Quand le pavillon suisse flotte sur le grand Charles et quand les geekettes chinoises s’offrent un nouveau logo : c’est l’actualité des montres en mode estival<!-- --> | Atlantico.fr
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L’invitation au voyage d’une montre connectée pionnière, mais plus convaincante dehors que dedans…
L’invitation au voyage d’une montre connectée pionnière, mais plus convaincante dehors que dedans…
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Atlanti-tac

Mais aussi une pionnière de l’âge d’or qui ne se trompe pas de date, une horloge murale qui pense les heures en toutes lettres et le grand retour des petits carrés de poignet…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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LOUIS VUITTON (1) : Une smartwatch ultra-vuittonisée…

Ce devait être la grande opération de communication de l’été, mais le lancement de la nouvelle montre connectée Tambour Horizon de Louis Vuitton relève désormais plus de la déconvenue que de l’espérance. Non que la montre ne soit pas, esthétiquement, à la hauteur des collections de la première grande marque de luxe française : la montre idée aura été de loger cette montre dans le boîtier Tambour (42 mm), emblématique de la marque, avec toute une série de bracelets qui rappellent eux aussi avec force l’identité horlogère de Louis Vuitton et des variantes de l’écran tactile très horlogère (on change de « cadran » à volonté). Même la pochette du chargeur est porteuse du fameux monogramme. La déception serait plus fonctionnelle : sans doute pour gagner du temps et abaisser le prix de revient de cette Tambour Horizon (donc pour maximiser ses profits), Louis Vuitton a choisi de sous-traiter sa montre à l’intégrateur (chinois de Taïwan) Compal Electronics, dans un atelier californien, en l’équipant d’une système opération Android Wear 2.0 (Google) un peu trop classique pour être percutant : pas de moniteur cardiaque, pas de puce NFC pour le paiement sans contact, pas d’application vraiment originale, sinon quelques apparitions à l’écran de fonctions dédiées aux grands voyageurs (dans l’esprit des City Guides de Louis Vuitton). Le seul atout technologique de la montre sera d’être la première smartwatch équipée en Android Wear 2.0 à être compatible avec les exigences de l’administration chinoise, ce qui lui donne quelques mois de monopole avant que toutes les autres marques utilisant Android Wear ne débarquent à leur tour sur le marché chinois. 

LOUIS VUITTON (2) : Une enthousiasmante déception…

Une esthétique réussie et archi-démonstrative, sans argument techniques probants : pas de quoi justifier un prix très élevé (entre 2 500 et 3 000 euros) pour une montre relativement basique qui cible, en plus, une jeune classe moyenne chinoise déjà largement suréquipée d’électronique nomade (montres et téléphones) : dans elles seront dans la boutique Louis Vuitton de leurs rêves (ces Tambour Horizon ne seront pas vendues ailleurs), toute la question est de savoir si la fashionistajaponaise et la geekette chinoise préféreront payer ces 2 500 euros pour un sac à main ou pour une montre connectée qui aurait tendance à être technologiquement moins avancée que celles qui coûtent dix fois moins cher. Même question sur les vendeurs de ces boutiques Louis Vuitton, qui ont déjà beaucoup de mal à vendre les montres traditionnelles de la marque : seront-ils motivés pour argumenter autour de ces Tambour Horizon (dont Louis Vuitton prévoit de vendre 20 000 pièces dès la première année) alors qu’il est si facile de vendre un sac à main, pour le même prix, aux clientes énamourées. Donc, pour résumer, cette Tambour Horizon est une belle montre connectée, que Louis Vuitton a eu l’audace – c’est le côté enthousiasmant du produit – de lancer avant ses concurrents trop frileux (Chanel, Gucci, Hermès), mais elle est trop chère pour ce qu’elle est. Côté marketing, elle est aussi trop ouvertement « sinisée » pour séduire au-delà des aficionados de stricte observance d’une marque qu’on aurait espéré plus radicalement rupturiste dans ce domaine – c’est le côté décevant…

