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Manuel Valls contre la gauche passéiste et... socialiste : l'interview-choc ; clan Le Pen : ses drôles de réseaux russes et le complot contre Jean-Marie
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Revue de presse des hebdos

Mais aussi le Premier ministre pas contre le contrat unique et pour une réflexion sur la question de la globalisation et de l'identité, Juppé candidat des élites de droite comme de gauche, François Hollande "le plus irréformable des Français" selon Marcel Gauchet et, et, et... ce que pense le juge Trévidic de la lutte contre l'islamisme radical. Explosive, la revue de presse des hebdos !

Barbara Lambert

Barbara Lambert

Barbara Lambert a goûté à l'édition et enseigné la littérature anglaise et américaine avant de devenir journaliste à "Livres Hebdo". Elle est aujourd'hui responsable des rubriques société/idées d'Atlantico.fr.

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Alors, alors, il est comment, ce nouveau "Nouvel Obs" qui, maintenant, s'appelle "L'Obs", tout court ? "Physiquement" parlant, on est un peu déçu, on avoue : en faisant la part belle aux photos, à la couleur et en optant pour une police de caractère plus ronde, presque féminine, la maquette, en vrai, nous fait penser à celle d'un supplément week-end, voire à celle d'un mag people. Les nouvelles rubriques "10 choses à savoir sur...", "La photo", "Le duel", "Le réseau de..." n'y dépareraient pas, d'ailleurs. Reste... reste que, sous la houlette de Matthieu Croissandeau, "L'Obs" a repris du poil de la bête, côté contenu : entre l'enquête sur "Les réseaux russes des Le Pen", les "Confidences" de Patrick Buisson et... l'interview de Manuel Valls, il y a de quoi, lire, cette semaine, dans le journal ! Mais commençons par le commencement : l'interview coup de poing de Valls...

Quand Valls reconnaît qu'"il y eu des mauvais choix"

Evénement ? Le Premier ministre le reconnaît : "Nous avons sans doute pris du retard et il y eu des mauvais choix". —"Lesquels ?", lui demande "L'Obs". —"La hausse de la fiscalité a frappé durement nos concitoyens, notamment les couches populaires et les classes moyennes. Nous avons privilégié l'impôt par rapport à la diminution de la dépense publique. Or ces décisions sont venues s'ajouter à celles effectuées à la fin du précédent quinquennat. 30 milliards de hausse de la fiscalité avec la droite, 30 milliards avec la gauche. C'est ce qui a provoqué un véritable ras-le-bol fiscal". Certes, mais cela n'explique pas tout, Manuel... 

"Réformer un pays qui a perdu sa compétitivité prendra dix ans"

"Et les résultats, c'est pour quand ?, réagit "L'Obs". Il reste six mois, avez-vous dit..." —"Je n'ai jamais dit ça !, éructe le Premier ministre. Je sais bien que nous vivons sous la dictature de l'immédiat, mais il faut assumer devant les Français que réformer un pays qui a perdu sa compétitivité prendra dix ans". —"Pas de lendemains qui chantent d'ici à la fin du quinquennat, donc ?" —"Evitons le simplisme. Nous agissons aussi à court terme. La baisse des impôts, intervenue à l'automne sera amplifiée en 2015, pour 6 millions de ménages supplémentaires, la baisse du coût du travail et de la fiscalité pour les entreprises, la grande réforme des allocations familiales, tout cela, c'est du concret pour les Français". Et si on parlait vraiment concrètement, hmmm ?

