Quand les minutes sont magnétisées dans un sablier et quand Jackson Pollock revisite les hautes mécaniques : c’est l’actualité des montres à l’avant-veille de l’automne<!-- --> | Atlantico.fr
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Steve McQueen, amoureux des montres, mais héros fondateur des bad boys de la grande légende du XXe siècle…
Steve McQueen, amoureux des montres, mais héros fondateur des bad boys de la grande légende du XXe siècle…
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Mais aussi la dystopie d’une horlogerie authentiquement suisse, la conduite à gauche d’une icône hollywoodienne, le pont en teck aux douze flammes numériques et les 130 000 euros qui déconcertent la common decency avant de se ridiculiser…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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TAG HEUER : Le bleu et l’orange des mythèmes de la pop culture…

Pour le cinquantième anniversaire de la création de l’écurie Gulf Racing, TAG Heuer a imaginé pour le seul marché américain – dommage, mais on peut l’acheter en ligne pour à peu près 5 000 euros ! – une édition spéciale du chronographe automatique Monaco portée par Steve McQueen. On y reconnaît les bandes orange et bleu qui sont les couleurs emblématiques de cette écurie, ainsi que son logo à six heures. Par bonheur, la couronne placée à gauche du modèle original a été respecté. Le bracelet perforé (bleu à doublure et surpiqûres orange) est de toute beauté. Au poignet, c’est une « bombe ». Historiquement, c’est une belle histoire, celle du premier chronographe automatique de la grande saga des montres suisses. Culturellement, c’est un bain rituel dans les légendes hollywoodiennes des années 1960 et 1970, aux sources de l’iconologie sacrée de notre époque, des icônes de la pop culture et des mythèmes fondamentaux qui structurent l’imaginaire contemporain. Ce qui faut beaucoup pour une seule petite montre…

WILHELM TELL : La quête d’une nouvelle authenticité horlogère…

Sous le signe de l’arbalète, le Wilhelm Tell qui a donné son nom à cette montre ne saurait être que le Guillaume Tell des légendesde l’indépendance suisse, celui de Rossini et de Schiller, celui qui aurait tiré un carreau d’arbalète dans une pomme posée sur la tête de son fils. Joli storytelling pour une montre qui veut réinventer la montre suisse – avec un 100 % Swiss Made tout ce qu’il y a de plus authentique – à moins de 500 euros : toute la Suisse horlogère vous jurera que c’est impossible ! Normal, la plupart des marques suisses font leur marché en Asie pour l’« habillage » de leurs montres, voire même pour les composants de leurs mouvements. Le designer suisse Eddy Burgener, créateur de la marque Wilhelm Tell, s’est attaqué à cette utopie comme on attaque les Grandes Jorasses ou le Cervin par la face nord – avec méthode. Sa montre automatique « 100 % produite en Suisse » est actuellement proposée en souscription sur Kickstarter, mais elle est si mal présentée qu’elle peine à convaincre les amateurs. Ce qui est dommage, parce que l’aventure mérite le respect : n’importe quelle autre marque suisse facturerait de cinq à dix fois plus cher, voire pire, une montre équivalente. C’était notre BA charitable de la semaine, au service des jeunes créateurs horlogers indépendants…

Lien Kickstarter : http://kck.st/2xCfTTo

CORUM : L’accastillage du poignet des loups de mer…

Le bronze est à la mode sur les poignets de la rentrée, mais Corum va plus loin avec cette Admiral AC-One 45 en bronze pré-patiné. Le « 45 » indique la taille du boîtier, qui n’est pas mince : sa patine a été stabilisée, mais les teintes prises par le bronze sont singulières pour chaque montre, qu’on pourrait croire retrouvée le matin même par des plongeurs au fond de la mer. Du temps de la marine en bois, de nombreuses pièces de l’accastillage étaient en bronze. On pourra donc choisir la nuance de cette oxydation « artistique », en remarquant que le cadran lui-même est traité en teck, dans le style nautique des ponts en petites lames de teck. Si vous vous demandez ce que signifient les index colorés de cette Corum, c’est que vous êtes passés à côté de la légende Admiral’s Cup, une des plus célèbres régates du monde : ces index triangulaires sont des pavillons nautiques – nom technique : « flammes numériques » – qui correspondent aux chiffres (1, 2, 3, etc.) du code international des signaux maritimes. Chaque amateur de montres est un vieux loup de mer qui s’ignore…

