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La contamination de l’électorat communiste par le vote frontiste commence à s’étendre à l’électorat socialiste.
La contamination de l’électorat communiste par le vote frontiste commence à s’étendre à l’électorat socialiste.
©Reuters

Chroniques du pot aux roses

Cette semaine, Serge Federbusch revient sur les résultats du 2nd tour de la législative partielle dans la 2ème circonscription de l'Oise, la Manif pour tous, la baisse de François Hollande dans les sondages mais aussi la mise en examen de Nicolas Sarkozy.

Serge  Federbusch

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président du Parti des Libertés, élu conseiller du 10 ème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de Delanopolis, premier site indépendant d'informations en ligne sur l'actualité politique parisienne.

Il est l'auteur du livre L'Enfumeur, (Ixelles Editions, 2013) et de Français, prêts pour votre prochaine révolution ?, (Ixelles Editions, 2014).

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1 - Le Front de la gauche nationale, nouvelle force de la vie politique française ?

Un peu éclipsé par la Manif pour tous et les affres judiciaires de messieurs Sarkozy et Cahuzac, l'écart de moins de 800 voix entre le député sortant UMP et sa concurrente du Front national dans la deuxième circonscription de l’Oise, dans un contexte d’abstention massive, est la nouvelle la plus importante de la semaine.

Ce résultat sera-t-il expédié dans l’inconscient médiatique dominant, considéré comme un vote aberrant ? Ce serait un dangereux déni de réalité. Pour comprendre pourquoi, établissons une comparaison avec ce qui s’est passé dans cette circonscription en 2002, autre année de hautes eaux électorales du Front national.

Si l’on se donne la peine d’examiner les chiffres dans le détail, on se rend compte que FN, UMP et PS souffrent de la montée de l’abstention à des degrés très variables : - 21 % des voix par rapport à 2002 pour le premier, - 40 % pour la seconde et - 60 % pour le troisième ! Il y a une forme de militantisme et d’engagement civique dans le vote pour le Front national, que ses adversaires auraient tort de mépriser car elle le rend plus résistant à la démobilisation générale des électeurs.

Mais il y a plus intéressant encore. Un chercheur en science politique, Joël Gombin, a scruté les bureaux de vote à la loupe et il en déduit que la progression spectaculaire du FN au deuxième tour est due à un report important de voix socialistes. Le tiède appel au front républicain des leaders du PS a été carrément ignoré par une bonne partie de son électorat et guère relayé par sa candidate locale.

La contamination de l’électorat communiste par le vote frontiste, phénomène déjà ancien, commence à s’étendre à l’électorat socialiste. Serait-ce un phénomène circonscrit à cette circonscription ? L’image de Mancel, un candidat UMP plusieurs fois condamné par la justice, a pu y contribuer. Mais le nouveau discours teinté d’anticapitalisme tenu par Marine Le Pen commencerait-il aussi à payer ? Et le dégoût généralisé de la classe politique est-il en train de faire s’effondrer tous les tabous ? En 2002, Le Pen père atteignait tout juste 25 % au deuxième tour de la présidentielle dans ce département. A force de répéter que l’UMP est peu différent du FN, les socialistes n’ont guère d’argument pour appeler au front républicain. En tout cas, un signal d’alerte s’est mis à clignoter en Picardie.

2 - Frigide proche de l’extase

Les organisateurs de la « Manif pour tous » ont eu la bonne idée de souligner, dans leurs slogans, que la loi Taubira est avant tout une diversion pour faire oublier les problèmes économiques. La meilleure preuve est que cela énerve beaucoup les commentateurs du Nouvel Obs, Libé, Rue 89, etc.

3 - Tensions sociales, insécurité, incapacité à gérer l’Etat : la plongée aux enfers de François Hollande vient-elle de ce qu’il fait ressurgir les vieux démons de la gauche ?

Mitterrand et Jospin, durant plus de 20 ans, avaient essayé de donner aux socialistes une crédibilité plus connue sous le nom de « culture de gouvernement ». Le procès en amateurisme gouvernemental et en exacerbation des divergences sociales, qui était traditionnellement fait à la gauche depuis la troisième république, se trouvait ainsi en partie privé d’objet, même si les déçus étaient nombreux.

L’ampleur et la rapidité avec lesquelles Mou-Président sombre dans l’impopularité sont certainement liées au fait que ces anciens griefs ressurgissent brutalement. Le mariage homosexuel réveille d’archaïques antagonismes, c’est la cacophonie au gouvernement et la gauche se divise comme en 1938, 1977 ou 1984. Hollande et Ayrault sont pire que les Mitterrand et Mauroy d’avant 1984 : ils vont dans le mur mais ils n’ont même pas fait rêver leurs troupes pendant un an ou deux.