Quand Manuel Valls juge le contrat unique pas inintéressant

"Le régime (d'assurance-chômage) est-il trop généreux à vos yeux ?", demande le journal à Manuel Valls. —"Il faut éviter les caricatures, répond-il : le haut niveau du chômage ne résulte pas d'un refus des chômeurs de travailler. Il y a toujours des abus, mais personne n'est au chômage par plaisir. Et, vous le savez, seulement la moitié des demandeurs d'emploi sont indemnisés. Mais se poser la question des devoirs des chômeurs, de leur formation, d'un meilleur accompagnement par Pôle emploi, des bonnes incitations pour retrouver un travail, ce n'est pas une régression sociale. Le fonctionnement du marché du travail n'est pas satisfaisant car il ne crée pas assez d'emplois, il génère des inégalités importantes entre, d'une part, des salariés très protégés en CDI et, d'autre part, des salariés très précaires en CDD et en intérim. C'est là-dessus qu'il faut agir". —"Vous dessinez le contrat unique ?", rebondit "L'Obs". —"Les partenaires sociaux n'ont pas souhaité s'engager sur le contrat unique. Ce qui ne veut pas dire que ce n'est pas intéressant. Mais il faut être pragmatique, explique Manuel Valls. Certains économistes comme Jean Tirole en sont venus à proposer cette idée parce qu'ils font le constat qu'aujourd'hui un certain nombre d'entreprises ne veulent pas embaucher en raison du coût trop élevé du licenciement, notamment parce que l'incertitude juridique est trop forte. Je partage ce constat". Hue, on a touché un point sensible, là... C'est pas fini.

La gauche de Valls : ni passéiste, ni... socialiste !

"Dans le programme du candidat Hollande, il y avait (des) réformes de gauche qui ont disparu : l'encadrement des loyers, le droit de vote des étrangers, etc., remarque "L'Obs". Ce n'était que des totems de campagne ?" —"Non, mais les Français savent que ces questions sont complexes, répond Valls. Méfions-nous des symboles pour les symboles..." —"Mais l'histoire de la gauche est jalonnée de symboles...", objecte le mag. —"Il faut en finir avec la gauche passéiste, celle qui s'attache à un passé révolu et nostalgique, hantée par le surmoi marxiste et par le souvenir des Trente Glorieuses. La seule question qui vaille, c'est comment orienter la modernité pour accélérer l'émancipation des individus". —"Cette gauche est pragmatique plus qu'idéologique ?" —"Oui, parce que l'idéologie a conduit à des désastres mais la gauche que je porte garde un idéal : l'émancipation de chacun. Elle est pragmatique, réformiste et républicaine". —"Pas socialiste ?" —"Je le répète : pragmatique, réformiste et républicaine". Houlà ! Ca veut dire que Manuel Valls ne se reconnaît plus "socialiste" ?!

La globalisation et l'identité : deux "questions essentielles" que la gauche a négligées et auxquelles elle doit répondre

"Vous avez dit que la gauche pouvait mourir ?", observe "L'Obs". —"Oui, dit-il. Si la gauche est menacée, c'est parce qu'elle n'a pas réussi à articuler des réponses sur des questions essentielles : comment faire face à la globalisation qui crée des gagnants et des perdants ? Comment réformer l'Etat-Providence ? Quelles réponses apporter en termes de citoyenneté, de laïcité, d'égalité femme-homme, notamment avec la construction d'un islam de France compatible avec nos valeurs ? Comment encore répondre à l'individualisme, qui épanouit et fragilise en même temps ? Le temps des solutions globales, identiques pour tous, est révolu. Il faut rechercher l'universalité des principes tout en tenant compte de l'hétérogénéité des situations.  (...) Un autre enjeu fondamental, c'est la question de l'identité. La gauche l'a négligée car elle pensait que seule comptait l'identité sociale. (...) Cette négligence nous revient aujourd'hui comme un boomerang parce que la nation n'est pas soluble dans le social. On peut mener les politiques les plus sophistiquées sur le plan technique, si nos concitoyens n'ont pas le sentiment d'appartenir à quelque chose de plus grand, ils retombent dans la défiance".

"Nous avons commis l'erreur de ne pas tendre la main à François Bayrou"

