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Que vaut le portefeuille d’actions de l’Etat Français ?
©AFP

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Début juillet M. Le Maire, ministre de l’économie, a annoncé que l’Etat Français allait bientôt céder une partie des participations non stratégiques détenues. Le montant des cessions devraient avoisiner les 10 Milliards d’Euros. L’objectif poursuivi est d’alimenter un fonds destiné financer l’innovation. Ces participations sont actuellement détenues par l’Agence des participations de l’Etat (APE) qui gère le patrimoine de l’Etat Français.

Alain Pitous

Alain Pitous

Alain Pitous, Directeur Général Adjoint Associé de Talence Gestion (@alainpitous).

Talence Gestion est une société de gestion de portefeuille indépendante spécialisée dans la gestion sous mandat pour les particuliers et la gestion de fonds commun de placement en actions.

Précédemment, il a été pendant 5 ans (2009-2014) Deputy CIO d’Amundi (850 Milliards d’Euro sous gestion) et gérant du fonds Amundi Patrimoine de 2012 à juillet 2014.

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Que vaut le portefeuille de l’APE et que peut-il vendre ?

Aujourd’hui ce patrimoine représente environ 100 Milliards d’euros et l’Etat Français à travers ce fond est présent au capital de 81 sociétés, dont 70 cotées. La mission de l’APE est d’agir comme un investisseur « stratégique » à long terme pour accompagner le développement ou aider les entreprises dans les périodes de transition. En tant qu’investisseur, l’APE doit bien évidemment veiller à l’intérêt de ses « actionnaires », les citoyens Français, représenté par l’Etat et donc cherche à valoriser ce patrimoine. Souvent critiqué pour la gouvernance de ses investissements, l’Etat Français a pu en tirer profit au moins grâce aux dividendes : près de 40 Milliards d’Euros de cash ont été perçus entre 2006 et 2015 en provenance du portefeuille de l’APE.

Le portefeuille est fortement pondéré en valeurs de services aux collectivités comme EDF ou Engie qui représentent près de 50% du portefeuille et comporte assez peu de « financières » avec seulement une ligne de 150M€ en CNP Assurances. 

L’Etat Français a commencé à procéder à des mouvements récemment : une première vente a eu lieu en juillet : l’APE a vendu 4.5% du capital qu’il détenait dans Engie pour 1.5 Milliards d’Euros.  En termes de « market timing », l’Etat s’avère à l’analyse, un bon vendeur. En effet, les titres que l’Etat vend ont tendance à monter plus que les entreprises comparables juste avant la vente …et ces mêmes titres sous performent après la vente par l’Etat ! C’est ce que l’on peut qualifier de « bon sens de marché ».

Que pourrait vendre l’Etat dans les prochains mois ? Sachant que M. Le Maire a annoncé vouloir vendre pour 10 Milliards d’Euros, il faudra procéder par élimination et aller chercher une combinaison entre :

-         Poids élevés dans le portefeuille

-         Actifs « non stratégiques »

-         Possibilité « légale » de vendre.

-         Soutien de l’Etat moins nécessaire à moyen-terme.

Ces différentes considérations excluent normalement à la vente pour des raisons stratégiques des titres comme Airbus, Thalès ou Safran. Ces sociétés travaillant pour la défense, il est difficilement envisageable de voir l’Etat vendre ne serait-ce qu’une partie du capital. Eramet ou Air France, ne sont pas des actifs stratégiques pour des raisons liées à la défense mais ont une connotation trop politique pour être cédés.

Engie ou EDF pourraient  faire l’objet de cessions partielles, supplémentaires dans le cas d’Engie. Ces deux participations pèsent 30 Milliards d’Euros. Le fait qu’EDF réalise en ce moment un beau parcours boursier incite à rester attentif sur ce titre ! L’Etat pourrait, en trader avisé, avoir envie de céder quelques titres. Sur Engie, les ventes pourraient venir mais probablement pas dans l’immédiat.

Orange, Renault ou CNP sont également de bons candidats. L’Etat pourrait empocher une belle plus-value en cédant ses titres Renault mais le rebond du titre est trop récent pour que cette cession intervienne rapidement.  Les résultats annoncés par Renault et ses perspectives de développement font que l’Etat Français n’a plus réellement besoin de soutenir le constructeur automobile.

Orange n’a pas un très bon parcours boursier ces dernières semaines ce qui devrait là aussi retarder une cession…Ssauf si l’Etat veut accélérer le mouvement en cédant une partie des 9 Milliards détenus en cumulé sur ces deux sociétés. 

Aéroports de Paris a le bon profil pour une cession au moins partielle : le titre évolue proche de ses plus hauts historiques et des ventes sur ce segment ont déjà eu lieu ces dernières années. L’Etat détient 50.6% du capital pour 7.4 Milliards d’Euros. Deux écueils cependant : pour le moment la loi interdit à l’Etat de passer sous 50%... il faudrait donc changer la loi pour passer sous les 50% pour pouvoir procéder à des ventes, ce qui constituerait probablement un deuxième écueil, politique celui-là.

Pour ceux qui, comme l’Etat Français,  détiennent des titres de ces entreprises, il faut suivre attentivement ce que fait l’Etat et procéder comme lui à des allègements de temps en temps. Dans l’ordre EDF, Renault et Orange nous semblent de bons candidats. Engie ou ADP viendront plus tard. Sur un horizon plus long les titres détenus dans le cadre de l’APE présentent un profil intéressant : la détention de l’Etat pérennise ces entreprises avec des perspectives de développement correctes à moyen long-terme. De plus, un bon rendement récompense la fidélité des actionnaires.

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