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Leonarda : révélations sur le week-end fatal de François Hollande ; les savoureux secrets de Frédéric Mitterrand sur le quinquennat Sarkozy ; Bertrand Cantat...
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Revue de presse des hebdos

Et aussi dans la revue de presse : la rumeur des villes de province "envahies" de gens du "9.3", Eddy Mitchell et le shérif, Médiapart et la TVA.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Derrière nous, l’affaire Leonarda, comme voudrait le faire croire la porte parole du gouvernement dont c’est le rôle ? Oui, à condition de se boucher les oreilles et de ne plus lire  les journaux ! Car l’incendie n’est pas éteint et les hebdos de ce milieu de semaine rivalisent de férocité en reconstituant avec force détails le feuilleton qui a conduit au fiasco de l’intervention de François Hollande.

Et cela donne « Leonarda et les Pieds Nickelés » dans le Point, « Les cinq jours qui ont plombé Hollande » dans le Nouvel Observateur . « L’affaire Leonarda, dans ce qu’elle charrie d’hystérie et de mauvaise conscience, est le révélateur terrible d’un quinquennat en panne, dix-huit mois à peine après qu’il a commencé. Et si tout était foutu ? » Et de narrer  « comment en quelques jours, Hollande et les siens ont gâché les rares cartes qui leur restaient. » Savez-vous qui a écrit ces lignes ? Elles sont signées François Bazin, chef du service politique du  Nouvel Observateur », oui, l’ Obs, parfois un tantinet libéral, mais assumé de gauche.

Bazin raconte comment François Hollande « s’est planté. » Il (François Hollande) « voulait être humain en proposant une sorte de grâce présidentielle à une jeune fille expulsée sans le discernement nécessaire. Il n’a fallu que quelques minutes pour que celle-ci lui renvoie sa proposition à la figure, sur un mode dédaigneux… La solution qu’il a proposée à une opinion déboussolée était trop subtile - ou trop tordue - pour ne pas dégager autre chose qu’un parfum d’improvisation confuse»… A propos de la réunion de samedi matin à l’Elysée, « La logique - ou l’habileté - aurait sans doute voulu que cette réunion au sommet se passe en deux temps. D’abord autour d’Ayrault, avec Valls et Peillon, pour voir ce qui n’avait pas fonctionné dans leurs administrations respectives et imaginer les termes d’une nouvelle circulaire. Puis entre Hollande et son premier ministre, pour décider d’éventuelles mesures de clémence envers tel ou tel membre de la famille Dibrani. Cela aurait aussi permis au président de ne pas choisir dans l’urgence tout en laissant le temps aux médias de diffuser un rapport de l’IGA, peu flatteur pour Leonarda et ses parents. La suggestion en a été faite à Hollande. Il l’a repoussée. Le président veut en finir. On lui reproche de ne pas trancher. Eh bien, on va voir ! Là , est l’erreur fatale  » !

Dans l’administration on appelle cela un manque de discernement ! Le PS, notamment son aile gauche « qui tient le haut du pavé au Bureau National », n’est pas non plus épargné : « Dès qu’il s’agit de principes et de valeurs, c’est elle qui donne le ton. Alors qu’on examine à l’Assemblée des textes ( budget, retraites ) qui froissent ses bons sentiments, rien n’est plus tentant que de rappeler, à la première occasion venue, les tables de loi de l’orthodoxie socialiste ». Et dans cette affaire, elle ne s’en est pas privé !

