy s’est convaincu qu’il lui doit son élection."

Ainsi, le système s’impose : "Patrick Buisson alors adulé par Sarkozy a mis en place un système pour piller les finances de l'Élysée". Un exemple concret, proposé dans l’hebdomadaire : "En mars 2008, Buisson crée un baromètre de l’opinion pour mesurer l’impact des déplacements du président auprès des Français. En deux mois, il achète 3000 € pièce dix sondages sur ce sujet à l’institut Opinion Way. Puis il les revend à l’Élysée, facturant l’un d’eux 6000 € et tous les autres 8000 €. En trois mois et sans effort Buisson engrange ainsi 48 000 € de marge".

Voilà ainsi une mécanique. A l’Obs ainsi de poser quelques cailloux, mais à la justice de poursuivre son chemin : "au total, sur l'ensemble du quinquennat Sarkozy, il aura facturé près de 3 millions d'euros à l'Élysée". Patrick Buisson a été mis en examen en juillet pour "recel de favoritisme, abus de biens sociaux et détournement de fonds publics par un particulier". Il est convoqué pour s’expliquer devant le juge le 13 octobre.

La morale et l’argent : vers des "tables de la loi" de l’économie ?

L’argent, l’argent… serait-il vraiment sans foi ni loi ?

Challenges cette semaine pose justement les "religions face à l’argent roi". Il faut dire que le pape  François semble en faire sa nouvelle croisade ! Le journal recadre : "En tournée américaine, le pape en appelle à plus d'humanisme et d’étique face aux dérives du capitalisme, mais il va plus loin décide de rappeler leurs devoirs aux prétendants à la maison blanche". D’ailleurs, son discours ne semble pas plaire à tous : "Dans sa dernière encyclique, tout ce qu'il dit sur l’économie de marché et l’entreprise est négatif", ce qui a pour effet direct de déplaire à "certains des grands donateurs de l'Eglise". Ils "grincent des dents devant le discours anti capitaliste du pape, et menacent de fermer le robinet". Les menaces pourraient aller plus loin selon Challenges qui écrit que certains "opposants promettraient même de soulever le sujet de la pédophilie si jamais le Pape avise de faire un peu trop la leçon à la première puissance mondiale".

Mais on touche là à une question de fond. "Je suis très allergique à l’économie" avait admis le saint père en juillet dernier. Sa posture est éclairée dans Challenges par le regard du père Vincent Cabanac qui dit de François "qu’il est d'abord un religieux qui a fait un choix de vie radicale, qui a choisi de faire des vœux d'obéissance de chasteté et de pauvreté".

Pour aller plus loin, le magazine offre ses pages à la démarche de Bernard Esambert, un ancien conseiller de Georges Pompidou, qui veut créer des "tables de la loi" de l’économie, qu’elles soient acceptables par tous, "sous toutes les latitudes, par toutes les cultures et toutes les religions". Ainsi pour construire cette éthique du libéralisme, il réunit 40 personnalités de tous horizons pour finaliser en octobre 2016 un texte commun. Selon lui, il "s’agit dorénavant d'envisager un libéralisme éclairé prenant considération la notion de solidarité au sein de l'espèce humaine".

Régis Debray : la gauche n’a "plus raison d’être" ;la laïcité "pour respirer côte à côte"

La religion, Mitterrand,  Hollande, Daech, la République… tout y passe. Régis Debray fait la couverture du  Point. Il y "achève la gauche et les idéologies en toc de notre temps". Ainsi, sur 20 pages (à l’occasion de la sortie de son livre "Madame H" publié chez Gallimard), il offre son testament politique,  sa vision du monde globalisé et le sens du religieux selon lui aujourd’hui. Morceaux choisis :

Un adieu à la politique ? "En un sens, oui.  (…) Tout ce qui est né, mérite de périr. En tout cas, je ne dis pas adieu mais bonjour à la laïcité (…). Pour sortir du blabla cotonneux, des valeurs, et des bons sentiments. Le laïque c’est du dur et du droit. Cela ne donne pas une raison de vivre, ce n’est pas la religion des sans-religions, mais ça permet, de respirer côte à côte sans s’entre-tuer".

