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Quand mamie fait de la résistance, quand passent les cigognes et quand les dragons s'installent en couple : c'est l'actualité des montres
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Et aussi : le grand frisson de l'aventure rétrospective chez Tudor, le grand plat qui propulse Bvlgari vers les sommets et les trois axes qui permettent d'échapper à la gravitation terrestre...

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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TUDOR : L’avenir qu’on lit dans le rétroviseur…

Troublant : une des montres les plus séduisantes de ce printemps est la réédition quasiment à l’identique d’un modèle lancé en 1967. Les icônes horlogères ont la vie dure et Tudor n’a pas la mémoire courte : cette Ranger cumule tout ce qu’on peut aimer cette année dans une montre, du parfum rétro au prix raisonnable (un peu plus de 2 000 euros), en passant par la taille raisonnable (41 mm) de son boîtier en acier satiné, le style militaire ou le double bracelet (cuir, acier et textile de style Otan). Ne pas manquer la vidéo ci-dessous pour découvrir l’esprit Ranger, qui vient compléter une gamme Heritage Tudor – la marque-sœur de Rolex – désormais totalement dédiée à l’exaltation des légendes horlogères du passé…

BVLGARI : La renaissance horlogère d’une grande maison joaillière…

Depuis des années, Bvlgari se cherchait des raisons d’exister dans le domaine des montres. L’arrivée d’un nouveau président (Jean-Christophe Babin) a remis la maison en ordre de bataille, avec une collection 2014 qui regorge de trésors au féminin et au masculin, ainsi que du côté de l’artisanat d’art. La collection Octo s’impose comme le pilier des montres masculines : la forme est immédiatement reconnaissable, carrée sans être massive, riche en angles virils et en reliefs qui donnent du volume ; elle s’inscrit à la fois dans la tradition du design italien et de l’horlogerie suisse. Pour consacrer ce pilier en paragon de l’élégance, Bvlgari a décroché cette année un record mondial de minceur pour une montre mécanique : le platine mat, satiné et poli (beau travail sur la façon de capter la lumière) du boîtier de 40 mm en pose le statut sans en alourdir le poids, le mouvement mécanique s’offrant une finesse (2,2 mm sous la toise, à peine plus qu’une carte de crédit) qui ne pousse qu’à 5 mm l’épaisseur totale de la montre. L’ensemble est d’une classe absolue au poignet : le cadran en laque noire s’offre même la coquetterie d’une petite seconde décalée à 7 h 30. Même ceux qui ne jurent que par les montres rondes ultra-plates des grandes manufactures suisses subissent le charme de cette extravagante mais si élégante Finissimo…

BELL & ROSS : La montre que Guynemer aurait aimé porter…

Le centenaire de la Première Guerre mondiale nous restitue un certain nombre de montres commémoratives, mais Bell & Ross n’avait pas attendu 2014 pour créer des collections inspirées par les montres militaires. Pour ce printemps, c’est l’hommage au capitaine Guynemer, un des plus célèbres pilotes de chasse de l’aviation française, héros de l’escadrille des Cigognes, mort en plein ciel à 22 ans après avoir abattu de 50 à 80 avions allemands. Il aurait aimé cette Vintage WW1 Guynemer, qui reprend l’esprit des montres de poche (le style du boîtier en acier « canon de fusil », les chiffres du cadran, le verre bombé au-dessus du cadran, la couronne de remontage surdimensionnée qui nous rappelle le temps où les pilotes portaient des gants pour ne pas se geler les mains, le bracelet étroit en cuir naturel), mais avec un mouvement automatique contemporain. Le fond du boîtier est gravé d’un portrait du capitaine Guynemer, mais c’est toute l’escadrille des Cigognes, dont l’oiseau symbolique est apposé sur le cadran, que cette montre tient à honorer…

