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Les primaires socialistes, « la seule élection que les socialistes sont sûrs de gagner », s'amuse François Hollande.
Les primaires socialistes, « la seule élection que les socialistes sont sûrs de gagner », s'amuse François Hollande.
©Reuters

« Politico Scanner »

Si François Hollande semble être le favori des sondages, rien n'est joué pour le 16 octobre prochain. Les statistiques dessinent les grandes tendances mais ne font pas tout...

Guillaume Peltier

Guillaume Peltier

Guillaume Peltier est député de Loir-et-Cher et vice-président délégué des Républicains. Il a été professeur d'histoire-géographie, chef d'entreprise et porte-parole de Nicolas Sarkozy.

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Quatre hommes, deux femmes et un fauteuil. C’est l’équation des primaires socialistes, « la seule élection que les socialistes sont sûrs de gagner », selon le bon mot de François Hollande - himself – et actuel favori des sondages, qui redore au passage le blason de l’humour corrézien. Sondages qui pourraient laisser croire que rien ne sert de concourir puisqu’on connaît déjà le vainqueur. Mais il n’en est rien, car en politique, les statistiques même si elles dessinent des grandes tendances, ne font pas tout. Et heureusement.

En attendant Hollande ?

  • Le meilleur candidat pour faire gagner la gauche

D’abord François Hollande est le candidat le plus susceptible de battre Nicolas Sarkozy. Toutes les dernières intentions de vote mesurées par les principaux instituts de vote le prouvent, il faut le dire sans ambages. En moyenne, Nicolas Sarkozy recueillerait 24,3% des suffrages*, certes loin des 31% du premier tour de 2007 mais cela reste un solide premier tour quand on sait que le positionnement de Président sortant est loin d’être avantageux par rapport à la posture de candidat de la rupture de 2007. Surtout, ces moyennes nous révèlent que c’est François Hollande qui mettrait le plus en difficulté le chef de l’Etat. Hollande est donné entre 28,5 (Harris Interactive) et 35% (LH2) des intentions de vote pour une moyenne de plus de 30,5%. Loin devant Martine Aubry, qui oscille elle entre 24% (Harris Interactive, à égalité avec Nicolas Sarkozy) et 30% (LH2). Systématiquement derrière Hollande, la maire de Lille est distancée de quatre points, et réalise une moyenne de 26,5% sur ces sondages. Bien qu’il ne concerne pas directement les primaires, l’argument jouera probablement auprès de ceux qui se rendront aux urnes citoyennes les 9 et 16 octobre prochains.

* moyenne des sondages publiés depuis début septembre (Harris Interactive le 5 septembre, LH2 le 3 septembre, Ifop le 3 septembre, Ipsos le 3 septembre)


  • Le candidat en tête de la course à l’investiture

Les primaires, venons-y.  Comme le montre le graphique ci-dessous, François Hollande est en tête tous instituts confondus. Surtout, il bénéficie d’une dynamique positive, et gagne des points partout, (sauf pour l’Ifop/JDD où il en perd un) contrairement à sa rivale lilloise qui en perd elle, quel que soit l’institut.

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  • Le candidat à l’électorat le plus solide

Enfin, et c’est peut être les enseignements les plus importants à retenir des dernières études sondagières : le socle électoral de François Hollande est plus solide que celui de Martine Aubry. En effet, les catégories qui votent le plus, que ce soit parce qu’elles obéissent à un principe héritée d’une culture historique (les plus âgés) ou parce qu’elles y trouvent un intérêt politique (les sympathisants PS), sont davantage représentées dans l’électorat du président du Conseil général de la Corrèze.