"A gauche, remarque encore "L'Obs", Martine Aubry vous somme de changer de cap ?" —"Martine Aubry a assumé les responsabilités du pouvoir. Aujourd'hui, elle participe au débat des idées. Je ne partage pas sa proposition consistant à revenir en arrière et donc à perdre tous les fruits de nos efforts, et ce alors même que les choix que nous avons faits viennent de se mettre en place. Le débat, c'est utile, mais il y a aussi la responsabilité, l'unité et le devoir de cohésion. J'y suis attaché. Je suis adhérent au PS depuis l'âge de 18 ans. Mes inspirations sont multiples : Clémenceau, Mendès, forcément Jaurès et Blum, mais aussi Felipe Gonzalez, Olof Palme, Willy Brandt. Et j'ai eu la chance de travailler avec Rocard et Jospin. Cette filiation, c'est aussi celle de Martine Aubry. Mais ma gauche à moi se nourrit de ce passé, sans s'y enfermer. Elle est pragmatique". Signe de ce pragmatisme ? Manuel Valls le dit un peu plus bas : "En 2012, nous avons commis l'erreur de ne pas tendre la main à François Bayrou. Peut-être l'aurait-il refusée, mais nous aurions dû le faire, alors qu'il avait appelé à voter pour François Hollande. Il n'y a rien de pire que le sectarisme au nom d'une prétendue pureté". Hé bé, le moins qu'on puisse dire, c'est que ça risque de faire jaser, tout ça...

Quand Hollande se trompe de rôle... comme tous les dirigeants européens

Et tandis que Manuel Valls revisite la gauche, l'universitaire Marcel Gauchet revisite le quinquennat de François Hollande... Heureusement qu'il reste les livres pour remplir les pages de "L'Express" ! A l'occasion de la sortie de "Que faire ? Dialogues sur le communisme, le capitalisme et l'avenir de la démocratie" (Philo Editions) où il s'entretient avec Alain Badiou, le philosophe et historien Marcel Gauchet donne une longue interview au mag. "François Hollande n'a-t-il pas suffisamment travaillé son rôle ?" lui demande le journal. —"Il n'a pas travaillé du tout, parce qu'il s'est trompé sur la nature de son rôle, répond Gauchet. Dans la position d'arbitre qu'il s'est donnée, il est inutile de se creuser la tête pour tracer un plan d'ensemble ; il suffit d'être sympathique, accueillant, intelligent dans la gestion des forces et des personnalités. C'est très prenant, mais pas profond. Cette attitude ne lui est pas particulière. Elle est commune à tous les dirigeants européens actuels. L'incapacité stratégique, l'inaptitude à se projeter dans ce monde globalisé et à définir la place que l'on doit y occuper sont, hélas, les choses les plus partagées par les dirigeants du Vieux Continent". Savoir cela, ça ne console pas plus pour autant... 

"François Hollande est le plus irréformable des Français"

—"Que pourrait encore entreprendre François Hollande dans le délai qui lui est imparti ?", le relance "L'Express". —"Il est très difficile de réformer le pays, on l'a assez dit, mais François Hollande est le plus irréformable des Français, réplique Marcel Gauchet. Depuis deux ans, des gens de bonne volonté n'ont pas manqué de l'alerter des dangers, et il n'a écouté que lui-même. Le système va vraisemblablement lui permettre de perdurer jusqu'en 2017, au prix d'une déprime supplémentaire des Français. Je crois, malheureusement, qu'on ne peut plus rien attendre de Hollande, qui est dans une attitude consistant à limiter les dégâts. Je sais que la situation et les institutions n'ont rien à voir entre elles, mais je ne peux m'empêcher d'établir un parallèle avec Barack Obama. Tous les deux sont très intelligents sur le plan personnel, profondément sympathiques, pleins de bonnes intentions, et néanmoins incapables d'exercer de façon convaincante la fonction qui leur échoit. C'est un mystère qui doit nous faire réfléchir sur ce que devient la politique dans notre monde actuel". Effectivement... Quant à la comparaison avec Barack Obama, on n'y aurait pas pensé, dis donc... !

Juppé, candidat des élites

Hasard ? Drôle de coïncidence, en tout cas... Dans "Challenges", on est tombé sur cette petite brève : "Pour le philosophe Marcel Gauchet, Alain Juppé a la faveur des élites. Y compris à gauche. Raison de ce succès ? "Il n'est pas revanchard, pas vindicatif. D'ailleurs, les Français ne veulent pas la guerre civile". Ca, c'est sûr. Quant à savoir si Alain Juppé a aussi la faveur des classes populaires...