Plus fort encore, dans Le Point, Emmanuel Beretta affirme que « Samedi matin à l’Elysée, c’est la panique ! La discorde règne : Vincent Peillon, Jean-Marc Ayrault estiment qu’il faut faire revenir en France les Dibrani. Hollande y consent, mais Manuel Valls se braque. Pris entre deux feux, Hollande effectue, comme à son habitude un petit saut périlleux arrière. Le news remonte le film. On apprend au passage qu’au « gouvernement le sous-groupe Taubira-Montebourg-Duflot-Hamon traite en privé Manuel Valls de raciste… que François Hollande surnommait autrefois Vincent Peillon le serpent , et qu’en prônant la sanctuarisation de l’école avant la sortie du rapport de l’Inspection Générale de l’Administration, le serpent vient de s’enrouler autour du cou de Manuel Valls… Et il serre très fort ! » Toutefois, « François Hollande, tiraillé en tous sens, cherche à ménager Valls, l’homme politique le plus populaire de France ». Quant à la précipitation du président, elle «  traduit l’anxiété du pouvoir qui traque les indices d’une révolte générale » (c’est ce qu’indique la note de synthèse des préfets !, ndlr ). Ambiance qui fait également persifler Christophe Barbier. 

Son édito de l’ Express, entre fiel et cynisme, est rédigé sous la forme d’une « Lettre à Léonarda  » dans laquelle « la France » présente de prétendues excuses à la jeune fille , car « on ne fait pas descendre une adolescente d’un bus en excursion scolaire pour la confier à des policiers, on ne la jette pas non plus sur la piste du cirque médiatique », des excuses aussi pour « l’insigne maladresse de son président (de la France) », avant de changer de ton car « la France vous doit la vérité : l’expulsion de votre famille n’est pas seulement légale, elle est nécessaire. Parce que notre pays ne peut accueillir plus de réfugiés qu’il ne le fait … », et de conclure « votre patrie, Leonarda, c’est malgré tout le Kosovo, que la France, avec d’autres, a courageusement libéré du joug serbe en 1999 et qu’il faut rebâtir et protéger. Un jour, néanmoins, vous serez citoyenne de l’Union européenne, si le Kosovo le mérite, et si l’Europe fonctionne encore. Alors le chemin que vous et vos compatriotes aurez parcouru vous mènera à nouveau, peut-être, vers la France. D’ici là, on ne peut que vous souhaiter bonne chance ».

Retour chez les Roms de Roumanie avec ce reportage du Point sur les « Nababs Roms »,(peu nombreux), ferrailleurs devenus millionnaires grâce à leur travail et à leur savoir- faire ancestral de transformation des métaux. L’un d’eux, Ninel Potarca, s’est même présenté à l’élection présidentielle en 2009, ce qui lui vaut le surnom d’Obama. Mais la comparaison s’arrête là : « l’Etat nous met des bâtons dans les roues. En Roumanie, on n’accepte pas l’idée qu’un Rom puisse s’enrichir en travaillant. On nous harcèle sans arrêt… Aidez-nous à créer des emplois en Roumanie et les Roms resteront à la maison », suggère-t-il en déplorant que les fonds européens destinés aux problèmes sociaux ne leur soient pas affectés mais restent bloqués à Bucarest.

Tordre le cou à la rumeur

On croyait que le meilleur moyen de tordre le cou à une fausse rumeur, c’était d’en parler. Mais apparemment à Chalons-en-Champagne, cela ne suffit pas et elle continue de courir, puisque Benoit Apparu, l’ancien ministre du Logement UMP, aujourd’hui candidat à la mairie, est « accusé » depuis plus d’un an de «  faire venir, moyennant finances, des habitants du 9-3 pour peupler les logements sociaux » ... Les démentis n’y font rien. L’ Express, qui a enquêté, raconte : « Au petit jeu de la rumeur 1 plus 1 fait vite 3. Quelques minutes de conversation suffisent pour qu’un habitant oublie la pudique appellation habitants du 9-3 et lâche : Il y a de plus en plus de Noirs ici, non ? »… Mois après mois, la psychose s’installe… Il y a quelques jours, la plainte déposée par la mairie de Niort a eu le mérite de montrer que Châlons n’est pas la seule victime de la « rumeur du 9-3 ». Celui qui se rêve déjà en premier magistrat veut profiter du moment médiatique pour distribuer 20.000 tracts de démenti dans la ville. Une occasion de tuer la rumeur ? D’en réduire l’intensité, pas davantage. Car, déplore le news, « la petite ville sans histoires a décidément pris goût aux comptes les plus farfelus ».