KIKKERLAND : Magnétiquement stalagmitique…

Tout le monde connaît le sablier, qui a été pendant des milliers d’années l’objet du temps le plus usité dans les cultures qui se souciaient de décompter le passage des heures. En revanche, l’idée d’un « sablier magnétique » est très novatrice : celui-ci est calé sur une minute, au cours de laquelle il construit patiemment une stalagmite de limaille de fer magnétisée par l’aimant qui se trouve dans sa base (vidéo ci-dessous). Chaque minute sculpte sa propre « figure » du temps qui passe – ce qu’on peut estimer très philosophique ! Comme ce menu plaisir d’une minute, conçu par Kikkerland Design, ne vous sera facturé qu’un peu moins de 20 euros pour ses 17 cm de haut, c’est probablement le chronographe métallique le plus accessible du marché…

HAUTLENCE : La haute mécanique en Technicolor…

Tornade chromatique chez Hautlence, une jeune maison indépendante et créative fondée en Suisse par des Français (le nom est l’anagramme de Neuchâtel, métropole horlogère de référence). La nouvelle version de la Vortex Gamma s’offre un boîtier dont le matériau composite (céramiques et nanotubes de carbone) est teinté dans la masse, à peu près dans n’importe quelle nuance. Ce matériau présente en outre l’avantage d’être quatre fois plus léger que le titane, tout en se travaillant et en se polissant comme les plus nobles des métaux horlogers. Entre l’ambiance d’une science-fiction inspirée par le film Tron et la tentation d’une aspersion (dripping) à la Jackson Pollock, la montre – très complexe sur le plan mécanique (les heures s’affichent sur une « chaîne »), mais les amateurs adorent – s’offre un bain de couleurs, qu’on peut personnaliser à outrance, du boîtier aux composants horlogers. La rencontre du design, de la matière et de la couleur maîtrisée, c’est bien ainsi qu’on définit une œuvre d’art, non ?

UN PEU DE TOUT sur presque rien…

••• GPHG 2017 : 72 montres sont présélectionnées pour l’édition 2017 du Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG). Pas de vraie surprise dans cette présélection, qui fait évidemment la part belle aux « grandes marques » de l’offre suisse et européenne (Audemars Piguet, Bvlgari, Chopard, Hermès, Parmigiani, Piaget, etc.), au détriment des « petites marques » indépendantes et des nouveaux venus extra-européens (à l’exception de Seiko). Le vrai scandale, c’est celui du prix moyen des montres ainsi présélectionnées par un jury indépendant de professionnels avertis : 130 000 euros par montre ! On ne pouvait pas envoyer un signal plus désastreux sur l’inaccessibilité supposée de l’horlogerie suisse… ••• CARTIER : comme Business Montres l’avait bien anticipé dès le mois de mai, la maison Cartier a choisi son icône de référence, la Tank, un peu oubliée ces dernières années, comme pivot de sa renaissance horlogère. On fête cette année le centenaire de la création de cette montre, qui est la plus ancienne référence commerciale du marché. Depuis 1917, on l’a vue un peu partout, à la ville comme à l’écran (ci-dessous : Rudolph Valentino dans Le fils du Cheikh, en 1926). Elle tire son nom de ses épais montants latéraux, qui évoque(raie)nt les chenilles d’un tank vu de dessus. En 1917, ces chars d’assaut étaient d’une modernité folle… ••• FOSSIL : si les horlogers suisses ne croient toujours pas à la montre connectée, le groupe texan Fossil dispose à présent de 300 références connectées pour ses 14 marques, soit un rôle de leader sur le marché stratégique de la « smartwatch de mode ». Au cours de ces douze derniers mois, le groupe a doublé ses ventes de montres connectées… ••• LA CROIX ET LA BANNIÈRE : faudra-t-il retirer les croix qui décorent les cadrans ou qui servent de logo à une quarantaine de marques suisses ? La question est posée et elle est d’une sensibilité géopolitique toute particulière, alors qu’on voit se multiplier dans le monde des offres commerciales dont on a volontairement effacé les croixqui ornaient images et emballages, pour ne pas risquer de heurter la sensibilité islamique. Dernier exemple en date : au nom d’une curieuse « neutralité », l’enseigne de grande consommation Lidl a retiré les croix qui ornaient un paysage d’églises grecques qui illustraient une offre de yaourts et de fromages « grecs »…

Lien Business Montres : http://bit.ly/2wX4IaT

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

Lien : https://businessmontres.com/

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