GIRARD-PERREGAUX : Trois axes pour rester à la bonne heure…

Les amateurs de montres mécaniques plébiscitent le « tourbillon », une complication mécanique qui fait tourner l’échappement de la montre (ce qui fait tic-tac et qui régule la marche du mouvement) dans une structure qui égalise les irrégularités de marche dues à la gravitation. Un phénomène qui pouvait perturber les montres de poche, toujours portées dans le même position, mais qui ne concerne que très marginalement les montres qu’on porte au poignet. Ce tourbillon – chef-d’œuvre de micro-mécanique avancé – n’en reste pas moins fascinant par sa complexité. La manufacture Girard-Perregaux a imaginé de le faire tourner non sur un axe horizontal (un tour sur lui-même en une minute), non sur deux axes (on ajoute un axe vertical pour un tour en trente secondes), mais sur trois axes (on ajoute aux deux précédentes une rotation dans l’espace en deux minutes). Le tout devient une sorte de gyroscope qui garantit théoriquement une précision accrue de la montre, mais qui permet surtout d’admirer, dans sa bulle de verre, un battement tri-dimensionnel du temps qui passe. C’est de l’ultra-mécanique avancée, mais avec des finitions exceptionnelles dans le respect des plus exigeantes traditions suisses. La manufacture du groupe Kering ne réalise que dix de ces tourbillons tri-axiaux repérables à leur dôme de verre saphir…

CHANEL : La paire de dragons symboliques des jeunes couples chinois…

Dans la série des motifs inspirés par les célèbres paravents laqués de Coromandel, qui étaient si chers à Mlle Chanel, voici une nouvelle série de montres émaillées et sculptées. Elles sont vendues par paires contrastées, chaque élément étant une pièce unique, avec des boîtiers sertis « neige » et une interprétation décorative différente du même motif : ici, un dragon traité en émail grand feu, avec ses nuages en plique-à-jour, dont l’alter ego est également proposée dans une nacre sculptée translucide. En Asie, les couples fortunés adorent ces paires de montres hautement symboliques – une pour monsieur, une pour madame. La réalisation est superlative, mais il est dommage d’avoir oublié une tradition très ancienne de l’horlogerie suisse, si appréciée sur les marchés asiatiques depuis le XVIIIe siècle : la paire symétrique en miroir, les motifs s’opposant. À l’époque, du fait des communications maritimes incertaines, il s’agissait de prévoir deux montres par amateur, pour pouvoir les « cannibaliser » lors des réparations qui nécessitaient un retour des montres en Europe…

BASELWORLD 2014 : « Mamie fait de la résistance »…

Mamie, c’est l’horlogerie suisse, une vieille dame de 400 ans plus vaillante que jamais. Si elle avait jusqu’à ces dernières années une sérieuse tendance à verser dans l’arrogance, l’explosion de la bulle chinoise et les menaces d’une crise économique mondiale ont modéré ses prétentions à la croissance ad vitam aeternam. Du coup, à Baselworld, grand-messe annuelle de la profession, l’heure était au réalisme et à la volonté de résister aux tempêtes qui s’annoncent. Les mots-clés de cette résistance : d’abord, le renforcement du Swiss Made, non par décret bureaucratique, mais par le renfort de marques qui s’en passaient parfaitement et qui se replient sur le réduit alpin pour mieux se préparer à résister (Fossil, Ice-Watch, Armani, Bomberg, Smoothie et les autres). Ensuite, la défense territoriale : les grandes marques ont relu leur passé et revisité leur musée pour jouer la carte de la réédition de leurs icônes et du retour au « classique ». Ce qui ouvre un boulevard aux marques indépendantes et créatives, qui ont multiplié les bonnes idées et les propositions séduisantes… ou très bizarres (ci-dessous : la Skull Watch de la créatrice suisse alémanique Fiona Krüger, une montre typique de l’actuelle tendance aux montres à tête de mort). Autre marqueur lourd : l’attention portée aux métiers d’art et à l’artisanat décoratif, au risque de verser dans le maniérisme baroque. Enfin, à Baselworld, on a soigneusement oublié d’évoquer les sujets qui fâchent : Mamie refuse de parler des « montres connectées » [dont elle a pourtant très peur, ce qui n’était pas le cas il y a un an], du prix trop élevé des montres suisses, alors que se profile de nouvelles crises monétaires, de l’effondrement de la demande en Chine, pays qui était le seul moteur de la croissance depuis cinq ans, du niveau plus qu’alarmant des stocks ou de l’attaque prévisible des marques horlogères chinoises sur le marché européen. « Mamie fait de la résistance » : 2014, l’année de tous les dangers, a trouvé à qui parler…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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