Les « patineurs artistiques » : un artisanat en pleine expansion

Il ne vous a pas échappé que depuis quelques années – et singulièrement depuis deux ans où la tendance s’amplifie – de plus en plus d’hommes ont découvert le plaisir, que dis-je, la passion des belles patines sur une paire de souliers.

Il y a quinze ans déjà, Berluti était l’une des seules maisons à proposer des patines à la carte. D’ailleurs la réputation de la boutique de la rue Marbeuf s’était, à l’époque, largement forgée autour de cette approche artistique des souliers. Aujourd’hui, alors que de plus en plus de maisons ont compris le potentiel d’attractivité de ce type de prestations (plus seulement réservées aux maisons de luxe), Berluti tente de conserver son avance sur le sujet en ne parlant plus de « patineurs » mais de « coloristes ».

De nos jours on ne compte plus les chausseurs ayant « misé » sur la belle patine pour se faire connaître ou ceux proposant des patines à la carte en prestation standard (Marc Guyot, Aubercy).

(© Marc Guyot)

(© Marc Guyot)

Autre – heureux – signe des temps, il est désormais possible de s’adresser, après l’achat initial de votre paire de souliers,  non pas « simplement » à des cordonniers, mais bien à des ateliers artisanaux 100% spécialisés dans les glaçages et patines. Et à Paris, nous avons la chance de posséder trois champions du patinage artistique qui réalisent, chacun dans leur style, des prouesses.

Le premier d’entre eux est Paul Bolten (aka Paulus Bolten), célèbre patineur d’origine hollandaise qui sévit dans le quartier de l’Avenue Mozart et qui, depuis quelques années, organise des soirées « patines et glaçages » pour les plus mordus d’entre vous. J’ai pu à de nombreuses reprises admirer le rendu ultra sophistiqué de son travail d’orfèvre. Voici, ci dessous, quelques « créatures » by Paulus Bolten :

(© Paul Bolten)

(© Paul Bolten)

(© Paul Bolten)

(© Paul Bolten)

(© Paul Bolten)

Le second champion de patinage artistique, vous le connaissez si vous êtes des lecteurs fidèles de Parisian Gentleman, puisqu’il s’agit de Laurent Di Mascio, qui officie depuis deux ans environ dans son joli petit atelier de la rue St Ferdinand. Dans un registre peut-être un peu plus sobre que Bolten, Di Mascio offre lui aussi des prestations de très bonne qualité allant du « simple » cirage à la patine. Voir ci-dessous deux exemples de son superbe travail :

(© Laurent Di Mascio)

(© Laurent Di Mascio)

Enfin, nous ne pouvons terminer cet article sans mettre en avant le travail ébouriffant de Hom Nguyen, véritable OVNI dans le petit monde feutré des ateliers de patines pour souliers haut de gamme à Paris.

Ce mystérieux artisan (artiste ?), « patineur-tatoueur-coloriste » fait de plus en plus parler de lui avec des créations particulièrement débridées (doux euphémisme) qui font souffler sur le monde des souliers masculins, un délicieux vent de liberté et de possibilités quasiment infinies… Aux dernières nouvelles Hom aurait décidé de se consacrer désormais à son travail d’artiste contemporain et de mettre en veille (temporairement nous l’espérons) son activité de patines.

Voici cependant quelques unes de ses réalisations… Ouvrez grand vos yeux, car Hom est, sans conteste l’artisan proposant les patines les plus audacieuses : ci dessous, une paire de Berluti sur laquelle un extrait des « Fleurs du Mal » est tatoué, un paire de Marc Guyot avec des motifs « paisley » et, bien entendu, ces incroyables rollers (Marc Guyot) qui laissent pantois…

(© Hom)

(© Hom)

(© Hom)

(© Hom)

(© Hom)

Pour ceux d’entre vous qui n’ont pas encore fait le pas (si j’ose dire), je ne peux que leur conseiller de goûter à ces prestations qui, lorsqu’elles sont bien réalisées, transfigurent à peu de frais une paire de souliers et leur confèrent une personnalité unique. Et si vous avez peur de vous lancer directement dans une patine sophistiquée, goûtez déjà aux joies du glaçage chez Di Mascio ou chez Bolten. Vous verrez, ça change tout. Mais attention, le potentiel addictif de ce genre de choses est TRES élevé… tandis que les tarifs, quant à eux, restent plus que raisonnables…

Cheers, Hugo