2012 : rase campagne et tout à coup, Anne Lauvergeon explose... <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
2012 : rase campagne et tout à coup, Anne Lauvergeon explose...
©

Revue de presse des hebdos

Campagne atone, candidats aphones… 2012, morne plaine (sob). A J – 10 avant le premier tour, il y a heureusement Anne Lauvergeon ( ? !), ses accusations contre “ l’axe ” Claude Guéant, Henri Proglio, Jean-Louis Borloo et… Alexandre Djouhri (tiens, le revoilà…). Atomic Anne ? Attention, c’est de la bombe !

Barbara Lambert

Barbara Lambert

Barbara Lambert a goûté à l'édition et enseigné la littérature anglaise et américaine avant de devenir journaliste à "Livres Hebdo". Elle est aujourd'hui responsable des rubriques société/idées d'Atlantico.fr.

Voir la bio »

Plus qu’une semaine, dites donc, avant le premier tour… et cette campagne qui ne décolle toujours pas ! Les débats télévisés de ces mercredi et jeudi soirs changeront-ils la donne ? Ne rêvons pas : il n’est plus l’or, Monsignore… Comme le résume “ Le Point ”, “ Rarement campagne aura autant évité les sujets qui fâchent (…) Tandis qu’en France, on se passionne pour savoir qui, de Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon ou François Bayrou arrivera en troisième position le soir du premier tour, à l’étranger, la campagne présidentielle surprend et surtout inquiète. “ La situation a quelque chose de surréaliste ”, pouvait-on lire l’autre jour dans le “ New York Times ”, avec des candidats “ se limitant à bricoler, à rafistoler ”, avec des “ programmes se contentant d’égrener des généralités et de grandes idées (vérité, espoir, justice, détermination). Mais pas plus Nicolas Sarkozy que François Hollande ne parlent des douloureux changements en perspective ”. (…) A savoir, note l’hebdo, une austérité budgétaire inédite, plus de chômage et un recul du pouvoir d’achat ”. 

La France dans le déni

Vous voulez plus de détails sur ce qui nous attend, nous, et notre futur président ? C’est dans “ Le Point ” et ça fait pas trop rigoler (on vous renvoie au dossier, c’est long). Quant à savoir comment on en est arrivé là, le journal, s’inspirant d’un dossier de “ The Economist ”, avance l’hypothèse selon laquelle “ la France (serait) dans le déni ”. (…) La campagne, écrit-il, se sera, depuis le départ, depuis la primaire socialiste, tout entière inscrite dans le déni des difficultés économiques auxquelles la France est confrontée, mais aussi dans le déni des efforts collectifs à accomplir pour redresser le pays. Peut-être en partie à cause des utopies économiques véhiculées par les deux frontistes Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, toute velléité de réalisme aura fait long feu. La campagne aura entretenu l’illusion d’une France ayant certes perdu son triple A mais toujours capable de parler d’égale à égale avec l’Allemagne, alors qu’avec son double déficit sa situation réelle la rapproche bien davantage de l’Espagne, du Portugal ou de la Grèce ”. Et paf ! Hou, ça fait mal !

La bombe “ Atomic Anne ”

Il y a autre chose qui fait mal, et pas qu’un peu, cette semaine, ce sont les confessions d’ “ Atomic Anne ”, on a nommé Anne Lauvergeon. Dans “ La femme qui résiste ” (Plon), l’ex-patronne d’Areva balance sacrément — l’en avait, apparemment, gros, très gros sur la patate. Si vous avez le temps, lisez son interview dans “ L’Express ”, qui vaut franchement le coup d’œil. Faute de place, on est obligé d’aller à l’essentiel, et aux bonnes feuilles, très parlantes, que publie… “ Le Point ”, encore. Z’êtes prêts ?

“ Tu fais (ministre) un an, et puis après, tu auras l’entreprise que tu veux ”

