De quoi le retour de Sarkozy serait-il le nom ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Pour la première fois depuis 2007, Nicolas Sarkozy s'est rendu lundi dernier à l'UMP pour un "bureau politique extraordinaire".
Pour la première fois depuis 2007, Nicolas Sarkozy s'est rendu lundi dernier à l'UMP pour un "bureau politique extraordinaire".
©Reuters

Chroniques du pot aux roses

A observer les commentateurs déjà vent debout contre le retour de Nicolas Sarkozy, une évidence apparaît. La cléricature française contemporaine, mélange de hauts fonctionnaires, journalistes et universitaires biberonnés par l'Etat, sent bien que son heure est passée.

Serge  Federbusch

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président du Parti des Libertés, élu conseiller du 10 ème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de Delanopolis, premier site indépendant d'informations en ligne sur l'actualité politique parisienne.

Il est l'auteur du livre L'Enfumeur, (Ixelles Editions, 2013) et de Français, prêts pour votre prochaine révolution ?, (Ixelles Editions, 2014).

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1 - La vengeance est un plat qui se mange tiède

L’usage du futur ne laisse aucun doute : "le jour où je reprendrai la parole, ce sera pour parler aux Français de la France", signifie clairement que Sarkozy s'est positionné pour 2017.

Aussitôt du reste, la gauche s’est mobilisée. Désir, Royal, Valls, Sapin, etc : ils sont tous allés de leurs petites phrases assassines, n'hésitant pas à remettre comme autrefois en cause l'attachement de l'ancien président aux valeurs républicaines. Le filon de l'anti-sarkozysme névrotique, qui a tant été exploité durant son quinquennat, recèle toujours de grosses pépites et les internautes du Nouvel Obs et de Libé ont retrouvé instantanément leur haine pavlovienne pour la bête noire qu'ils doivent au fond d'eux-mêmes aimer un peu pour lui accorder autant de convulsive attention.

Cette séquence donne en réalité un sentiment de surplace et même de retour vers le passé qui traduit très exactement la glaciation politique dans laquelle la France est entrée avec Mou-Président. Faute de ne rien réformer, Hollande cherche à tout figer en attendant une hypothétique reprise économique. Il ne ressuscite que plus vite son adversaire de 2012.

La détestation de Sarkozy a fait l'objet de nombreuses analyses en son temps. Haine d'un chef considéré comme illégitime car d'origine étrangère, rejet d'un rapport à l'argent et à la réussite décomplexé, antisémitisme larvé, allergie à tout ce qui ne relève pas de l'intellectualisme propre sur soi, etc. Les explications furent nombreuses.

A observer cette nouvelle salve de critiques et à lire les commentateurs déjà vent debout contre Sarkozy, une évidence apparaît. La cléricature française contemporaine, mélange de hauts fonctionnaires, journalistes et universitaires satisfaits d'avoir fait des études qui leur donnent le sentiment de comprendre le monde et, pour la plupart d'entre eux, biberonnés par l'Etat, sent bien que son heure est passée.

La mondialisation, après avoir laminé les ouvriers et employés des industries françaises, dont au fond ils se moquaient et qu'ils ont laissé gentiment crever, est désormais à l’œuvre contre ces travailleurs intellectuels protégés. L’armure de l’Etat est percée. La presse traditionnelle française est atteinte d'un mal mortel : ses ventes continuent de reculer et la seule recette publicitaire encore dynamique vient désormais du Net. A l'université, déjà paupérisée, c'est désormais un combat de gueux pour continuer à faire vivre les labos et les enseignements dans les restrictions budgétaires discrètes imposées par Hollande.

