Pussy Riot : quand Internet fait face à Vladimir Poutine<!-- --> | Atlantico.fr
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Trois musiciennes du groupe russe Pussy Riot, arrêtées en février pour avoir déclamé une "prière punk" dans la cathédrale de Moscou, sont jugées pour avoir "infligé de profondes blessures morales à des chrétiens orthodoxes".
Trois musiciennes du groupe russe Pussy Riot, arrêtées en février pour avoir déclamé une "prière punk" dans la cathédrale de Moscou, sont jugées pour avoir "infligé de profondes blessures morales à des chrétiens orthodoxes".
©Reuters

Revue de blogs

Le jugement des trois jeunes femmes du groupe de punk russe Pussy Riot pour une "prière" anti-Poutine, sera rendu le 17 août. En attentant, la toile se mobilise et dénonce un procès stalinien.

Le girls band russe Pussy Riot dont le procès pour " hooliganisme et incitation à la haine religieuse" se déroule actuellement (verdict le 17 août) est LE sujet de conversation en Russie, et fait des vagues très loin, au nom de la liberté d'expression. Daniil, un Russe vivant à Bordeaux, a récapitulé l'affaire Pussy Riot et une certaine dérive vers le fondamentalisme orthodoxe que connait la société russe sur le webzine bordelais Chartronsplacetobe. Désormais, il s'agit d'une affaire internationale, les Pussy Riot ayant malgré elles cristallisé toutes les tensions et contestations de la jeunesse et de l'opposition russe condamnées à Poutine. 

Photo de Macha, Nadia et Kati lors de leur procès, sur le site de campagne Pussy Riot Eng



La "prière anti-Poutine" improvisée par les Pussy Riot dans une église orthodoxe, pour lequel elles sont inculpées



Une performance des Pussy Riot sur la Place Rouge à Moscou en 2011

Mobilisation mondiale

Amnesty International a organisé une campagne de soutien par SMSau nom de la liberté d'expression. Les autorités moscovites, bombardées de protestations venues du monde entier, ont coupé court en débranchant leur fax ce lundi, mais les pétitions et appels à la clémence ou à la relaxe continuent d'affluer dans les ambassades russes à l'étranger. La prise de position dMadonna lors d'un concert en Russie n'a fait qu'embraser un peu plus le phénomène.

Une journée mondiale de soutien est organisée vendredi 17, jour du verdict, dans le monde entier. Le Royal Theatre de Londres organise le même jour une lecture publique par de grands acteurs anglais des témoignages lors du procès pour "défendre le droit des artistes à remettre en cause les décisions de l'Etat". En France, comme dans le monde entier, des manifestations sont prévues. A Nantes, par exemple, Indymedia fixe "Rendez-vous à l'entrée du château des Ducs à 12h30, avec bien sur des fringues colorées et une cagoule noire en signe de protestation". 


La photo des Pussy riot en janvier 2012 sur le site de Amnesty International (Photo Igor Mouxin)

 Outre Madonna, de nombreux artistes se sont mobilisés pour témoigner leur soutien : Bjork, en concert en Finlande, leur a dédié sa chanson "Declare Independence". Peaches a fait de même, avec une vidéo de soutien. L'affaire provoque des torrents de créativité, des graphismes et tags au pochoir apparaissent dans les rues et sur les murs de toute l'Europe, et des prises de position surprenantes, voire folles, se multiplient.  Le maire de Reykjavik, capitale de l'Islande,a défilé cagoulé comme une Pussy Riot sur un char, lors de la Gay pride locale. Un artiste russe s'est littéralement cousu les lèvres en signe de protestation. 

 Pussy Riot contre Armée de Poutine

De l'autre côté, en Russie, où les Pussy Riot sont loin de faire cette unanimité, les insultes et les passions volent très bas. Le Moscow Times relaye chaque jour une nouvelle prise de position haute en couleurs. Le député Rogozin a traité Madonna de "putain" pour son soutien au groupe. Une danseuse classique les juge sur son blog "bonnes pour nettoyer les chiottes". La blogosphère russe est toujours très turbulente : s'il faut juger la provocation des Pussy Riot à l'aune des vidéos militantes des "filles pour Poutine", une communauté virtuelle qui a beaucoup fait et donné sur le web durant sa dernière campagne électorale (vidéos ci-dessous), on peut remarquer que ces dernières n'ont jamais été inquiétées et qu'elles font profil bas en ce moment. 

Vidéo pré-électorale du groupe "Les filles pour Poutine"



Une autre vidéo pro-Poutine de la communauté "L'armée de Poutine" mise en ligne la veille du jour des élections

Les trois inculpées, qui risquent de 3 à 7 ans de prison, et dont deux sont mères d'enfants en bas âge, ont dans leur déclaration finale aux juges dressé un véritable réquisitoire de Poutine et de l'appareil d'état russe. Un simple extrait de leur déclarations :

"La passion, la totale honnêteté et la naïveté sont supérieure à l'hypocrisie, la mendicité et la fausse modestie utilisées pour maquiller le crime. Les supposés dirigeants de notre état sont là dans la cathédrale avec leurs visages vertueux, mais dans leur ruse, leur crime est plus grand que le nôtre."

"Nous organisons des performances punk en réponse à un gouvernement qui est pourri de rigidités, de réticences et de structures hiérarchiques qui ressemblent à des castes. Il est de façon si évidente investi dans le service d'étroits intérêts corporatistes que cela nous rend malades de simplement respirer l'air russe. Nous nous opposons de façon catégorique à cela, ce qui nous oblige à agir et à vivre de façon politique". 

Les Pussy Riot ne plieront pas, c'est évident. Par la faute de trois punkettes qui ont du cran, Poutine se prépare une fin d'été torride.  

Photo de Nadia à la sortie de la salle d'audience, par @navalny4, sur Instagram

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