"Le tort de Juppé ? Avoir eu raison trop tôt"... en 1995, selon "Le Point"

Il a, au moins, le soutien du "Point". "Pragmatisme", ou opportunisme ? Alors que le mag nous avertit en une que c'est notre "Dernière chance avant le choc", Franz-Olivier Giesbert tresse de sacrés beaux lauriers, ce jeudi, à Alain Juppé... "La faute, la très grande faute de Juppé, est d'avoir eu raison trop tôt, ce qui est toujours un grand tort, écrit le journaliste. Il a vingt ans d'avance quand, le 15 novembre 1995, il annonce son plan de réformes pour sauver l'Etat-providence, et notamment la Sécurité sociale, en quasi-faillite. Il propose notamment l'encadrement des dépenses de santé ou l'alignement de la durée de cotisations des régimes de retraite des fonctionnaires sur celle des salariés du privé. Au nom de l'équité, il demande aussi un petit effort aux bénéficiaires des "régimes spéciaux" qui permettent à certains salariés du public, comme les agents roulants de la SNCF, de partir à la retraite dès l'âge de 50 ans. Ne pourraient-ils pas attendre au moins deux ans et demi de plus ?"

Quand "Le Point" espère "la vengeance de 1995" et l'élection de Juppé

"Tollé général. Pendant trois semaines, enchaîne "Le Point", la France, prise en otage par la CGT, FO et les agents des services publics, deviendra complètement folle : novembre 1995 est une sorte de Mai 1968 du pauvre, une contre-révolution bêtassonne de poche. Pas de romantisme ni d'imagination. Non, un déluge de fadaises sur les droits acquis. Comme si notre pays, phare de l'humanité, pouvait continuer à vivre au-dessus de ses moyens jusqu'à la fin des temps. (...) Avec la complicité de la presse et d'intellectuels à la ramasse, la France avait sombré dans un mélange de déni de la réalité, de niaiserie économique, de pensée magique et d'individualisme casanier. Une idéologie préfrontiste ou postcommuniste, dont elle tarde encore à sortir et qui fait toujours florès dans le bêtisier national. C'est elle qui, avec le souvenir du traumatisme de 1995, explique l'extrême prudence de nos gouvernants, sous la droite comme sous la gauche. Si Juppé, vainqueur des primaires, était ensuite élu à la présidence en 2017, ce serait donc la vengeance de 1995, de la raison et de la lucidité contre le laisser-aller et les délires économiques qui, depuis si longtemps, tirent la France vers le bas". Comme ça, on sait au moins de quel côté est "Le Point"...

Jean-Marie Le Pen n'incarne plus le FN, selon un sondage "VSD"

Et puisque Franz-Olivier Giesbert évoquait la naissance de "l'idéologie préfrontiste", quelles nouvelles du FN ? "A l'approche du congrès du parti, le 30 novembre prochain, nous informe "VSD", Jean-Marie Le Pen dénonce ce qui lui apparaît de plus en plus comme un complot ourdi par l'entourage de sa fille pour l'évincer de la direction du Front national. Reste que, selon notre sondage, à la question de savoir qui incarne bien le FN, le patriarche est largement dépassé. Pour 82 % des Français et 98 % des sympathisants du FN, Marine Le Pen obtient la première place. Son père, devancé par Marion Maréchal-Le Pen, Florian Philippot ou Louis Aliot, n'obtient que 60 % chez les Français et 61 % chez les sympathisants. Enfin, dernier affront, 62 % des sympathisants du FN estiment que le retrait de Jean-Marie Le Pen des instances dirigeantes du parti leur ferait gagner des voix et 30 % s'en moquent".

"Le congrès devrait tourner au plébiscite et marginaliser définitivement le père"

"Quatre mois après sa sortie antisémite sur la "fournée", enchaîne "VSD", la brouille qui a opposé le père à sa fille — elle avait dénoncé une "faute politique" — a laissé des traces. Dans l'entourage de Marine Le Pen, on ne retient plus ses coups. "Ca fait quatre ans qu'elle est présidente et quatre ans qu'il la fait chier ! s'emporte un membre du bureau politique. Il devrait être clair : s'il n'est pas d'accord avec la ligne, qu'il se présente à la présidence du parti !" Seulement voilà : Marine Le Pen est seule candidate à sa succession. Après les très bons résultats électoraux de 2014, sa stratégie de dédiabolisation n'est pas contestée. Le congrès devrait tourner au plébiscite et marginaliser définitivement le père. Déjà, certains proposent une modification des statuts, privant "le Menhir" du rôle, créé pour lui en 2011, de "président d'honneur à vie". Ainsi ses propos, lorsqu'ils tombent sous le coup de la loi, n'engageraient plus que lui". Sûr que ça leur ferait une sacrée grosse épine de moins dans le pied... Alors, alors, y aura-t-il encore Jean-Marie au FN à Noël ?