La haute et moyenne fonction publique, encore préservée car elle fournit des bataillons d'électeurs socialistes motivés, est, elle aussi, rognée à la marge et baigne dans le désagréable sentiment que le pire reste à venir. Tous ces producteurs d'idéologie exècrent l'idée même que le chef de l'Etat, leur Etat, puisse ne pas les défendre et, pis encore, les dédaigner. Leur haine de Sarkozy est la prémonition de la chute inéluctable du système politique qui les fait vivre. Son retour serait donc synonyme de désespérance chez beaucoup d'entre eux, d'autant plus fortement qu'Hollande leur a donné un ultime espoir de salut dont ils voient bien, jour après jour, qu'il était vain.

Pour garantir sa possible réélection, Sarkozy a une chose à faire : anesthésier ce petit monde, le convaincre qu'il disparaîtra dans la douceur, que les réformes inévitables pour faire entrer l'archaïque administration française dans le 21ème siècle ne les privera pas de tout, comme de vulgaires fonctionnaires soviétiques dans une Europe de l'Est débarrassée du communisme. La France attend son Gorbatchev autant que sa Thatcher.

2 - Morsi l'oeil

Surtout n'allez pas faire de comparaisons internationales sondagières, vous risqueriez la garde à vue prolongée !

Fin mai dernier, l'institut d'études d'opinion Zoghbal révélait que le président Morsi avait vu sa popularité auprès des Egyptiens chuter de 57 à 28 % depuis son accession au pouvoir en juin 2012. Ce même juin 2012, François Hollande rassemblait encore 59 % de satisfaits selon l'Ifop, lequel les évalue à 30 % des Français un an plus tard.

Ce frappant parallélisme des courbes devrait encourager l'Elysée à continuer ses coupes dans le budget des armées. Autant affaiblir le plus possible tous les éléments potentiellement séditieux ...

3 - Une politique cohérente

A ceux qui me reprocheraient d'être excessif et systématique dans la critique du gouvernement socialiste, j’opposerai un démenti catégorique.

La preuve : je salue immédiatement la belle cohérence de la politique de messires Hollande et Ayrault. Baisse des loyers pour la première fois en France depuis plus de 10 ans, recul inédit de l'emploi à domicile, augmentation persistante du déficit public, titre envié de seul pays d'Europe où aucun signe de reprise n'est visible : la France grimace dans la tenaille d'un euro surévalué et d'un coût du travail qui ne recule pas, au contraire des pays du Sud.

Du reste, tout se tient. La Fepem, organisation professionnelle des particuliers employeurs, a ainsi précisé que la hausse du chômage expliquait pour une bonne partie le moindre besoin de gardes d'enfants. Non seulement les parents ont du temps libre mais ils n'ont plus les moyens de payer les nounous.

4 - Le modèle français qu'il disait ...

Indiscrétion du Canard enchaîné : François Hollande s'est refusé à vraiment s'attaquer aux régimes spéciaux de retraite ou aux structures administratives pléthoriques car "ce serait remettre en cause le modèle français et (qu'il) ne le veut pas."

Ce qu'il nomme modèle, appelons-le maladie et l'on aura une exacte idée du médecin au chevet de nos maux.

5 - Tapie quasi terroriste ?

Extrait du code pénal à l'usage de ceux qui ne s'étonnent pas que Bernard Tapie ait passé 96 heures en garde à vue : "La durée de la garde à vue est de 24 heures. Elle ne peut être prolongée jusqu'à 48 heures que si la peine encourue est d'au moins 1 an d'emprisonnement, sur autorisation écrite et motivée du procureur de la République et après présentation devant celui-ci.

Pour les affaires particulièrement complexes et graves, la prolongation peut être prolongée jusqu'à 72 heures (voire 96 heures ou 120 heures, en cas de risque terroriste), sur décision du juge des libertés et de la détention (JLD) ou du juge d'instruction."

6 - L’Enfumeur diplomate

Résumons-nous. En une semaine, l’Enfumeur refuse l’asile à Snowden mais critique vertement les Etats-Unis, interdit son espace aérien à Morales puis lui demande pardon et cherche à se refaire une virginité en donnant un visa à la Femen en chef. C’est rassurant : les puissances étrangères ont droit aux mêmes subterfuges que les Français.

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