Premier extrait. Contexte : au lendemain de son élection, en mai 2007, Nicolas Sarkozy reçoit Anne Lauvergeon. “ Il attaque bille en tête, écrit-elle, en me demandant quel ministère je veux. Ma position a le mérite de la clarté et je l’expose immédiatement : je ne veux pas être ministre, je souhaite rester chef d’entreprise chez Areva. —“ (…) Je sais, je sais, j’ai compris le message, lui répond Nicolas Sarkozy, mais écoute, tu es ministre dix-huit mois. Allez, un an. Ca te va, un an ? Et puis après tu auras l’entreprise que tu veux ”. —“ Mais je suis déjà en charge de l’entreprise qui me va… ” —“ D’accord, d’accord, tu as fait quelque chose de très bien avec Areva, mais tu mérites mieux, tu mérites plus gros. Il ne t’a pas échappé qu’EDF va être libre. Ca te dit, EDF ? Tu fais un an et tu deviens patronne d’EDF. ” —“ Désolée, Nicolas, mais je n’ai pas l’ego lié à la taille de l’entreprise. De plus, cela n’a pas de sens pour une personne de la société civile de rester un an. Quand on s’engage en politique, ce n’est pas moi qui vais te l’expliquer. Il faut s’engager clairement, totalement. ” —“ Voyons, Anne, l’important, ce n’est pas la politique ou les mandats, c’est la proximité avec moi. Tu es mon amie, c’est suffisant ! ” —“ Partir au bout d’un an pour un ministre sera pris pour un échec. ” —“  Pas du tout, mais pas du tout ! Ca dépendra de ce que je dirais à la presse ! Si je dis que le job est fait, on me croira. On peut aussi annoncer dès le début que tu ne resteras pas plus d’un an. ” J’en reste coite ”. Nous aussi, Anne, nous aussi.

Et pourquoi tout ce cirque ?

Si on avait la place, on citerait cet autre extrait dans lequel Anne Lauvergeon raconte comment Nicolas Sarkozy lui propose la présidence d’Air France convoitée par Alexandre de Juniac, un “ grand ami ” du Président, dont ce dernier lui dit, pour emporter le morceau, qu’ “ il n’a pas le niveau ”. Mais faisons efficace, et sautons à la question qui, fatalement, nous brûle les lèvres : pourquoi tout ce cirque ? Pourquoi tant d’efforts pour détourner Lauvergeon d’Areva ? Ne vous formalisez pas sur le côté “ technique ”, ça se laisse comprendre sans trop d’efforts. Parole de pas technicienne, mais alors, du tout, du tout...

Atomic Anne et “ l’axe ”

“ Pourquoi abandonner les droits de propriété intellectuelle existant sur les réacteurs de génération trois ?, écrit Atomic Anne. Henri Proglio et ses amis n’en font pas mystère, ils souhaitent créer une industrie nucléaire chinoise qui sera en mesure d’approvisionner la France et l’international. Ce serait la mort programmée d’Areva. Et ils envisagent tout cela avec un souverain détachement et une grande liberté de ton sans être rappelés à l’ordre. Et pour cause. Un axe est en place : Claude Guéant, Jean-Louis Borloo, François Roussely, Jean-Dominique Comolli, Alexandre Djouhri, chacun son rôle. La machine étatique pour certains, l’entreprise et les contrats lucratifs pour huiler les relations pour d’autres. Tous solidaires, tous frères. Atmea (projet d’Areva de réacteur plus petit que l’EPR) contrarie les plans d’Henri Proglio ? Pffft, Atmea n’existe plus. Anne Lauvergeon nous gêne ? Pffft, il faut la dégager. GDF est un grand acteur de l’énergie qui réussit ? Pffft, éliminé dans le rapport Roussely sur la réorganisation de la filière nucléaire française. Tous les arbitrages sont gagnés par Henri Proglio, quel que soit le sujet (…). Jean-Louis Borloo, qu’il appelle “ mon frère ”, est aux petits soins. Henri Proglio est entouré, bichonné, cocooné. Je sourirai plus tard en lisant qu’il a voulu débarquer le patron de Véolia au profit du patron du Parti radical. Alors que j’avais des relations ouvertes avec Jean-Louis Borloo, je sens tout de suite que je deviens celle qui empêche le poulain (Proglio) de se “ déployer ” ”. Et qui devait être “ débarquée ” ?

Mélenchon/ Sarkozy : les “ liaisons dangereuses ”

Mais revenons à nos candidats… On pourrait vous donner les derniers résultats des sondages Ipsos, Ifop publiés dans “ Le Point ” (qui, étrangement, indiquent “ les mêmes tendances ”), ceux de l’étude Louis Harris Interactive affichés dans “ VSD ”… à quoi bon ? A l’heure où François Hollande, assassiné par Claude Allègre dans “ Le Point ”, s’exprime conjointement dans “ L’Express ” et “ Les Inrockuptibles ” (des deux interviews, préférez celle des “ Inrocks ”), c’est le dossier que “ Le Nouvel Observateur ” consacre à Jean-Luc Mélenchon qui a, en fait, retenu notre attention. Plus particulièrement le papier concernant les “ liaisons dangereuses ” que “ Méluche ” entretiendrait avec Nicolas Sarkozy. Hue, comme ils y vont, à l’ “ Obs ” ! Heu, et sinon, ça dit quoi ?