4 - Le président qui bricole dans un appartement qui brûle

Les mesures pour relancer la construction de logements, alors que les mises en chantier s’effondrent comme jamais depuis des décennies, font figure de gadgets. Plus que cela, elles sont symptomatiques de ce qui coince dans la méthode « hollandaise » de gouvernement.

Aujourd’hui, les élus locaux, pour des raisons politiques, freinent souvent la délivrance des permis de construire. Ils veulent éviter, en particulier dans les municipalités dites de « gauche », que s’installent des électeurs mal-votants. Ils sont également sensibles aux attentes des populations en place qui apprécient la pénurie foncière lorsqu’elle soutient les prix et veulent défendre un environnement auxquelles elles se sentent attachées.

Bref, ces élus sont de très efficaces ralentisseurs de croissance. Comme Lui-Président est issu d’un parti politique qui en est une sorte de syndicat, il est évident que rien ne sera fait pour les contrarier. Pour nombre de maires socialistes, le bon logement est un logement social et lui seul doit bénéficier des sollicitudes du pourvoir.

Résultat : la baisse anecdotique du taux de TVA dans le secteur va être réservée à ce type d’habitat et l’aide à l’isolation des logements sera délivrée sous conditions de revenus, comme tout le reste aujourd’hui. Cela ne dopera pas grand-chose et alourdira un peu plus les dépenses publiques. Les petits malins n’usent que de petits instruments. Pour obtenir des résultats, il faudrait se débarrasser une fois pour toutes du credo du socialisme immobilier et de sa porte-parole du moment, Duflot.

5 - Vol de nuit pour la Françafrique

Samedi 23 mars 2013, à propos du coup d’Etat en République centrafricaine, Le Monde rapporte : «Il n'est pas question que la France s'ingère dans les affaires intérieures d'un pays, comme l'a dit à plusieurs reprises le président François Hollande, justifie le porte-parole diplomatique à la présidence française. »

Dimanche 24 mars 2013, toujours selon le même journal : « Plusieurs centaines de militaires français se trouvent actuellement en Centrafrique où ils sécurisent notamment l'aéroport de Bangui. Environ 300 soldats supplémentaires ont été envoyés en renfort des 200 soldats déjà sur place, a fait savoir dimanche l'état-major des armées. »

Ah, la Françafrique ..!

6 - Sarkozy trop gentil avec Gentil ?

Thierry Herzog, avocat de Sarkozy, n’est finalement pas du genre agressif. Il était étonnant qu’en juin dernier un magistrat instructeur s’apprêtant à faire perquisitionner le domicile de l’ancien président, signe, sans que nul ne s’en émeuve, une pétition dénonçant sa politique. Van Ruymbeke, autre grand redresseur de torts du palais, avait été plus prudent.

Plus curieuse encore fut la divulgation le 22 novembre 2012, vingt-quatre heures après sa tenue, du procès-verbal d’une audition de Sarkozy. Herzog explique que seuls les juges y avaient accès. Si c’est vrai, cela aurait justifié une demande immédiate de renvoi pour cause de suspicion légitime. La Cour de cassation l’aurait probablement rejetée car elle n’aime pas ça mais au moins l’étonnante énergie déployée par Gentil dans cet aspect pourtant marginal de l’affaire Bettencourt aurait pu être débattue publiquement.

7 - Gentil trop gentil avec Sarkozy ?

Si le juge d’instruction de Bordeaux et ses deux collègues ne s’appuient pas sur un dossier particulièrement solide, avec des éléments probants établissant que Sarkozy a exploité la fragilité psychologique connue par lui de Liliane Bettencourt pour lui soutirer des sommes importantes (il faut aux termes du code pénal qu’ait été commis un « acte gravement préjudiciable »), le procès de l’ancien président tournera à l’eau de boudin. Cela lui offrira une parfaite rampe de lancement pour 2017, avec jusque ce qu’il faut de « storytelling » sur le héros accablé qui revient pour se venger des outrages et de l’injustice.

Comme le disait autrefois une publicité, on a toujours besoin d‘un petit pois (surnom peu amène donné par Sarkozy aux magistrats) chez soi.

8 - La solution aux problèmes de la France : Mélenchon et le gaz de schiste

Notre lider maximo frontogauchiste, Mélenchon, a parfaitement le droit de considérer que Moscovici pense davantage en homme de la finance apatride mondialisée qu’en politicien franchouillard et de le dire sans être taxé d’antisémitisme.

On peut de la même manière considérer, et l’écrire, que Mélenchon raisonne davantage en chavezien déjanté qu’en bon Français. Car où Mélenchon trouverait-il ici le pétrole indispensable à l’entretien du système clientéliste mis en place au Venezuela par son idole ? A moins que...

Comme autrefois pour Lénine, le communisme c’était les soviets plus l’électricité, aujourd’hui le mélenchonisme c’est le chavezisme plus le gaz de schiste.

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