Comment expliquer la mutation politique actuelle ? "L’effacement de l’empreinte chrétienne n’y est pas pour rien. Un chrétien, zombie ou pas, conçoit sa vie en solidarité et ne fuit pas les épreuves. L’époque n’est pas au « Nous » mais au « Moi je ». Ote toi de là que je m’y mette, et regarde comme je suis beau. (…) Prométhée a mal au foie et Gaïa a du plomb dans l’aile".

La mondialisation, une nouvelle espérance ? "Je ne vois pas trop en quoi. Les marchandises circulent mieux, les signes et les images aussi, vive la toile et le conteneur. Mais du même coup, les traditions, les cultures et religions se côtoient bien davantage, se frottent l’une contre l’autre et cela fait de l’irritation et de l’inflammation aux jointures".

Et un petit dernier pour la route ? "La gauche a perdu ses idées propres" et par conséquent, "une gauche ton sur ton, qui ne tranche en rien et sur rien, sauf sur le cannabis et le mariage pour tous, n’a plus vraiment raison d’être".

La solidarité, "la tâche n’est pas légère"

"Solidaires" ! Télérama, le cœur chargé de bien plus d’espoir, titre sur ceux qui font preuve de solidarité, sur "ceux qui osent dire « Oui »", sur ces "Européens qui aident les migrants". Et le magazine est allé sur le terrain pour recueillir de nombreux témoignages. Mais leur message global est posé dès l’ouverture du papier : "Qui a dit que ce serait facile ? Qui a jamais pensé que l'accueil de centaines de milliers de réfugiés en Europe se ferait sans tension ni casse-tête ? Dans une Allemagne qui se surprend elle-même, inquiète et fière d'avoir été transformée en "terre promise" par les marcheurs épuisés ; mais aussi dans des petits villages  d’Italie ; aucun des Européens que nous avons rencontrés ne prétend que la tâche est légère. Mais, tous affirment qu’elle est réalisable et qu’il n’est pas question de se claquemurer ou de renvoyer ces familles chez elles".

Le dessin du petit Aylan dans Charlie Hebdo : "c’est du racisme, oui… mais anti-clown" dixit Luz

Face aux "bons sentiments", faut-il forcément opposer les "mauvais sentiments" ? Charlie Hebdo se retrouve aujourd’hui bousculé par ces lectures manichéennes de l’actualité. Le journal satirique a attiré tous les "bons sentiments" du monde après la tuerie dont il a été victime, alors que ce n’est pas dutout sa culture. Aujourd’hui, 9 mois après le drame, Luz prend sa retraite. C’est officiel. Mais avant de partir, il remet une dernière petite couche : "Le dessin satirique expliqué aux cons (et en particulier aux médias)". Il en profite pour citer un maître fondateur, Cavanna pour qui "un bon dessin est un coup de poing dans ta gueule".

Mais rentrons dans le concret : après la polémique sur le dessin du petit Aylan fait par Riss, il y a deux semaines (le petit garçon mort sur la plage, dessiné au pied d’un Ronald mac Donald, a outré bon nombre de commentateurs), Luz réagit aux réactions.

Je vous en donne quelques exemples.

A celui qui dit "Shocking", Luz répond : "tu es choqué c’est plutôt bon signe", "tu fais partie des millions de nouveaux lecteurs qui ont découvert Charlie en même temps que son humour après les attentats de janvier dernier. On n’avait jamais imaginé que tu t'intéresserais à notre travail, toi qui habites à des milliers de kilomètres de la rédaction, loin, si loin de la tradition satirique de notre pays, toi qui n'a jamais été baigné dans l'humour de Desproges, de Reiser de Topor, de Cabu, Charb etc."

A celui qui pense : "c’est ignoble de caricaturer un enfant mort", Luz rétorque que "le petit n’est pas caricaturé mais simplement dessiné. Caricaturer fait grossir les traits du visage".

A celui qui s’exclame que "se moquer des migrants, c’est une honte"… Luz  n’est pas d’accord : "non ! Si ce dessin se moque de quelqu’un, ce n’est pas des migrants mais de notre société libérale est hypocrite".

A celui qui analyse : "c’est du racisme", Luz acquiesce "oui, du racisme anti-clown" !

A celui qui scande "#jenesuispascharlie" Luz rétorque : "c'est pas bien grave ! tu n'es pas obligé, ni de lire, et encore moins d'acheter Charlie et avant de tweeter ta mauvaise foi, n’oublie pas comme l’a dit Hank que « tes yeux sont reliés à ton cerveau »".