 - Pour l’Ifop, « il apparaît que François Hollande fonde particulièrement son avance sur les personnes âgées de 65 ans et plus (58%) » pour une moyenne de 41% auprès de l’ensemble des sympathisants de plus... L’avance est notable aussi auprès des sympathisants PS, 47% Hollande contre 31% Aubry ; le rapport de force est de « seulement » 41% contre 31% pour Hollande chez les sympathisants de gauche. Autrement dit, on ne note pas de progression entre sympathisants de gauche et sympathisants du PS pour la (toute récente ex-) première Secrétaire du PS…

- Même constat pour Ipsos qui note  que l’électorat de François Hollande est « davantage composé d’électeurs s’intéressant fortement à la primaire ; et il l’emporte nettement ensuite chez les plus âgés, traditionnellement les plus participationnistes »

Et si ce  n’était pas lui…

Pas d’équation sans … inconnues. On peut en déceler au moins trois en ce qui concerne ces primaires socialistes.

  • Une base électorale insaisissable

D’abord, on ne sait pas bien qui ira voter aux primaires. Difficile donc d’être précis quand la base électorale, elle, est floue. Ce qui est sûr, c’est que les primaires sont ouvertes aux « sympathisants de gauche », socle bien plus ouvert que les seuls adhérents d’un parti. Pour rappel, lors de la primaire EELV, 33 000 personnes étaient habilitées à voter, environ la moitié d’adhérents et l’autre de « contributeurs » qui s’apparentaient à sympathisants séduits par la campagne verte qui les incitaient à venir voter et autour de 25 000 se sont déplacés. La donne change au PS: on ne sait pas combien de personnes vont se mobiliser et les pronostics vont bon train : 500 000 serait un échec, 1 million un minimum et 4 millions (projection tirée d’un sondage Ifop pour le JDD) un succès.

  • Des consignes de vote inconnues

Contrairement à 2007 où Ségolène Royal avait survolé les primaires et s’était qualifiée dès le premier tour, haut la main, à 60%, il à fort à parier qu’il y aura un second tour ce coup ci. Qui dit second tour, dit consignes de vote (et donc tractations) dans la semaine de l’entre-deux tours. Même si les consignes de vote sont loin d’être suivies par les électeurs qui n’aiment pas qu’on leur dicte leur conduite, au regard de la configuration supposée aujourd’hui, il ne faut pas négliger que les 4 candidats qui seraient disqualifiés le 9 octobre représentent, ensemble, plus de 25% environ des suffrages.

De quoi faire basculer une élection. Dans cette optique l’attitude de Ségolène Royal, si elle terminait 3ème pourrait être décisive. Et qui sait elle ne créera pas la surprise, après tout, elle nous y a habitués par le passé. L’enquête d’Ipsos, « fait apparaître un socle d’électeurs non négligeable en faveur de Ségolène Royal. Certes nettement distancée par Martine Aubry et surtout François Hollande au 1er tour, Ségolène Royal obtient malgré tout 18% des suffrages dans notre enquête. Davantage que pour François Hollande et Martine Aubry, sa personnalité est un élément important des motivations de vote de son électorat. Elle pèsera donc incontestablement dans le scrutin. »

  • Des reports de voix incertains

Enfin, dans les hypothèses de second tour testées par les sondeurs (qu’il faut prendre avec des pincettes), il faut bien remarquer que François Hollande ne bénéficie pas de reports de voix qui jouent en sa faveur, dans le cadre d’un second tour qui l’opposerait à Martine Aubry. Dans ce duel hypothétique, l’écart avec Martine Aubry se resserre, comme si les rapports de voix seraient à l’avantage de cette dernière.

- Pour l’Ifop, le rapport de force serait de 55% en faveur de François Hollande contre 45% pour Aubry, qui hériterait donc de plus de voix que son adversaire dans l’entre deux tours.

- Et pour Ipsos, «  les matrices de transfert entre le premier et le second tour montrent que les reports des électeurs de Ségolène Royal sont plus favorables à Martine Aubry, ce qui réduit l’écart au second tour : 53% de ces derniers sont tentés par un vote en faveur de Martine Aubry, 31% en faveur de François Hollande et 16% ne se prononcent pas ou ne voteraient pas ».

Rivaux aujourd’hui, les socialistes devront prouver qu’ils n’ont été adversaires que par intermittence  et qu’ils sont toujours camarades. Une façon aussi de résoudre l’équation de ces primaires…

Guillaume Peltier pour La Lettre de l'opinion


Jérôme Fourquet pour l'IFOP

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