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Gérard Collomb : "Emmanuel Macron doit sortir de façon positive du grand débat, ce qui est complexe"
©JOEL SAGET / AFP

Confidences d'un proche du président

L'ancien Ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, s'est confié à la rédaction du Point dans le cadre d'un grand entretien. De très nombreux sujets ont été abordés comme les municipales de 2020, ses rapports conflictuels avec Emmanuel Macron, l'affaire Benalla ou bien encore sa mission en tant que ministre de l'Intérieur.

Après de nombreux mois de silence médiatique, Gérard Collomb a accordé un long entretien à la rédaction du Point. Le maire de Lyon a évité de manier la langue de bois dans cette interview. 

Gérard Collomb a été l'un des piliers et un atout de poids lors de la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron. Le maire de Lyon va fêter ses 72 ans en juin prochain. Il se prépare activement à la campagne des élections municipales de 2020. 

Gérard Collomb a expliqué pourquoi il avait été peu présent sur la scène médiatique depuis sa démission du gouvernement : 

"Quand on part du gouvernement, il faut observer un délai de décence. Je ne vais pas passer mon temps à commenter l'actualité, et en particulier l'action du gouvernement. Je suis rentré pour m'occuper de ma ville, à laquelle j'avais eu peu de temps à consacrer quand j'étais place Beauvau".

Il a abordé les remous provoqués par son choix de quitter le gouvernement : 

"On ne peut pas dire que mon départ ait été inattendu. Bien avant, j'avais fait plusieurs remarques, signifié mes désaccords, ce qui m'avait valu beaucoup de critiques. J'avais exprimé mon choix de revenir à Lyon, ce qui avait provoqué une tempête. Depuis, je m'aperçois que mon exemple a été suivi puisque d'autres démissionnent. Finalement, j'ai ouvert une voie…"

Gérard Collomb a évoqué la position délicate dans laquelle se trouve le chef de l'Etat alors que le Grand débat national touche à sa fin. Des mesures doivent êtres annoncés par l'exécutif d'ici à cet été afin de répondre au malaise du pays et à la crise des Gilets jaunes : 

"Emmanuel Macron doit sortir de façon positive du grand débat, ce qui est complexe, car beaucoup d'idées ont été brassées, et nous sommes dans un contexte de préparation des élections européennes. Surtout, le président a déjà engagé 10 milliards d'euros. Avec le grand débat, Emmanuel Macron a fait une deuxième campagne électorale et il n'est jamais aussi bon que dans ces circonstances. Mais on n'est pas toujours en campagne électorale. Après, il faut faire des choix. Et s'y tenir".

Le maire de Lyon a abordé la question de la politique menée par Emmanuel Macron : 

"Un problème de séquençage a sans doute brouillé le message faisant qu'un certain nombre de Français ont cru être perdants dans les réformes menées".

Gérard Collomb a abordé en toute franchise la situation du chef de l'Etat. L'ancien ministre de l'Intérieur, un des soutiens les plus fidèles d'Emmanuel Macron, n'a pas été tendre avec le président de la République : 

"La pensée verticale n'est pas une bonne position. Il faut davantage s'appuyer, y compris économiquement, sur les acteurs de terrain pour redresser la France. On ne gouverne pas par des décisions imposées d'en haut. Lors de l'un des derniers conseils des ministres auxquels j'ai participé, le président a affirmé : "Il y a des moments dans l'histoire d'un peuple où il faut assumer d'être jacobin".  Or Emmanuel Macron avait fait campagne sur la France girondine. Il est en train d'essayer de reconstruire, mais la tâche est moins facile qu'avant. Quand vous êtes sur une dynamique, il est plus facile d'entraîner. Lorsque les nuages deviennent noirs, peu de gens se précipitent au-devant de la foudre".

L'ancien ministre de l'Intérieur regrette de ne pas avoir été entendu sur de nombreux sujets et sur la crise au cœur du pays : 

"Il y avait effectivement des crispations que l'on pouvait pressentir. La fracture entre les métropoles et les territoires, on la connaissait. (…) certaines choses auraient pu être évitées. On avait pointé les dangers. J'ai fait passer des notes à tout le monde, au Premier ministre, au président de la République, sur les APL, sur la fiscalité locale, mais mes alertes n'ont pas été prises en compte. A l'époque, le dialogue était rompu avec toutes les associations d'élus, à l'exception de France urbaine, ce qui n'est pas normal. Nous avions mis le doigt sur des signes avant-coureurs de la crise qui s'est révélée par la suite et qui a contraint le président à revenir à la base, avec le grand débat".

Gérard Collomb regrette les effets néfastes de l'affaire Benalla : 

"Il y aura eu dans ce quinquennat un avant et un après l'affaire Benalla. Nous étions plutôt bien partis, avec des mesures qui suscitaient l'adhésion, et à partir de ce moment-là il y a eu un choc dans l'opinion publique. Quand vous êtes au premier rang, le choc ressenti est encore plus fort".

Il a également évoqué ses relations avec Emmanuel Macron depuis son départ du gouvernement : 

"On s'est appelé une ou deux fois depuis mon départ, ce n'est évidemment pas la même fréquence que par le passé, c'est vrai, mais je peux le comprendre : quand vous partez, il y a des désaccords. Mais je ne suis pas de ceux qui cherchent à les accentuer ou à exprimer des regrets. C'est un principe de vie. Sinon, vous passez plus de temps à regretter les choses qu'à en construire (...) J'ai vu Emmanuel Macron à Valence pendant la crise des gilets jaunes, il m'a embrassé en me demandant ce que je pensais de la situation".

Gérard Collomb s'est également confié sur les difficultés de la mission exercée par le ministre de l'Intérieur : 

"C'est un ministère très difficile. Les problèmes sont complexes : le banditisme, les trafics de stupéfiants, les difficultés immenses des banlieues, en Ile-de-France."

Il a également dénoncé les attaques contre son épouse, Caroline, dans le cadre de cet entretien. 

Gérard Collomb va donc se lancer dans les prochains mois pour la bataille des municipales à Lyon en 2020. 

Le Point

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