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Injuste ou pas ? Le cas de Jacqueline Sauvage, lourdement condamnée pour avoir tué son mari violent, enflamme la blogosphère
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Revue de blogs

L'indignation devant sa condamnation d'une meurtrière-victime à 10 ans de réclusion pour avoir tué un mari barbare ne faiblit pas. Ce qui est en jeu : la légitime défense pour les femmes battues.

Claire Ulrich

Claire Ulrich

Claire Ulrich est journaliste et fan du Web depuis très longtemps, toujours émerveillée par ce jardin aux découvertes, et reste convaincue que le Web peut permettre quelque chose de pas si mal : que les humains communiquent directement entre eux et partagent la chose humaine pour s'apercevoir qu'ils ne sont pas si différents et qu'il y a donc un moyen de s'entendre.

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"Il faudrait que la justice soit juste" résume un signataire d'une pétition pour la libération de Jacqueline Sauvage.  La pétitionlancée en décembre pour la libération de Jacqueline Sauvage après sa condamnation en appel à 10 ans de réclusion, a atteint lundi 345 000 signatures. C'est la première fois qu'une pétition pour une question nationale atteint ce record en France.

Photo 'Osez le féminisme'

Sur Respect.mag se trouve le plaidoyer pour la grace de Jacqueline Sauvage, auquel adhèrent maintenant  des parlementaires, la maire de Paris Anne Hidalgo, Daniel Cohn-Bendit, Mélenchon, Corine Lepage. Et aussi Nathalie Baye et Annie Duperey. C'est une unanimité. Anne-Laure Buffet,  de l’association CVP- Contre la Violence Psychologique, a rédigé en décembre la lettre de demande de grace au Président. Au nom de quelle justice rajouter dix ans de prison aux  "47 années, c’est-à-dire 17.155 jours, ou encore 1.029.300 heures à devoir courber l’échine, endurer, subir, souffrir, se taire, s’enfermer, s’isoler, protéger ses enfants sans savoir comment, se protéger sans être autorisée à le faire"?

Sur Twitter, c'est la disparité entre condamnations qui provoque souvent l'indignation. 

Ostpolitik 'Les Goodyear : 9 mois ferme Le flic qui tue : Acquitté. Le patron qui séquestre ses employés : Acquitté. Justice de classe. Et Jacqueline Sauvage, 10 ans".

Les jurés de Blois ne sont pas des monstres. Ils ont suivi l'avocat général, qui désirait que la légitime défense dans ces cas ne deviennent pas "un permis de tuer". Céline, sur le blogCouleur café trouve que la situation des femmes battues méritent un traitement à part. "Bien sûr, elle aurait dû porter plainte. Bien sûr, elle aurait dû partir. Bien sûr, elle aurait dû faire ses valises et ne plus se retourner dès qu'elle a eu vent des attouchements et viol sur une de ses filles. Mais tout çà vient de nous, spectatrices, qui ne vivons pas le quotidien et ce qu'il comporte de menaces, d'emprise et de dépendance psychologiques, de peurs, de terreur ! Son mari est d'une grande violence, et on devrait tenir compte de çà. Les témoignages sont accablants, il ne faut pas les ignorer. La légitime défense n'est certes pas évidente. Mais elle trouve sa justification dans ce que cet homme représente comme danger pour la vie de cette femme qui se retrouve seule, face à un monstre, et ce, tous les jours que le bon Dieu fait. Et je trouve juste que la société n'a pas à peser beaucoup dans la balance ! je pense que oui, il faut tenir compte de çà. Que porter plainte, bien qu'utile et nécessaire, ne nous protège pas des coups." Légitime défense applicables aux violences conjugales ?

Au Canada, c'est déjà le cas.

Le blog de Hugo reprend le dossier très complet du siteLes Nouvelles News sur l'approche purement juridique d'une légitime défense pour les femmes battues. 

"Au Canada, l’article 34.2 du Code criminel a été modifié en ce sens. « Pour décider si la personne a agi de façon raisonnable dans les circonstances, le tribunal tient compte des faits pertinents dans la situation personnelle de la personne et celle des autres parties, de même que des faits pertinents de l’acte, ce qui comprend notamment les facteurs suivants : [alinéa f] la nature la durée et l’historique des rapports entre les parties en cause, notamment tout emploi ou toute menace d’emploi de la force avant l’incident, ainsi que la nature de cette force ou de cette menace".

En France, une femme a déjà été acquittée. Ce fut l'affaire emblématique d'Alexandra, 32 ans, en 2012. Mais un "détail" important a permis l'acquittement  : "Cette femme battue, menacée de mort à plusieurs reprises, avait tué son mari d’un coup de couteau dans la gorge alors qu’il tentait de l’étrangler. (...) L’acte différait considérablement de celui de Jacqueline Sauvage puisque le mari d’Alexandra Guillemin tentait physiquement de la tuer en l’étranglant au moment de l’acte".

Luc Frémiot, l'avocat général très connu pour son soutien aux victimes de violences conjugales, n'est pourtant pas tout à fait pour un changement de loi, lit-on aussi dans ce dossier : "Certaines dérives m’inquiètent, notamment la revendication par certaines associations et avocats d’une présomption de légitime défense en ce qui concerne les femmes. Une femme qui tue son mari n’agit pas nécessairement dans un cadre de légitime défense". Et "restaurer une présomption de légitime défense au profit des femmes serait le pire service qu’on puisse leur rendre".

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