35 présumées victimes de Bill Cosby en une du New York Magazine : quand les médias sociaux deviennent une alternative aux tribunaux<!-- --> | Atlantico.fr
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Couverture du New York Times magazine du 27 juillet 2015.
Couverture du New York Times magazine du 27 juillet 2015.
©New York Magazine

Revue de blogs

La publication américaine New York Magazine présente en une, cette semaine, les portraits de 35 femmes qui affirment avoir été agressées par le comédien et humoriste Bill Cosby. Les réseaux sociaux ont fait basculer l'opinion publique en leur faveur.

Claire Ulrich

Claire Ulrich

Claire Ulrich est journaliste et fan du Web depuis très longtemps, toujours émerveillée par ce jardin aux découvertes, et reste convaincue que le Web peut permettre quelque chose de pas si mal : que les humains communiquent directement entre eux et partagent la chose humaine pour s'apercevoir qu'ils ne sont pas si différents et qu'il y a donc un moyen de s'entendre.

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Le malaise est toujours aussi pesant pour tous les abus, du viol au harcèlement de rue, toujours aussi fréquents, mais cette semaine prouve que Internet et réseaux sociaux ont radicalement changé le rapport de force en faveur des victimes.

Les quotidiens du monde entier reprennent ce matin 28 juillet la couverture-choc du New York Magazine. 35 victimes présumées du comédien américain Bill Cosby, sur les 46 qui l'ont publiquement accusé de les avoir droguées puis violées, ont accepté de poser ensemble et de publier leur témoignage. Mis bout à bout, les témoignages font de l'animateur et acteur vedette, symbole d'une Amérique noire exemplaire dans la série Le Cosby Show, un violeur systèmatique, froid, manipulateur et sûr de son impunité : sa gloire le protégeait. Des grands noms des années 80 comme les mannequins Janice Dickinson et Beverly Johnson ont témoigné. Elles non plus n'ont rien dit. L'accusé à 77 ans, les victimes ont passé la cinquantaine."Pourquoi a-t-il fallu 30 ans pour qu'on me croie ?", demande l'une des premières femmes à avoir osé parler au Washington Times. Une certaine justice est faite. Bill Cosby est fini, professionnellement et personnellement. Mais dans les torrents de commentaires, on trouve une voix, celle de Lumen, qui s'inquiète de la nouvelle justice des médias sociaux.

"J'apprécie l'article, mais je ne peux m'empêcher d'etre troublé par la thèse sous-jacente. Acceptons-nous que les médias sociaux soient une alternative viable aux tribunaux ? (...) Je comprends que le simple nombre de femmes (qui témoignent) et la déposition de Bill Cosby donne à l'affaire un statut unique.(...) Mais Il n'est pas assez souligné que c'est Mme Costand, en portant plainte en justice, qui a provoqué le début de la chute de Cosby. C'est lui-même qui l'admet."

Christina Eugenio, sur Facebook, se désole de ce genre de réactions. "Je lis deux types de commentaires, qui me font vraiment mal au coeur. Les premiers sont du genre "Pourquoi n'ont-elles pas parlé plus tôt ?", et le deuxième a à voir avec l'impression que ces femmes "veulent juste leurs 15 minutes de célébrité." Ce n'est pas une question de célébrité, c'est un cri pour demander justice".

Parce que les agressions de ce type sont si courantes dans la vie ordinaire d'une femme (100% des femmes y ont été exposées selon un récent rapport), et que les autorités et la justice ne sont pas là, ou ne répondent pas, ou mal, le cas de Camille est là encore une première symbolique.C'est elle qui a photographié l'homme qui se masturbait devant elle dans le métro avant de poster directement sa photo sur Facebook. Une justice expéditive par médias sociaux. Puisqu'il n'en existe pas d'autre pour des faits de harcèlement banals, Camille s'est instinctivement tournée vers ses amis Facebook, qui ont son âge, qui comprennent, qui réagissent au quart de tour.  

Terra Femina souligne une nouvelle ironie glaçante : la police lui a expliqué qu'elle aurait mal réagi, pour des questions de... droit à l'image de l'exhibitionniste. Pendant ce temps, le post de Camille a faitle tour du monde. Et c'est aux amis Facebook qu'elle dit merci. 

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