Grandeur et décadence du réseau social Myspace<!-- --> | Atlantico.fr
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Chris DeWolfe (co-fondateur de Myspace), et Rupert Murdoch en 2007
Chris DeWolfe (co-fondateur de Myspace), et Rupert Murdoch en 2007
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Chute

Audience divisée par deux, valeur divisée par six, le rival de Facebook s'effondre

Le groupe News Corp de Rupert Murdoch (The Times, Wall Street Journal, Fox News, SkyNews etc..) essaie de vendre le réseau social Myspace, autrefois très à la mode. Mais aujourd'hui, Facebook ne cesse de grandir pendant que la fréquentation, les revenus et la valeur de Myspace s'effondrent un peu plus chaque jour.

"En décembre 2008, MySpace attirait 75,9 millions de visteurs uniques aux USA selon ComScore. En mai 2011, Myspace n'en attiré que 34,8 millions. Au cours des deux dernières années Myspace a perdu en moyenne, plus d'un million d'utilisateurs par mois. Sachant que Myspace tire la quasi totalité de ses revenus de la publicité, cette déperdition influe directement sur sa rentabilité. En 2009, le site avait généré 470 millions $ de publicité, selon eMarketer. En 2011, la publicité ne devrait rapporter que 184 millions." explique l'hebdomadaire Business Week qui consacre sa couverture aux mésaventures de MySpace.

BusinessWeek raconte que Rupert Murdoch a payé 580 millions $ en 2005, et essaie de le vendre pour 100 millions depuis février 2011. Selon le magazine professionnel Hollywood Reporter, Bobby Kotick, patron d'Activision Blizzard (jeux vidéo), Bobby Kotick est à la tête d'un groupe d'investisseurs qui reprendrait le contrôle de Myspace (80%) pendant que News Corp e conserverait 20%.

Murdoch avait prévu de construire un bâtiment pour transférer le siège de Myspace à New York, au coeur de son empire, à côté de Fox News et autres. Mais il  a cessé de se passionner pour Myspace, deux ans après son achat, lorsqu'il s'est lancé dans une opération pour prendre le grand quotidien économique Wall Street Journal.

Ensuite une succession d'erreurs stratégiques ont accéléré la chute de Myspace. Mais surtout c'est la vitesse d'évolution de la technologie, l'instabilité du comportement des utilisateurs, et la perception du public forment un mélange instable, surtout s'il s'ajoute à l'arrogance des dirigeants d'une plateforme qui attire des millions d'utilisateurs.

Les deux co-fondateurs de Myspace (fondé en 2003, ouvert en janvier 2004), Chris DeWolfe et Tom Anderson ont déchanté. DeWolfe a encore une page Myspace mais il ne la consulte plus et il se dit déçu de voir que Myspace Music qui était l'atout principal a peu évolué. Il y a eut un choc de culture quand l'empire News Corp a acheté la start up et la fusion n'a pas fonctionné.

La tension est montée quand Google a payé 300 millions de dollars pour l'exclusivité de la pub sur Myspace, conduisant à une augmentation de celle-ci dans tout le site, et de manière un peu anarchique. Puis alors que Facebook s'assurait de la robustesse et de la fiabilité de sa plateforme, Myspace a conçu une série de nouveaux services plus ou moins rentables. Puis le site est passé de Adobe ColdFusion une architecture ouverte choisie par les fondateurs, à .Net (une architecture Microsoft), beaucoup moins flexible.

Mais la mauvaise direction prise par Myspace était masquée par la croissance du nombre d'utilisateurs qui continuait au rythme de 300 000 par jour... Jusqu'en février 2006 où une enquête du procureur de l'état du Connecticut s'intéressa à d'éventuels images pornographiques visibles par des mineurs. Les médias dramatisèrent, et le site devint aux yeux de certains un lieu de perversion. Et d'autres procureurs d'autres états ouvrirent eux aussi des enquêtes.

Facebook profita discrètement de la panique autour de Myspace en se présentant comme un site très sûr, y compris aux yeux des annonceurs. 

Dernière étape : un nouvel état-major, installé à Bervely Hills fut chargé de gérer Myspace au sein de News Corp et les fondateurs quittèrent la direction en avril 2009. Facebook était en train de gagner.

La nouvelle présentation du site Myspace, présentée en octobre 2010, ne suffira pas à stopper l'hémorragie selon les plus pessimistes. Actuellement Myspace qui est disponible dans 30 pays (en Europe il aurait 11% de part de marché en avril 2011) dans les réseaux sociaux et 16 langues, revendique 100 millions d'utilisateurs dont 50% aux USA, contre 700 millions d'utilisateurs pour Facebook.

Lu dans Business Week

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