Mélenchon, le “ chef de guerre ” et le “ capitaine de pédalo ”

“ C’est un des “ trous ” de sa campagne, note le mag : alors que Mélenchon accable régulièrement de ses sarcasmes Hollande comme Marine Le Pen, il n’a jamais eu de formule assassine contre Sarkozy. Sur le fond, il s’en démarque sans équivoque. Le 5 avril, à Toulouse, il lui a réclamé “ des comptes ” pour le “ malheur ” répandu depuis cinq ans. Mais rien sur l’homme. Bien au contraire. En privé, il accorde à Sarkozy d’être “ un chef de guerre ”. L’exact contraire d’un “ capitaine de pédalo ” ! Mieux : après cette flèche décochée contre Hollande, Mélenchon a assuré être à la recherche de la “ vacherie qui tue ” contre Sarkozy : on l’attend toujours… 

Mélenchon ami de Patrick Buisson

Ah, ah… et pourquoi ça ? “ Sa sourde fascination pour le président sortant a une explication conjoncturelle, explique le news. Les deux hommes ont un ami commun : Patrick Buisson. Le candidat du Front de Gauche et très droitier conseiller de Sarkozy ont sympathisé du temps où ils participaient ensemble, avant 2007, à l’émission “ Politiquement show ” sur LCI. Buisson a invité son pote à l’Elysée, le 24 septembre 2007, pour la remise de sa Légion d’honneur. Dans l’interview qu’il a récemment accordée au “ Monde ”, Buisson a reconnu “ une certaine tonicité ” à Mélenchon. Une interview dont ce dernier s’est repu : Hollande se voyait traité de “ gestionnaire pusillanime ”… ” Mouais.

Mélenchon : “ battre la droite, il s’en fout ”

Cette amitié suffit-elle à expliquer le “ manque d’agressivité ” de Mélenchon à l’égard de Sarkozy ? “ Le Nouvel Obs ” le concède : pas vraiment. “ Au-delà, dit-il, en digne héritier des communistes, Mélenchon a une constante : son ennemi principal, c’est la social-démocratie. Il a commencé sa campagne en assurant que son objectif était de prendre 3 millions de voix socialistes. C’est à cette fin qu’il s’est résolu à partir à l’assaut du FN. A ses yeux, le reste est secondaire. Depuis 2007, le Front de Gauche n’a pas hésité à favoriser l’UMP lors d’élections partielles, à Aix-en-Provence et dans les Yvelines, contre des candidats socialistes qui avaient eu le tort de frayer avec le MoDem. Entre les deux tours, Mélenchon appellera à battre Sarkozy. Mais, en réalité, il s’en fout. Battre la droite ne deviendra pour lui un impératif que le jour, qu’il espère proche, où il aura assis sa domination sur la gauche ”. Ah, oui, quand même…

Bedos : “ Mélenchon pourrait se reconvertir dans le spectacle avec succès ”

Séduit par “ Méluche ”, Bedos (père) ? Oui, da, et il ne le cache pas. “ Nous nous voyons, nous nous parlons parfois au téléphone, confie l’humoriste au “ Nouvel Obs ”. Mélenchon est un homme d’un grand talent. Soit dit en riant, si demain, il abandonnait la politique, je suis sûr qu’il pourrait, au-delà des convictions qu’il incarne, se reconvertir dans le spectacle avec succès. J’accepterais volontiers d’être son impresario ! ” OK, c’est noté, Guy.

La maquilleuse de Sarko, le massage anti-rides de Hollande

Et puisqu’on parle de spectacle, “ L’Express ”, dans son dossier “ Le roman noir de la présidentielle ”, consacre une page assez croquignolette sur la préparation des candidats dans les coulisses de leurs meetings. “ Nicolas Sarkozy ne voyage jamais sans sa maquilleuse attitrée, indique le journal. En 2007, “ Marina ” masquait déjà un moment de fatigue par un trait de blush. Dans la loge du candidat, un petit espace lui est toujours réservé. Eva Joly, elle, a tout l’attirail dans son sac et préfère se débrouiller seule. Sauf ces derniers temps, où quelques bleus ont nécessité le concours d’un professionnel. Quant à François Bayrou, soucieux de la qualité des photos, il fait aussi appel à une maquilleuse. Mais le centriste ne l’emmène pas systématiquement dans ses bagages et a recours — faut-il y voir une déclinaison de son programme ? — à l’artisanat local. Le rituel change un peu avant une télé : passage obligé par une douche très chaude.Pas une minute à perdre pour François Hollande. Pendant la séance antirides, anticernes, le socialiste relit, note et annote son texte. Jusqu’au dernier moment ”. 