La « récréation » de Frédéric Mitterrand

Les divisions du gouvernement se donnent en spectacle. Du temps de Nicolas Sarkozy, les détestations n’étaient pas moins vives mais moins apparentes. Vous en saurez plus en lisant dans le Point les bonnes feuilles du livre de Frédéric Mitterrand qui publie son journal de la période où il fut ministre de la Culture (2009 à 2012). L’auteur de la Mauvaise Vie qui assume son penchant pour les beaux garçons se livre avec franchise dans la Récréation. Pas franchement ambiance de récrée non plus à l’époque : 4 novembre 2009 ,« Comme je menace de ne pas renouveler le président de la Villette pour l’amener à de meilleurs sentiments (à l’égard du patron du Zénith), argument imparable de Guéant : c’est impossible, on n’a pas d’autre Noir ! » Et entre Nicolas Sarkozy et François Fillon, ce n'est pas mieux. Par exemple, le 4 janvier 2012, Nicolas Sarkozy dit à propos de son Premier ministre : « Il lit les journaux. Et quand il a fini de lire les journaux, qu’est-ce qu’il fait ? Il les relit ? » Le même jour, François Fillon à propos de Nicolas Sarkozy : « Il est tellement mal élevé. C’est incroyable ce qu’il peut être mal élevé ».  Quelque chose me dit que l’auteur a édulcoré ses citations ….

Au détour du livre de l'ancien ministre de la culture, on apprend aussi que la beauté de François Fillon le frappe, que Laurent Wauquiez est un allumeur qui le regardait langoureusement ("un beau gars, dans le genre qu'on regarde dans les vestiaires après un match de foot et à qui on parle de filles, en pensant éventuellement à autre chose") et que Roselyne Bachelot et Nadine Morano ont un fort appétit pour la vie et les conquêtes amoureuses jusqu'à préciser au sujet de l'ancien ministre de la Santé : elle "a beau être une femme forte, elle est amoureuse comme un baryton qui a du coffre. J'espère qu'ils ont renforcé la literie, me glisse une de ses collègues bonne copine".

Bertrand Cantat entre confessions et contre-attaque plus ou moins décente

On reste à la rubrique « confessions intimes » avec l’interview aux « Inrockuptibles » de Bertrand Cantat, à la veille de la sortie d’un nouvel album intitulé « Horizons ». Le news raconte que c’était une promesse de l’intéressé pour « le jour où il parlera », et précise « si on voulait lui parler, c’était qu’au-delà de la consternation causée par la mort de Marie Trintignant , au-delà de l’effroi face à ce meurtre passionnel absurde, ON ne reconnaissait pas le Bertrand Cantat décrit par une certaine presse qui avait largement battu en dégueulasserie et enquêtes baclées les tabloïds anglais que la France sait si bien montrer du doigt ». L’interview dans laquelle le chanteur reconnait avoir commis « l’irréparable » a déjà fait beaucoup de bruit. Le chanteur évoque la fin de « Noir Désir », raconte sa vie dans prison de Vilnus, où il voulait se suicider et où, pour tenir, il a appris le yoga, et il répond à la question sur son prétendu détachement vis-à-vis de la mort de Marie Trintignant : « C’est exactement l’inverse... J’étais anéanti de douleur en pensant à elle, mais aussi à ses enfants, à ses proches. Je n’ai jamais voulu une chose pareille, il n’y a pas de mots pour dire ce que je ressentais…Dès la première seconde j’ai été dépossédé de l’histoire, du drame lui-même… J’ai su très vite que je ne pourrais pas m’expliquer … Mes remords, ma souffrance, ma sensibilité , ça ne marchait pas dans cette histoire… Il ne fallait que du sordide, tout ce qui était beau a été occulté. Je suis devenu un assassin qui tue sciemment. Il fallait que je sois condamné le plus lourdement possible et qu’en sortant, je n’aie plus la moindre chance d’exister. C‘est encore à l’œuvre aujourd’hui ».  Aujourd’hui, précisément, questionnent les Inrocks, certains t’accusent d’avoir poussé Krisztina (ndlr.son épouse), au suicide. Réponse : « Mon Dieu... ça permet de continuer le feuilleton, d’accorder un peu de gloire à des gens qui en rêvent…Il raconte que la mort de sa femme l’a fait craquer, qu’il voulait partir loin, avec ses enfants. Ce sont eux qui m’ont dit qu’ils voulaient rester à Bordeaux, dans leur école ». Quant aux parents de Cini, ( au départ à l’origine des accusations qui pèsent contre lui ) « ils viennent de passer une semaine chez nous »… « ils ne comprennent plus du tout qui sont ces gens qui essaient de les impliquer malgré eux et leurs convictions. On leur a fait croire que j’étais un assassin, avant qu’ils ne s’aperçoivent qu’on les avait instrumentalisés ». Et le chanteur dit cette phrase : « C’est affreux, abject d’être devenu le symbole de la violence contre les femmes. » Symbole lourd à assumer en effet !