Les drôles de réseaux russes des Le Pen

On n'a pas fini de parler du FN, cette semaine... Scoop ? "L'Obs" publie une enquête pour le moins titillante sur "Les réseaux russes des Le Pen". "Depuis un demi-siècle, explique l'hebdo en préambule, Jean-Marie Le Pen cultive contacts et amitiés en Russie. Sa fille Marine et sa petite-fille Marion ont pris la relève. Le FN est désormais la tête de pont du régime de Poutine en France. Avec quelles contreparties ?" Houlà, c'est chaud-bouillant, ce dossier, on dirait ! Mais prenons les choses par leur début. "Tout commence au quartier Latin, en plein Mai-68, nous raconte "L'Obs". Un jeune et talentueux peintre moscovite, Ilya Glazounov, débarque à Paris. L'artiste, déjà célèbre dans son pays, est un personnage sulfureux. Il se dit monarchiste, le KGB le qualifie même d'"antisémite". Pourtant, le régime communiste le juge utile à sa propagande et le promeut. En France, Glazounov est donc en mission : il doit peindre les personnalités françaises que le Kremlin veut séduire, dont la plus prestigieuse, le général de Gaulle". Carrément !?

La rencontre de Jean-Marie Le Pen, d'Ilya Glazounov et de... Vladimir Jirinovski

A "L'Obs", qui est allé l'interviewer, Ilya Glazounov, 84 ans, raconte : ""Un jour d'été 1968, un copain français m'a amené en face de la Sorbonne, dans un café tenu par un chanteur russe. Il y avait là un jeune homme qui avait édité des disques de chants nazis et de la Russie impériale. C'était Jean-Marie. Il adorait mon pays. Nous sommes restés amis jusqu'à aujourd'hui".(...) Ils se retrouvent en 1991, lors du premier voyage de Le Pen à Moscou, poursuit l'hebdo. Glazounov anime alors Pamiat, un puissant mouvement antisémite que le pouvoir communiste a laissé prospérer et qui fournira bon nombre de leaders nationalistes russes d'aujourd'hui. Au cours de son séjour, le président du Front national tombe sous le charme de l'autre vedette locale de l'extrême droite, Vladimir Jirinovski. (...) Entre "Jirik" pour qui "trop de juifs" prospèrent en Russie, et "Jean-Marie", pour qui les chambres à gaz sont "un point de détail de l'histoire", une idylle se noue. (...) Mais leurs amours vont s'étioler. Après la prise de pouvoir par Poutine en 2000, "Jean-Marie" comprend que "Jirik" n'est plus le bon cheval".

