Jérôme Cahuzac : "la gravité de ma faute ne me permet pas de conserver mon poste de député"<!-- --> | Atlantico.fr
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L'ex-ministre s'est exprimé sur l'affaire et son compte en Suisse
L'ex-ministre s'est exprimé sur l'affaire et son compte en Suisse
©Reuters

Interview

Pour la première fois depuis sa démission, l'ex-ministre du Budget s'exprimait ce mardi sur BFMTV.

  • Jérôme Cahuzac démissionne de son siège de député
  • il réitère ses excuses envers François Hollande et son gouvernement
  • il confirme l'existence d'un compte en Suisse avec 600 000 euros 
  • il affirme qu'il a menti à François Hollande, Jean-Marc Ayrault et Pierre Moscovici

Les confessions de Jérôme Cahuzac

"Une décision doit être prise. Dois-je démissionner de mon mandat de député ? Il m'a fallu du temps pour écouter les autres. J'ai eu besoin de ce temps pour mesurer la faute morale que j'ai commise. (...) J'ai subi de nombreux coups. J'en ressenti beaucoup de douleur. Ce que j'ai fais ne correspondait pas à la moralité. Les réactions ont été très violentes. Il y a eu un acharnement sans précédent. Ce n'est pas à moi de dire si cela été excessif".

"J'ai pris ma décision. Je reconnais ma faute morale. La gravité de cette faute ne me permet pas de conserver mon poste de député. J'ai donc décidé de démissionner".

"J'ignore de quelle façon aujourd'hui, je peux compenser le mal que j'ai fait. Il est difficile de se faire pardonner après une telle faute. Il est peu probable que je revienne en politique. Je le dis avec tristesse mais une page se tourne". 

"François Hollande n'avait pas à me parler. Je lui ai demandé pardon par écrit. Je ne sais pas s'il me l'a accordé. C'est à celui à qui j'ai demandé pardon de dire s'il me l'accorde".

"J'ai commis une folle erreur, il y a près de 20 ans. J'envie ceux qui ne font pas de faute... J'ai cru qu'en travaillant comme j'ai pu le faire, j'ai cru que cette part d'ombre pouvait être réduite. Mais la seule chose pour l'éradiquer, c'est d'affronter la réalité. Mon compte était une part d'ombre. Je n'ai jamais trouvé la solution pour revenir en arrière. (...) Lorsque j'ai été nommé ministre du Budget, j'étais dans l'irrationnel, je me mentais à moi-même, je repoussais la vérité. A cet instant, j'aurais dû avoir la force d'âme de repousser et de refuser ce poste. J'en paie le prix fort aujourd'hui".

"J'ai décidé depuis plusieurs semaines d'aller voir les magistrats. Après ma démission, j'ai compris qu'il fallait cesser cette situation malsaine. J'étais en train de me consumer de l'intérieur. Mes proches peuvent témoigner. Je ne supporte plus la contradiction que je porte en moi. (...) Je veux affronter mon épreuve judiciaire le plus sereinement possible. Je ne parlerai pas publiquement de comment se passaient les choses".

"J'ai peur d'affronter la vérité mais je saurais la surmonter. C'est nécessaire. (...) 600 000 euros sur mon compte en Suisse ? C'est vrai. Les autres sommes sont des rumeurs. Je dis la vérité. Dans le cadre de mon travail, j'ai eu des relations avec les laboratoires mais il n'y a pas eu de conflits d'intérêt. (...) Cet argent n'a pas servi à financer les campagnes du parti socialiste".

"J'ignore le degré de connaissance de François Hollande. Mais ce que je peux dire, c'est que je ne leur ai rien dit. Je leur ai menti".

"Je suis le seul responsable de cette situation. Je comprends la colère de ceux qui me faisaient confiance. J'espère que ce que j'ai pu faire dans ma ville, dans ma circonscription sera reconnu un jour. J'ai semé un énorme dans tout le pays, je le regrette. J'éprouve de la détresse et de la tristesse. Ma volonté aujourd'hui, est de conserver l'amitié de ceux qui font encore confiance".

"Dans les jours noirs, que j'ai traversé, il est normal de se poser des questions comme celle du suicide. Il faut que j'assume dignement et que je me relève".

Les déclarations de Jérôme Cahuzac ont fait réagir de nombreuses personnalités politiques. Jean-François Copé, président de l'UMP, a estiméque des "zones d'ombre" restaient "entières". "Un certain nombre de zones d'ombre, comme dit Jérôme Cahuzac, ne sont pas levées. Lorsque Jérôme Cahuzac dit qu'il ignore lui-même le degré de connaissance par François Hollande de sa situation, ça en dit long sur l'incertitude", a-t-il déclaré à la presse lors d'un déplacement en Saône-et-Loire.

Le premier secrétaire du PS Harlem Désir a affirmé pour sa part que Jérôme Cahuzac avait pris la seule décision "acceptable pour les Français"."Jérôme Cahuzac a pris la seule décision raisonnable, la seule décision acceptable pour les Français en annonçant sa démission de l'Assemblée nationale, il assume sa faute individuelle", a déclaré le patron du Parti socialiste.

Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste français, a estimé que le retrait Jérôme Cahuzac de la vie politique "ne sera pas une perte pour la gauche"."Contre le fric qui pourrit tout, maintenant prenez le pouvoir !", s'est-il exclamé.

Gilbert Collard, avocat de profession et élu FN dans le Gard, a également commenté l'intervention de l'ex membre du gouvernement. "J'ai du respect pour un homme qui avoue, mais il y a aussi une stratégie de l'aveu, car avouer, c'est déraciner la polémique, c'est couper court aux questions. Mais ce n'est pas parce qu'un homme passe des aveux que pour autant l'affaire en lui est terminée. L'avenir nous dira ce que ces aveux voulaient vraiment dire", a-t-il déclaré."J'aurais bien aimé qu'il vienne [à l'Assemblée nationale], ça aurait fait de l'animation", a finalement ironisé le député frontiste.

"Je pense que c'est une position juste qui était la seule qui pouvait lui permettre à lui aussi d'être confronté à la justice et de se reconstruire", a quant à lui déclaré Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale.

Le député UMP Thierry Mariani a estimé que la décision de Jérôme Cahuzac était "la seule réaction compréhensible pour tous les Français" et une bonne nouvelle pour le Parti socialiste, qui évite d'être confronté dans l'hémicycle à un "reproche permanent".

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