François Morel : “ Les politiques ont tué le métier ”

De vraies starlettes, nos candidats… Quant à savoir où commence et où finit le show, s’il faut en rire ou en pleurer… Dans le papier que “ L’Express ”, toujours, consacre aux humoristes “ en campagne ”, François Morel le fait remarquer : “ Les politiques ont tué le métier. Lorsque Nora Berra (secrétaire d’Etat à la Santé) recommande aux SDF de rester chez eux à cause du froid, comment voulez-vous que les humoristes fassent mieux ? ” Oui, comment, hein ?

A lire, encore

Signe qu’il y a un vrai de vrai problème ? Les candidats — en même temps, vous ne vous en étonnerez pas…— ne convainquent pas les jeunes. Vous voulez des chiffres, des données ? Lisez “ Au pays des baby-losers ” (“ Le Point ”) et “ Jeunesse : le rendez-vous raté ” (“ L’Express ”).

Rayon gossips/media : dans la tourmente, Audrey Pulvar s’en sort plutôt bien : “ France 2 lui mitonne un magazine qu’elle animerait en seconde partie de soirée à la rentrée. Un “ pilote ” a été enregistré. Ne manque plus que le feu vert de la chaîne ” (“ L’Express ”).

Rayon gossips/fortune/ça fait du bien à entendre : Jean-Marie Banier “ qui a déjà dû acquitter une caution de 10 millions d’euros a appris récemment la confiscation de trois assurances-vie reçues de la milliardaire. Le total représente quelque 75 millions d’euros ” (“ Le Point ”). Y’a bon, banania !

Grosse actu Mali, sinon, avec “ Les douze plaies du Mali ” (“ L’Express ”), “ Ag Ghali, seigneur de Tombouctou ” (“ Le Point ”), “ Mali : un désastre français ” (“ Nouvel Obs ”) et “ Avec les rebelles touareg ” (“ VSD ”).

En vrac : dans “ L’Express ”, “ L’Espagne au bord de la crise de nerfs ” et “ Quand Bruel jouait avec le fisc ”.

Dans “ Le Point ” : le portrait “ Moscovici, une histoire française ”, l’enquête “ Les Allemands vivent-ils mieux que nous ? ”, “ Poker birman : après la victoire d’Aung San Suu Kyi, les militaires vont-ils réellement rentrer dans leurs casernes ? ”, “ Les exploits de l’homme bionique ”, “ Déferlante chinoise sur les vignobles du bordelais ” et “ Et si le singe était notre avenir ? ”

Dans “ Le Nouvel Observateur ” : l’enquête “ Marseille : le sang de la drogue ”, le portrait de Jean-François Copé “ L’agressif heureux ”, le dossier “ Culture : ce que (les candidats) veulent faire ”, “ Iran : les pourparlers de la dernière chance ”, “ Le mystère de la chambre 723 ” sur la mort de Richard Descoings et “ Hold-up sur la musique ? ” sur le projet de Nicolas Sarkozy de créer un Centre National de la Musique.

Dans “ Challenges ” : “ Chacun cherche son point de chute ” sur le “ mercato ” des grands entrepreneurs et des politiques d’avant les élections, le portrait de Mario Monti, “ Fortissimo ”, et “ La vérité sur… l’éternelle friche de l’île Seguin ”.

Dans “ Les Inrocks ” : “ Les cyber-salafistes pédalent dans le buzz ” sur le groupuscule Forsane Alizza, le portrait de l’avocat Eric Dupond-Moretti “ L’impartialité de la justice me fait doucement rigoler ”, “ Flammarion : maison à vendre ” et l’interview de Francis Ford Coppola, “ Le roi vagabond ”.

Dans “ Télérama ” : l’interview de Jack White qui a “ tourné la page des White Stripes ” et le dossier sur les “ Stars du Web Man Show ”, Norman, Cyprien et consorts…

 Dans “ VSD ” : “ Hollande/Mélenchon : ils se sont tant haïs ” et “ Immigration : ces têtes que le Canada nous pique ”.

 Côté dossiers : “ Le Point ” propose un spécial MBA et “ Challenges ” ses “ meilleurs masters ” ; “ L’Obs ” donne dans le spécial placements : “ Sous les élections… la crise ! ” ; VSD fait un “ Grand angle évasion ” sur les Etats-Unis “ Chasseur de pythons géants ” et “ Télérama ” un spécial week-end “ Un lac et tout baigne ”. Et si on y plongeait nos candidats, la France et tout ça ?

Le sujet vous intéresse ?

Mots-Clés

Thématiques

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !