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Le War President
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Revue de presse des hebdos

Tandis que grandit la menace nucléaire et qu’enfle dans les urnes la vague bleu Marine, le président en mode “ Google Earth ” n’a d’yeux que pour la Lybie.

Barbara Lambert

Barbara Lambert

Barbara Lambert a goûté à l'édition et enseigné la littérature anglaise et américaine avant de devenir journaliste à "Livres Hebdo". Elle est aujourd'hui responsable des rubriques société/idées d'Atlantico.fr.

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A l’heure où le nuage de Fukushima passe sur nos têtes, ses particules qu’on nous dit sans danger pour la santé s’infiltrent dans tous nos hebdos. Moins touffue que le dossier “ Nucléaire ” du “ Point ”, l’enquête de “ VSD ” se révèle explosive. Le magazine est en effet parti à la rencontre des “ précaires du nucléaire ”. Au nombre de “ six mille, explique-t-il, ils travaillent un jour dans une centrale, le lendemain dans une autre. (…) Philippe Billard a longtemps été “ jumper ” (“ sauteur ”). Cela consiste à se faufiler dans le générateur vapeur pour poser une “ tape ” (une sorte de trappe métallique). Un endroit particulièrement exposé aux radiations. “ Au top départ, un premier mec entre, raconte Philippe Billard. Il va positionner la tape, reste une minute, ressort. Un deuxième se faufile pour placer la pièce, puis ressort. Un troisième installe le robot visseur-dévisseur télécommandé, puis ressort… ” ”. La dose annuelle de radiations “ autorisées ” fait théoriquement l’objet de contrôles, mais “ il arrive de manger un quart de la dose annuelle en deux minutes !, précise le “ jumper ”. Quand tu atteins ta dose limite, tu dois t’arrêter. Certains intérimaires planquent donc leur badge ” pour continuer à travailler. Ce qu’EDF dément ”. Détonant.

Attention, ça boume à “ L’Express ” ! Pour inaugurer sa nouvelle formule, Christophe Barbier a tombé l’écharpe rouge et retroussé sa manche — la droite, pas la gauche. Dans son édito, le directeur de la rédaction voit en l’épisode lybien la réponse “ à ceux qui doutent depuis trois ans de la capacité de Nicolas Sarkozy à remplir sa fonction : le Charles de Gaulle en Méditerranée efface le sillage bling-bling de 2007 et, en 2012, (il) sera vraiment le président sortant, parce qu’en 2008 et en 2011 il aura vraiment été le président ”. A lire l’article de une consacré au “ Dernier combat ” de Kadhafi, le succès de l’opération “ Aurore aux doigts de rose ” est pourtant loin d’être assuré. Car c’est “ sur terre que se jouera l’issue de (l’intervention). Et ce ne seront ni les Américains ni les Européens qui enverront des troupes au sol, ce que, du reste, les insurgés lybiens excluent eux-mêmes ”. On court bien donc le risque d’un “ enlisement ” ou d’une “ partition du pays, c’est-à-dire un retour à la situation d’il y a deux semaines. Dans cette hypothèse, conclut le journal, le colonel verrait son autorité réduite à un émirat autour de Tripoli et de Syrte. Il conserverait sa capacité de nuire ”. Ca vous pose, tout de suite, un “ président ”.

C’est assez criant, même Bernard-Henri Lévy est inquiet. Dans “ Le Point ” qui, sur quatre pages, tresse des lauriers à “ BHL, l’autre ministre des Affaires étrangères ”, le philosophe-diplomate “ voit mal la résolution adoptée, jeudi dernier, en un vote historique, (…) accoucher de cette souris ”. Et de tonner, sabre au clair : “ Avec ce Kadhafi-là, il n’y a plus ni négociations ni compromis possibles. A ce terroriste sans limite, il appartient à la communauté internationale de dire, à l’unisson du peuple lybien et de son Conseil national de transition, “ Kadhafi, dégage ! ”. Etrange écho : dans un autre article du “ Point ”, le président lui-même est cité disant “ Ce fou de Kadhafi doit partir ! ”. Son auteur, Saïd Mahrane, y évoque un “ Sarkozy Imperator ” “ en mode Google Earth ” suivant “ heure par heure l’évolution de l’opération ” lybienne. “ A l’Elysée, écrit-il, il n’y a pas encore de “ war room ” ; il y a un “ war president ”.