Le cours possède quelques chapitres encore, mais une fois arrivé au bout de sa page, il rend la plume : "Le cours est terminé. Bonne récré dans le 14 prochaines pages".

Salut Luz, et merci pour tout !

Pour votre santé et pour la planète : "la solution est dans l’assiette"

Là on est peut être dans le bon sentiment, mais on est surtout dans le bon esprit ! "Manger sans s’empoisonner ni empoisonner la planète, c’est possible » et c’est la mission de L’Express cette semaine. L’hebdo s’associe clairement à la démarche de "GoodPlanet" de Yann Arthus-Bertrand pour qui "l’alimentation est l’un des rares secteurs où chacun peut agir sans bouleverser son mode de vie".

Le chiffre frappe l’esprit : si on regarde l’empreinte carbone totale des Français, il y en a  27% qui vient de leur alimentation, et cela, devant les transports (à 26 %) ou le logement (à 24 %).

A quelques semaines de la COP 21 qui va réunir 195 chefs d’état et de gouvernement à Paris, sont listés 60 gestes ou attitudes "qui prouvent que mieux se nourrir est facile et peut être source de plaisir et de convivialité". Retenons déjà les 5 premiers :

1 : Manger des produits de saison sont moins chers et on meilleur goût.

2 : Manger local autant que possible.

3 : Apprendre à accommoder les restes pour éviter le gaspillage alimentaire.

4 : Réduire sa consommation d’énergie dans la cuisine tout simplement en posant un couvercle sur la casserole quand on fait chauffer de l'eau ou en changeant le congélateur.

5 : Diminuer la part de la viande dans l’alimentation. Ou alors consommer différemment en préférant le port où le poulet rouge.

L’Express en profite pour retracer la prise de conscience des chefs comme d’abord Alain Passard, qui "a laissé tomber la viande et s’est concentré principalement sur les légumes", puis Alain Ducasse ou Marc Veyrat qui ont aussi complètement "repensé notre rapport à la nourriture, donc à la nature est à l’agriculture".

Mais il y a aussi la prise de conscience du plus grand nombre à la suite de différentes scandales (la vache folle, les lasagnes de cheval, le poulet à la dioxine, la viande avariée dans les restaurants en France, les pastèque explosives sur-dopées aux pesticides et les laits maternels frelatés en Chine, Saumon au mercure un peu partout dans le monde etc.). Comme dirait l’agroécologiste Pierre Rabbi, "maintenant quand on passe à table il ne faut plus se souhaiter bon appétit mais bonne chance !", rappelle le magazine.

"Mitterrand et ses derniers secrets"

En 2016 on célébrerait le centenaire de sa naissance… L’Obs offre sa couverture à "Mitterrand et ses derniers secrets". En fait, c’est Laure Adler (après plus de 500 livres écrits sur lui) qui publie une biographie de "ce président qui n’abdiquait jamais face aux désirs". Elle raconte 176 journées particulières qui ont "forgé l’homme est décidé de son destin". L’Obs en a choisi quelques unes remarquables. Et moi j’en ai choisi quelques unes parmi leurs quelques unes.

Janvier 1936, la mort de sa mère :

"Après une interminable agonie et contre l’avis des médecins, elle commandera des huîtres et du vin rouge avant de s'endormir définitivement ce 12 janvier. Il n'était pas là et le regrettera. (…) Chaque soir avant de s’endormir, il pense à sa mère est à sa grand-mère."

27 mai 1981, à l'Élysée :

"Tout est vide. Pas une note. Pas un dossier. Au fond d'un coffre, un billet de 500 Francs déchiré. Mitterrand prend possession des lieux. Décidément il n'aime pas l'Élysée. Il ne l’aimait pas avant, mais après avoir déambulé dans les pièces, il se demande comment se résigner à y travailler".

1er mai 1993 : la mort de Bérégovoy :

"Le jour des funérailles, il apostrophe l’opinion : « Toutes les explications du monde ne justifieront pas qu'on ait pu livrer aux chiens l’honneur d'un homme, finalement, sa vie.» Qui sont les chiens ? (…) A son retour à l’Elysée il nous confie : « Les chiens ? C’est nous. C’est moi. C’est vous. Chacun a sa part de chien en soi.»"

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