Quand la minute ne dure que 58 secondes, quand l'Ivresse tourne au gongorisme et quand un gyroscope remonte les mouvements : c'est l'actualité des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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Le raffinement esthétique poussé à l’extrême du mouvement mécanique de la Badollet Ivresse, qu’on ne découvre qu’au verso de la montre. Très gongorisant, non ?
Le raffinement esthétique poussé à l’extrême du mouvement mécanique de la Badollet Ivresse, qu’on ne découvre qu’au verso de la montre. Très gongorisant, non ?
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Et aussi : les codes virils d'une montre de pilote du IIIe millénaire, les codes transgénérationnels du denim et le spleen mécanique d'un âge d'or révolu...

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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NIXON : La dictature du denim étend sa contagion au poignet…

Vous n’échapperez plus au style jeans, même au poignet. Pour une de ses collections de printemps, Nixon – jeune marque horlogère spécialisée dans l’art de vivre nouvelle génération – sacrifie à son tour à cette tendance, lancée par des marques plus huppées (entre autres, Hublot) : rhabillée en denim délavé, la montre The Mellor de la collection Washed Out a l’air d’ironiser sur ces codes transgénérationnels : pour 130 euros, on peut s’offrir le grand frisson d’un petit décalage au poignet. Si le cadran légèrement ivoire et bien vu, on aurait préféré que le bracelet soit un peu plus large : là, il fait mesquin…

BAUME & MERCIER : La nostalgie de l’âge d’or des montres mécaniques…

C’était avant que l’électronique ne déferle dans nos vies quotidiennes, quelque part entre les années 1950 et les années 1960 : les heures étaient sagement réglées par des montres aux mécaniques éprouvées, taillées dans cet acier dont on ne voulait plus jamais faire des canons. Les montres suisses régnaient sur le monde et Baume & Mercier était une des étoiles les plus brillantes de cette galaxie. Entrée aujourd’hui dans le groupe de luxe Richemont, la maison Baume & Mercier se cherche un nouveau destin et, en attendant de l’avoir trouvé, s’offre une bouffée de nostalgie avec cette Clifton dotée d’une petite seconde et d’un mouvement automatique éprouvé. Quelques notes d’or sur le cadran argenté, avec de repères bleus pour la touche rétro des minutes. Un bracelet acier aux maillons poli-satiné pour les baroudeurs du tout terrain urbain. Même le boîtier joue la discrétion en 41 mm…

MONDAINE : L’hyper-précision d’une mystérieuse minute de 58 secondes…

Bon, d’accord, la tradition exige un affichage noir sur un cadran blanc, mais tout le monde n’a pas forcément envie d’avoir l’exacte et fameuse horloge des chemins de fer suisses à son poignet. La montre Stop2Go conserve d’ailleurs le décalage d’une pause de deux secondes avant de changer de minute, ce qui fait que l’aiguille des secondes à palette rouge fait le tour du cadran en 58 secondes : mystère abyssal de la précision suisse. Donc, pour changer, une version boîtier noir-cadran noir, très tendance et tout aussi lisible, toujours avec le logo trilingue du réseau ferroviaire helvétique et toujours avec ce mouvement électronique à la ponctualité suspendue aux deux secondes du passage à la minute suivante. Un design si sublime qu’Apple l’a repris pour les horloges de ses iPad…

SPEAKE-MARIN : « Fight, Love & Persevere », nous dit la Wing Commander…

On est ici dans le meilleur de la nouvelle vitalité horlogère britannique, même si Peter Speake-Marin, un des plus brillants représentants de cette génération émergente a choisi de s’installer en Suisse pour avoir les coudées franches avec ses fournisseurs. L’inspiration est celle des montres militaires (cadran ultra-lisible, boîtier dit « de travail » volontairement rustique et fonctionnel, rigueur mécanique des attaches du bracelet, la couronne de remontage surdimensionnée), mais avec quelques subtils décalages dans le dessin des aiguilles,, la grande date ou le disque sculpté qui matérialise l’écoulement des secondes. Cette Spirit Wing Commander nous renvoie à la fois au monde de l’aviation (celui des premières montres de pilote) et aux codes virils de l’horlogerie du troisième millénaire. C’est une montre endurante (mouvement automatique), qui nous enjoint de passer à l’action : « Fight, Love & Persevere », nous affirme la gravure au dos de la montre. Mieux qu’une devise, c’est un art de vivre…

BADOLLET : Le mystère d’une Ivresse qui résume la démesure des montres suisses…

Regardez bien cette montre en platine, d’allure relativement simple (trois aiguilles) : c’est une des plus sublimes représentantes de ce que les horlogers suisses savent faire de mieux. Un mouvement mécanique à complication (tourbillon) qui n’a été réalisé que pour cette montre exceptionnelle, avec des finitions que n’auraient pas renié les grands maîtres du XVIIIe siècle (image en haut de la page, sous le titre), un design ultra-soigné qui résume dans un style contemporain la culture de quatre siècles voués aux beaux objets du temps, avec une attention minutieuse portée au moindre détail, à l’angle de chaque courbe, à la tension de la moindre ligne, un cadran dont le bleu magnifie l’éclat d’un boîtier en platine dont le rectangle cambré reprend l’esprit des montres de collection des années 1930. Seul inconvénient : le prix, qui dépasse les 200 000 euros. Pour deux aiguilles, même d’une élégance folle, c’est peut-être un peu beaucoup, même si ce prix peut se justifier par une approche de très haut niveau pour chaque élément de la montre. Trop coûteux, sans image de marque pour soutenir cette prétention, le superlatif trop coûteux ne trouve pas preneur : à force de raffinements byzantins dans la décoration et d’intransigeance dans le minimalisme conceptuel, l’horlogerie suisse glisse hors des réalités de son marché, y compris du marché des milliardaires émergents – qui n’ont de toute façon pas la culture nécessaire pour apprécier l’hyper-qualité d’une telle montre. Zéro défaut, mais zéro client : il faudrait peut-être que les über-virtuoses de la nouvelle horlogerie remettent les pieds sur terre…

BERNARD FAVRE : Une sculpture qui remonte les montres automatiques…

Sur le marché encore balbutiant des remontoirs de montres (des dispositifs automatisés qui « rechargent » en permanence le mouvement de la montre quand elle n’est pas portée, il existe déjà bon nombre de propositions, à tous les prix, mais très peu ont l’élégance du système Planet de l’accessoiriste suisse Bernard Favre. Ce créateur a retenu le meilleur de l’esprit Swiss Made pour imaginer un remontoir très graphique et inspiré par le style des anciens chronomètres de marine : au XIXe siècle, on les installait sur un système gyroscopique pour équilibrer le roulis du bateau et l’enseigne chargé de les remonter risquait le fouet s’il oubliait de le faire. Ce remontoir Planet est un objet de vitrine, sous une cloche de verre qui rappelle les pendules de cheminée : bien dessiné, ce mariage de mécanique et d’électronique, se présente avec plusieurs programmes d’un remontage qui reproduit les mouvements du poignet et qui répond aux spécifications des montres du marché (prix de base autour de 1 200 euros, pour 120 jours d’autonomie : voir la vidéo de démonstration ci-dessous). L’atelier de Bernard Favre peut personnaliser ces remontoirs (matières, couleurs, juxtaposition dans un même meuble)…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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