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La communauté médicale s'inquiète du climat alarmant qui règne autour des médicaments.
La communauté médicale s'inquiète du climat alarmant qui règne autour des médicaments.
©Reuters

Revue de blogs

La récente alerte autour du Motilium prend des allures d'habitude. Certains blogueurs médecins regrettent ces paniques à répétition.

Après les alertes sur le Mediator, Diane35, Tetrazepan et bien d'autres, un nouveau nom de médicament est devenu suspect : le Motilium. Twitter et Facebook relayent dans toute l'Europe, presque blasés, les risques cardiaques que le médicament entrainerait.

Du côté médical, des blogueurs médecins s'inquiètent de cette tendance à la panique. Le climat de "tous pourris" constant commence à les irriter. En début d'année, le livre du médecin Bernard Dalbergue "Omerta dans les labos" sur les pratiques douteuses des laboratoires pharmaceutiques voulant "pousser" un médicament ou le protéger de mauvaises publicité s'ajoute à déjà une étagère de livres qui minent toute la confiance des patients. Mais le Motilium n'est pas le Mediator. A moins que si ? "Le motilium, là, c’est un coup en trop. Le seul médoc qu’on peut donner dans la maladie de Parkinson, merci de le rappeler!", proteste un lecteur sur le forum médical Atoute.

Le soupir excédé de ces blogueurs concerne la revue médicale indépendante Prescrire. Prescrire s'est imposé par son approche indépendante (pas de publicité des labos) et son parti pris d'enquête et d'alerte sur les médicaments inutiles ou dangereux. C'est encore la revue Prescrire qui en février a souligné certains dangers du Motilium. Jean Yves Nau (journaliste et médecin) souligne la routine que sont devenues les alertes : "Résumons (...) Prescrire convoque la presse d’information générale pour qu’elle veuille bien amplifier sa volonté : que l’anti-nausées soit retiré du marché (risque de mort subite). La démarche n’a rien de nouveau. Prescrire tire son pouvoir de deux spécialités consubstantielles. La première est de tout faire pour rester éloigné de Big Pharma (refus de toute publicité). La seconde est de faire le ménage dans notre pharmacopée. Ou plus précisément de peser de son aura pour que le ménage soit fait. A commencer par ses abonnés prescripteurs et délivreurs (voire les fonctionnaires de l’ANS)." Mais Jean Yves Nau avait déjà demandé : "Les listes de Prescrire sont-elles toujours noires ? La vertu très utile de Prescrire, unique dans le paysage français, peut elle être excessive?"

La dernière alerte de Prescrire, qui a conduit à l’enquête sur le Motilium, n'avait pas le sérieux nécessaire, trouve Dominique Dupagne, sur atoute.org :

"La Revue Prescrire, habituellement bien informée, vient de déraper en alertant la presse et le public sur la responsabilité (hypothétique) de la dompéridone (nom de marqueMotilium®ou Biperydis®) dans des dizaines de cas de mort subite en France. Elle se fonde pour cela sur des liens statistiques peu démonstratifs, sur des hypothèses et des extrapolations que je trouve hasardeuses. Beaucoup de supports ont repris cette information en transformant cette hypothèse en certitude et sans prendre le moindre recul sur cette information. La dompéridone n’est pas un produit anodin, comme la majorité des médicaments. Elle ne doit être utilisée que lorsqu’elle est nécessaire, ce qui est en fait assez rare. Par exemple, son intérêt dans le traitement des nausées et des vomissements est très faible, voire nul. Pour autant, en faire un produit dangereux est abusif. Je doute d’ailleurs que l’Europe qui réétudie ce médicament suive l’injonction de la Revue Prescrire qui demande un retrait du marché. C’est juste l’occasion pour les médecins de réfléchir aux bonnes indications de ce produit et éventuellement de remettre en cause des prescriptions au long cours qui ne seraient plus justifiées. C’est aussi l’occasion pour les patients d’en discuter avec leur médecin."

Le blog de Michaelaprès une introduction entraînante, se livre à une analyse très poussée du communiqué sur le Motilium :

"Et voilà, c'est le bordel. Suite aux premiers émois sur le dompéridone l’an dernier, j’avais fait une recherche et parlé dans ces pages des anti-émétiques en médecine générale. Je concluais que pour une gastro-entérite, le mieux était rien, suivi par le VOGALENE. Je n’avais pas parlé des autres causes de vomissements (mal de transports, maladie de Parkinson, chimiothérapies…), mais comme je le disais alors, les effets indésirables mortels sont exceptionnels et si le MOTILIUM est indiqué (le seul anti-émétique dans la maladie de Parkinson par exemple), il ne faut pas s’en priver. A l’époque, je concluais ainsi : il me semble raisonnable de contre-indiquer les prokinétiques pour tout patient sous neuroleptique ou présentant un antécédent de QT long. C’était pas si mal. Et puis aujourd’hui, patratra, dompéridone revient sur le devant de la scène avec son costume de démon taillé par l’Ange Prescrire dans cet article. Et comme je vous ai dit que j’aime bien les maths, eh bien je vais examiner ce papier et discuter avec vous les phrases du résumé de la première page."

S'ensuit une analyse détaillé des chiffres, très médicale.

Le Ministère de la Santé met par ailleurs à disposition toutes les informations sur les médicaments et leurs génériques sur son site (avec moteur de recherches).

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