En pleines cantonales, et vus les résultats de dimanche dernier, voilà qui doit réjouir l’UMP ! “ Devant l’ampleur de sa défaite face au FN et au PS, la droite est en plein désarroi, souligne Sylvie-Pierre Brossolette. L’effet Lybie n’a pas eu lieu – ou pas encore. La victoire diplomatique de la France n’a pas modifié le rapport des forces dans l’Hexagone. Et un redoutable piège s’est refermé sur Nicolas Sarkozy et son parti lors du premier tour des élections cantonales. L’UMP est au plus bas. Et la vague bleu marine au plus haut (…) L’ex porte-parole et encore secrétaire national de l’UMP Dominique Paillé met carrément les pieds dans le plat pour expliquer l’attitude des électeurs : “ Il y a un rejet de Sarkozy. Les gens n’en peuvent plus de lui. C’est de la haine, même dans nos rangs ”. A part lui, tous le constatent apparemment : “ la stratégie de droitisation ” qui avait fait recette ne marche plus. “ La victoire de Nicolas Sarkozy en 2007, était en fait la nôtre, confie Marine Le Pen au lendemain du scrutin. Il nous avait volé notre idéologie. A la prochaine présidentielle, les électeurs voudront que nos idées soient appliquées par nous-mêmes ”. De quoi en faire trembler plus d’un, mais pas Nicolas Sarkozy qui, écrit la journaliste du “ Point ”, “ pense qu’elle va finir par se dégonfler : “ Mieux vaut que ça pète quatorze mois avant ”, affirme-t-il crânement ”.

Et pendant ce temps-là, annonce le “ Nouvel Observateur ”, “ le FN recompose la droite ”. “ Depuis toujours, explique le journal, la droite est binaire. Elle est forte de deux composantes, la composante bonapartiste et l’orléaniste ”. Réunies par Chirac au sein de l’UMP, les revoilà dissociées : “ la droite se retrouve à nouveau clivée entre deux formations sensiblement de la même force, l’UMP et le FN. (…) Marine Le Pen passe son temps à dénoncer l’ “ UMPS ”. Mais c’est peut-être l’ “ UMFN ” qui est en gestation ”. Pour barrer la route à ce mouvement, l’hebdomadaire lance un appel contre le “ débat-procès de l’Islam ” que cache, selon lui, le débat sur la laïcité du 5 avril. “ Dans un climat de forte poussée de l’extrême-droite, après le fiasco du débat sur l’identité nationale, qui a libéré la parole raciste, nous estimons ce nouveau débat biaisé, stigmatisant et susceptible de mettre en péril une cohésion sociale déjà largement mise à mal par la politique actuelle ”, écrivent les signataires. Seront-ils entendus ? Dans “ Les Inrockuptibles ”, Dominique de Villepin, nouvel “ ami ” du président, le dit : “ Nicolas Sarkozy est hanté par les responsables politiques qui ont reculé, Mitterrand en 1982, Chirac en 1995… Lui veut être celui qui ne recule pas ”. Comme ça, on est prévenu.

A lire encore dans vos hebdos, un reportage sur Benghazi reprise et libérée, mais vu du côté lybien (“ Inrocks ”), les “ Barbouzes du CAC 40 ” (“ VSD ”), Isabelle Balkany en campagne (“ Le Point ”), et dans l’ “ Obs ” qui sort son gros dossier “ Immobilier ” : l’ “ Histoire secrète de la (résolution) 1973 ”, la nouvelle “ Affaire Tapie ”, l’édifiant “ Micmac à Conakry ” impliquant Vincent Bolloré, Bernard Kouchner et… Nicolas Sarkozy. Damned ! Encore lui !

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