Affaire Leonarda : ce qu'il faut en retenir<!-- --> | Atlantico.fr
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Manuel Valls lâché par une partie de la gauche
Manuel Valls lâché par une partie de la gauche
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Expulsion

Alors que la gauche s'insurge et que l'UMP défend "le respect de la loi", l'adolescente espère, elle, revenir rapidement en France.

Les faits

Leonarda, kosovare rom de 15 ans, a été expulsée de France le 9 octobre dernier, avec toute sa famille, arrêtée par la police alors qu'elle se trouvait en pleine sortie scolaire. Elève du collège de Pontarlier (Doubs), l'adolescente était scolarisée en France depuis trois ans et y vivait avec sa famille depuis quatre ans et dix mois. Selon les autorités, les conditions - légales - de son arrestation auraient été dictées par les circonstances de l'expulsion.

Alors que son père avait été renvoyé la veille vers le Kosovo, Leonarda et le reste des membres de sa famille devaient être reconduits dès le lendemain. En venant les chercher à leur domicile, la police s'est aperçue qu'il manquait Léonarda, qui avait dormi chez une amie afin de ne pas rater le départ de cette sortie scolaire. C'est alors que les agents ont contacté les professeurs présents dans le bus pour leur demander de stopper le véhiculer afin de leur permettre de récupérer la jeune fille, alors que l'avion vers le Kosovo décollait à 13 heures. "On a demandé que la petite monte dans la voiture de police une fois que le bus était reparti pour que les autres enfants ne voient pas cela", explique une enseignante.

La gauche s'insurge

Cette expulsion a provoqué un véritable tollé à gauche. Le ministère de l'Intérieur a d'ailleurs décidé de l'ouverture d'une enquête administrative sur les "conditions d'éloignement" de la famille kosovare, après s'être entretenu mercredi matin avec le Premier ministre, à Matignon. Dans le même temps, le Défenseur des droits, Dominique Baudis, s'est auto-saisi de la question et auditionnera toutes les parties concernées par l'affaire afin de vérifier les faits. Il formulera ensuite son avis d'ici à quelques semaines. Selon Jean-Marc Ayrault, "s'il y a eu faute, la famille de Léonarda reviendra en France".

Et pas question de solidarité gouvernementale ou majoritaire dans cette affaire. Vincent Peillon a demandé à ce que "cette situation ne se reproduise pas" et souhaite que "l'école soit sanctuarisée". Même son de cloche chez Claude Bartolone. Le président de l'Assemblée nationale a déclaré, via Twitter, qu'"il y a la loi. Mais il y a aussi des valeurs avec lesquelles la Gauche ne saurait transiger. Sous peine de perdre son âme". Le Parti de Gauche a, de son côté, exigé la démission de Manuel Valls et dénoncé la "politique inhumaine du gouvernement".

L'UMP défend le préfet du Doubs

L'UMP s'est, en revanche, faite relativement discrète sur cette affaire. Pour l'opposition, qui a tout de même pris le temps de fustiger la "cacophonie gouvernementale", il faut respecter la loi. C'est le message qu'a voulu faire passer Christian Jacob lors de la séance des questions au gouvernement de l'Assemblée nationale. "Le préfet n'a fait qu'une chose : appliquer la loi, toute la loi et rien que la loi (…) La France, ça n'est pas la gauche, c'est la République", a-t-il déclaré, apportant ainsi son soutien au préfet Stéphane Fratacci, secrétaire général du ministère de l'Immigration durant le quinquennat précédent et cible des critiques du PS.

"Je peux comprendre que des gens soient bouleversés ou blessés mais il faut bien que la loi soit respectée et qu’il y ait en France essentiellement des personnes en situation légale", a renchéri Jean-Louis Borloo. Une position dans laquelle le patron de l'UDI est rejoint par Jean-François Copé. "Il y avait une obligation pour cette jeune fille et sa famille de quitter le territoire français. Cette décision devait être appliquée", a-t-il estimé. Le Front national critique, en revanche, le "show Manuel Valls", qui se sert, selon Marion Maréchal-Le Pen, de cette expulsion comme d'une "parade pour tenter de faire croire aux Français que quelque chose est fait. Mais c'est dérisoire par rapport au flot d'immigration qui continue d'arriver".

Leonarda espère "revenir en France"

La principale intéressée ne rêve, elle, que d'un retour en France, un pays qui, contrairement au sien, lui permet d'être scolarisée. Depuis son refuge à Mitrovica (nord du Kosovo), l'adolescente s'est confiée à de nombreux médias français. "Je suis un peu en colère parce qu'ils sont venus me chercher devant tous mes camarades. J'avais honte et j'étais en colère. J'ai des amis qui m'ont demandé 'pourquoi ?', 't'as volé ?', 't'as tué qui ?' , 'pourquoi la police, t'es pas une criminelle'", raconte-t-elle. Elle ajoute : "Je n'ai eu le temps de dire au revoir à personne, j'étais dans les bras de ma professeure en train de pleurer. Après ça, ils m'ont ramenée chez ma mère. Je n'ai même pas eu le temps de prendre ma valise".

Celle qui se retrouve séparée de ses amis et de son petit-copain ne rêve désormais plus que d'une chose : l'annulation par Jean-Marc Ayrault de son expulsion : "Tout ce que je veux, c'est, avec ma famille, venir en France, recommencer les cours pour avoir un avenir, le truc le plus important c'est l'école". 

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