Comment le clan Poutine et Marine Le Pen ont fait alliance

"Le chef du FN ne déplaît pas aux nouveaux maîtres du pays, poursuit "L'Obs". (...) Le clan Poutine bichonne Jean-Marie Le Pen, mais prend garde à ne pas trop s'afficher avec lui. (...) Même attitude au début avec Marine Le Pen, après qu'elle a remplacé son père à la tête du Front national, début 2011. (...) Mais l'idée d'un rapprochement officiel avec la nouvelle chef du FN s'impose vite comme une évidence à Moscou. Tout y contribue. Une idéologie commune, d'abord. Depuis son retour au Kremlin en mai 2012, Vladimir Poutine se veut le rempart de "l'Europe chrétienne" contre la "décadence occidentale" et l'"hégémonisme américain" — des thèmes chers à l'extrême droite française. "Le corpus des valeurs que Poutine défend est désormais le même que le nôtre", s'enthousiasme Jean-Marie Le Pen. Marine vante, elle, le "modèle civilisationnel" de la nouvelle Russie. L'exacerbation des tensions diplomatiques entre Paris et Moscou explique le reste. A peine installé à l'Elysée, François Hollande critique violemment la position du Kremlin sur la Syrie, les visites ministérielles se font plus rares, le dialogue franco-russe se tarit. Le Kremlin a donc besoin de nouveaux relais à Paris. (...) Moins d'un mois après l'annexion de la Crimée, (Marine Le Pen) retourne dans la capitale russe, le 12 avril 2014. Une visite de soutien — certains diraient d'allégeance. (...) CInq jours plus tard, elle est récompensée : à la télévision russe, le président Poutine se félicite du "succès de Marine Le Pen" aux élections municipales en France. Et, en juin, le parti du Kremlin, Russie unie, annonce qu'il va s'associer officiellement au Front national (tout en conservant ses liens avec l'UMP)".

Le FN financé par une banque russe ?

"Existe-t-il d'autres contreparties à cette "loyauté" affichée de Marine Le Pen ?, s'interroge "L'Obs". Interrogée sur un éventuel financement de son parti par Moscou, la présidente du FN esquive : "Je ne comprends pas votre question, ce serait interdit". Puis elle évoque une possibilité, indirecte. "Notre parti a demandé des prêts à toutes les banques françaises, mais aucune n'a accepté, explique-t-elle. Nous avons donc sollicité plusieurs établissements à l'étranger, aux Etats-Unis, en Espagne et, oui, en Russie. Nous attendons des réponses". Quelle banque russe ? "Je ne sais pas, c'est le trésorier du parti qui s'occupe de cela". Celui-ci n'en dira pas plus. Toutefois, Marine Le Pen précise, comme si on pouvait en douter : "L'idée est, bien sûr, de rembourser ces prêts..."".

La France a-t-elle échoué dans sa lutte contre l'islamisme radical : la réponse du juge Trévidic

Un petit "point terrorisme", histoire de finir comme on a commencé, sur un mode léger... ? Sortie de livre oblige, le juge Marc Trévidic, auteur de "Qui a peur du petit méchant juge ?" (Lattès), répond ce mercredi aux questions de "Télérama". —"La France a-t-elle échoué dans sa lutte contre l'islamisme radical ?", lui demande le mag. "Longtemps, on a fanfaronné en affirmant qu'on évitait deux attentats par an. C'était vrai. Avant Mohammed Merah (...) le dernier attentat islamiste sur le sol français datait de 1996, à Port-Royal. Pendant des années, notre système préventif a été efficace. Mais comme nous évitions les conséquences de la radicalisation, nous n'avons pas traité ses causes. Au fil des années, l'islamisme est devenu la seule idéologie disponible sur le marché, pour certains jeunes en quête d'idéal, d'identification, ou traversant une simple crise d'adolescence. Ils se sentent exclus de notre société de consommation, ne peuvent se projeter dans aucun dessein collectif. Grâce à Internet, les discours simplistes faisant de tous les musulmans des victimes et appelant au djihad en réponse se répandent à une vitesse sidérante. Ils atteignent des cibles nouvelles, notamment des mineurs et des femmes. Contre les 200 euros du billet d'avion pour la Turquie, ces derniers laissent derrière eux des problèmes — argent, famille, études, justice, parfois — auxquels notre société ne leur semble offrir aucune réponse. Pour les filles concernées, en proie à des peurs profondes (des hommes, des relations sociales, de la modernité), adopter le voile intégral et s'en remettre à un homme — et non à Dieu, bien sûr —, c'est abdiquer une liberté angoissante pour un confort rassurant". C'est paradoxal... et ça n'en est que plus troublant. En même temps, cela veut dire qu'on peut agir pour que cela change. Reste seulement à trouver des idées, une personnalité, un mouvement susceptibles d'emporter la reconnaissance et l'adhésion des jeunes en perte de repères — comme celles, peut-être, et sur un plan plus large, de leurs aînés, remarquez... Sur ce, bonne semaine, les gourmands de l'info : aérez-vous, ouvrez-vous... et lisez bien, parce que ça peut aider...

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