ORIS : La pavillon suisse du « R91 »…

C’est le genre de détails qui agace : soit le Charles-de-Gaulle, qui porte le pavillon tricolore et qui est un des porte-avions les plus prestigieux et les plus redoutables du monde. Il est tout de même étonnant – et dommage – que la « montre officielle » du vaisseau-amiral de la République soit… suisse ! C’est la maison Oris qui a été choisie pour réaliser les 1 890 exemplaires de la Big Crown PA Charles-de-Gaulle : le nom anglais de Big Crown associé à 1890 (date de naissance du général De Gaulle) est déjà, en soi, une bévue diplomatique, mais voir le Charles-de-Gaulle se mettre à l’heure du Swiss Made, sous pavillon helvétique, est un gag supplémentaire ! Peu importe, après tout, la montre (40 mm) est plutôt sympathique, sobre et gentiment rétro, avec une gravure en relief du Charles-de-Gaulle sur le fond du boîtier et la « pucelle » du porte-avions sur le cadran. Son mouvement est automatique et la couronne de remontage porte l’indicatif « R91 », qui est le numéro d’immatriculation réglementaire porté sur la coque du Charles-de-Gaulle. Pour le vecteur nautique de la dissuasion française, le prix public (autour des 1 500 euros) n’a rien de dissuasif. Le fleuron des flottes militaires européennes, seul porte-avions à propulsion nucléaire avec ceux des Etats-Unis, méritait cependant mieux que de porter les couleurs « neutres » d’une marque suisse…

QLOCKTWO : La quatrième dimension du temps qui passe…

D’origine allemande, les pendules murales QlockTwo sont parmi les plus extraordinaires objets du temps jamais créés. Les heures ne s’y affichent pas avec des aiguilles, ni avec des chiffres, mais avec des mots, en toutes lettres, dans une vingtaine de langues, y compris le russe ou l’arabe. L’affichage typographique change toutes les cinq minutes, les points lumineux aux quatre coins du « cadran » indiquant les minutes intermédiaires. En version d’appartement, le carré peut faire jusqu’à 1,80 m de côté (en horloge de table-réveil, on passe à13,5 cm de côté) : c’est un fantastique « tableau » dédié au temps qui passe, avec une infinité de décors possibles, selon les matériaux et les finitions interchangeables du « cadran ». La version en cuivre oxydé (ci-dessous) est une des plus expressives qui soient : la patine est stabilisée, mais chaque cadran devient une « pièce unique » qui permet de méditer à la fois sur les heures, mais aussi sur le temps qui embellit ces heures en érodant les objets qui prétendent l’exprimer. On vous aura prévenus : ne dévoilez jamais cette horloge murale à vos invités ! Sinon, ils passeront leur soirée à subir sa fascination…

TUDOR : Un condensé addictif de marqueurs identitaires…

Cette montre Heritage Black Bay est une friandise totalement pulsionnelle pour amateur gourmand : impossible de ne pas aimer la réinterprétation contemporaine des grandes montres de plongée Tudor de l’âge classique (notamment celles qui équipaient les nageurs de combat français des années 1960) ! Tout est juste, des couleurs noir, or jaune et ivoire du cadran, comme neuf mais déjà patiné, aux touches d’or du boîtier et du bracelet qui renoue avec la tradition des « rivets » de l’âge d’or, en passant par les aiguilles et les chiffres de la lunette. La mécanique a été modernisée, puisqu’il s’agit du mouvement manufacture développé par Tudor. La date a été ajoutée, mais sans loupe grossissante, ce qui fait encore plus vintage. En fait, cette montre condense et récapitule l’héritage esthétique de la marque et c’est ce qui fait sa force. On peut la préférer sur bracelet cuir vieilli, mais Tudor vous offrira dans tous les cas un second bracelet en tissu, lui aussi très vintage. Le mieux reste que la marque ait eu l’excellente idée de contenir son prix au-dessous des 5 000 euros avec le bracelet or-acier (3 500 euros sur cuir), ce qui n’est jamais que le tiers ou le quart du modèle d’époque…

EMPORIO ARMANI : Le bonheur est dans le pré carré…

Il va falloir vous y faire : après n’avoir juré que par les montres rondes pendant des années, la tendance horlogère s’inverse et revient à des boîtiers carrés, dont cette Modern Square proposée par Emporio Armani est un excellent porte-drapeau. On y retrouve la rondeur qui atténue la dureté du carré de 38 mm, les chiffres romains de la tradition qui contrastent bien avec le blanc mat du cadran, l’or rose qui fait de la résistance et le bracelet en alligator noir comme les grandes sœurs suisses qui ajouteront un zéro au prix de vente de cette montre (proposée par Emporio Armani à 269 euros). La version féminine en 30 mm est admirable, surtout à 219 euros. Pas belle, la vie des montres ?

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

Lien : https://businessmontres.com/

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