Games Of Thrones : et en plus de gâcher le plaisir, maintenant les spoilgateurs risquent le procès

Pour comprendre l'importance du spoiler dans la vie contemporaire, on peut se baser sur ce tweet : "@xxclem_13notre prof de maths qui nous menace de spoiler GoT si on se tait pas..."

Au Québec, spoiler se dit  'divulgacher', et le 'divulgachage' a pris un tour juridique ces dernières semaines, avec le sacro-saint lancement de la saison 6 de Game of Thrones (GoT). HBO, la chaîne productrice, a demandé à Google de retirer  des vidéos donnant des 'spoilers' , d'abord distribués sur le portail Reddit. IGN explique qu'"Un YouTubeur espagnol qui poste régulièrement des spoilers de Game of Thrones pourrait arriver devant un tribunal si HBO decide de l'attaquer en justice. Un très petit nombre de personnes (dont le président des Etats Unis  Barack Obama) ont vu les épisodes de la série avant leur lancement, et on ignore d 'où l'homme qui se fait appeler  Dr. Jose Senaris, reçoit ses informaitons. Dans un fil de discussion sur Reddit, José Senaris a écrit qu'il ne sait 'jamais' quand il recevra de nouvelles informations. Elles apparaissent dans sa boite mail quand la source les envoie''. Jose Senaris a contre-attaqué après la disparition de ses vidéos sur son droit à diffuser ce qui lui chante sans être censuré, une procédure YouTube acceptée, et un jeu de ping-pong qui risque de faire date, tant l'enjeu des spoilers est devenu énorme, et mondial.

Tech Insider explique pourquoi la chaîne productrice de GoT, HBO, sait qui attaquer, si elle le décide. "L'an dernier, HBO avait donné quatre épisodes complets de la saison 5 à la presse, en avance. Deux DVD ont été livrés aux médias du monde entier, chacun avec un code à 4 chiffres incrusté sur la vidéo, en bas de l'image. Quelques jours avant le lancement de la saison 5, tous les quatre épisodes étaient  déjà en ligne, sur les torrents. Ce qui représentait 40% de la saison disponible pour ceux à qui le piratage ne pose pas de problème. Cette année, probalement en raison des leaks de 2015, HBO n'a livré aucune copie des épisodes. Aucune vidéo de la saison 6 n'a fait surface cette année, mais beaucoup de détails importants de l'intrigue sont devenu publics avant que les episodes n'arrivent sur l'ecran, et la plupart d'entre eux  grâce à 'Spanish Spoiler'. "

Les enjeux juridiques passionnent les spécialistes car le futur du spoiler pourrait un jour en être bouleversé et la machine à promotion changer de cap. Les anti-spoilers, qui doivent rester éloignés de Twitter et Facebook et des conversations en général le lundi s'ils n'ont pas encore vu l'épisode, en seraient soulagés. C'est très compliqué, de nos jours, d'être anti-spoiler.Toma longuement décrit son stress dans ''Le spoiler et moi' : 'On peut tomber du jour au lendemain sur un tweet ou un statut spoiler. La multiplication des plateformes où circule l’info étend la surface d’action du spoiler. (...).Le spectateur de série se retrouve dans une situation dangereuse, il doit jongler entre les rythmes de diffusion de chacun. Twitter, Facebook, une image sur Instagram, sur Google, une vidéo Youtube et le drame est assuré. Le flot d’informations est tel que le spoiler est là, tapi dans l’ombre, prêt à bondir." Le danger couve même dans l'histoire ou la mythologie : ''En lisant à l’époque un forum dont un sujet parlait de la série Spartacus qui tirait vers sa fin, j’ai lu quelques remarques de membres qui se disaient finalement peu surpris du dénouement à venir puisque l’histoire était déjà toute tracée. Fait historique ou pas, nous ne sommes pas tous égaux face à l’Histoire, la grande. Je n’avais pas étudié 'Spartacus 'à l’école, ni vu le film de Kubrick, j’étais donc vierge de tout élément narratif sur le dénouement du personnage. La partie d’inculture d’un individu peut alors lui être un spoiler important."

Pour faire le mal à coup de spoilers, il faut  bien qu'il en existe, et les maisons de production sont bien là pour distribuer les becquées apéritives et maintenir la tension. Un autre martyr entre en jeu, le chroniqueur de séries, qui doit slalomer entre la course au clic et le délit de spoiler. Asma, chroniqueuse pourBraindamaged, en est venue à s'interroger sur cette folie :  'Qu’est ce qui peut bien engendrer une telle psychose de la part des spectateurs ? Ce n’est pas tant l’information ou la peur d’avoir cette information qu’on est pas censé savoir, c’est la peur d’apprendre quelque chose de tragique qu’on nous aurait interdit de vivre pas nous même, de ressentir face à notre écran. C’est vrai, savoir que machin ou machine que j’aime tant va vivre un événement tragique, ça fait mal. Mais avoir mal, que ce soit avant, pendant, ou un peu après fait partie du jeu. Et c’est ce qu’on aime après tout. N’est-ce pas là le fond du problème ? A défaut de redouter le Spoiler, c’est le sentiment d’être privé d’émotions qui est redouté." 

"Help is on the way".Quartz a déniché ce qui doit être le tout premier brevet contenant le mot 'spoiler' : un brevet Google qui permettrait de bloquer les spoilers sur les réseaux sociaux.''Si le système pense que le post contient un spoiler, il floutera le contenu, et un message d'alerte aparaitra, demandant à l'utilisateur s'il veut vraiment lire le post. Les utilisateurs pourront aussi signaler si ce qu'ils postent contient des spoilers, s'ils sont charitables". Mais Google n'a pas révélé si ce projet expérimental allait être promu produit.