Eddy Mitchell, et le shérif !

Encore un nouvel album, mais dans un tout registre, celui d’Eddy Mitchell. Son titre est « Héros » mais son auteur est bien désabusé. Il parle dans le Point. Ses héros aujourd’hui sont plutôt des anonymes, « ceux qui agissent gratuitement, les médecins qui ne comptent pas leurs heures par exemple. Sinon, parmi les grands de ce monde… quand Obama est passé, j’étais aux anges. Maintenant il rame, le pauvre. Mais c’est un homme qui me donne confiance. Dans son pays, il est contesté parce qu’il veut augmenter les impôts. Pourtant ça n’a rien à voir avec ce que nous a réservé Hollande…Pas étonnant dans ces conditions que notre Eddy national, qui râle contre le taux d’imposition à 75%, se dise « écœuré », révolté par la politique. L’affaire Cahuzac, c’est à vous dégouter. Je me suis remis à voter quand le Front National a failli passer en 2002. Mais maintenant la politique ne m’intéresse plus. » Quand même encore peu, puisqu’à propos de Manuel Valls, notre Eddy national déclare qu’il « joue au shérif, mais ce n’est qu’un shérif de seconde zone. Il dit qu’il veut combattre le FN mais il est dans sa lignée. J’ai vraiment été choqué qu’un homme de gauche tienne de tels propos sur les Roms. C’est dur à avaler ».  

Médiapart et la TVA

En guise de dessert, un mot sur l’enquête que l’Express consacre au site Médiapart fondé et dirigé par Edwy Plenel. Plutôt une belle réussite, mais voilà « par un retournement de situation improbable, la destinée du site Internet, à l’origine de la démission de l’ancien gardien du Budget, Jérôme Cahuzac, est aujourd’hui entre les mains des services du ministère des Finances. Depuis ses débuts, Médiapart rechigne à s’acquitter de la TVA  à 19,6%, ayant opté de son propre chef pour le taux super réduit de 2,1% réservé à la presse papier. Ce qui peut expliquer sa rentabilité à deux chiffres », insinue le news qui se débat, comme tous les journaux, dans les problèmes financiers. Mais Médiapart dont la réputation « traverse les frontières devra relever le défi le plus important de sa jeune histoire : gagner son indépendance financière ou la perdre ». En effet, l’un de ses investisseurs, qui détient plus de 20% des parts, veut récupérer son argent  et « demande 2,5 fois sa mise de départ ». Qui le pour remplacer ? Tout cela provoque beaucoup d’agitation dans le monde médiatico-financier français .Quant à la TVA, sera-t-elle redressée ?… La  suite la semaine prochaine avec Barbara qui revient !

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