Wall Street est-il saisi d'une bouffée d'optimisme délirant en considérant que tout va repartir en 2013 ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Les investisseurs ont plutôt tendance à tenir des discours optimistes car ils ont des actions à vendre à leurs clients.
Les investisseurs ont plutôt tendance à tenir des discours optimistes car ils ont des actions à vendre à leurs clients.
©Reuters

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Une vague d'optimisme touche Wall Street que ce soit sur les perspectives des marchés financiers ou l'atteinte d'un virage marquant la fin de la crise. Faut-il s'en réjouir ou le monde de la finance va-t-il de nouveau droit dans le mur ?

Mathieu  Mucherie

Mathieu Mucherie

Mathieu Mucherie est économiste de marché à Paris, et s'exprime ici à titre personnel.

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Atlantico : Un sondage réalisé par Bloomberg révèle que 53 % des investisseurs sont optimistes en ce qui concerne le marché des actions - le plus haut niveau depuis au moins trois ans et demi. Wall Street est-il saisi d'une bouffée d'optimisme pour 2013 ?

Mathieu Mucherie : Il n'y a qu'à regarder les résultats de Wall Street ce matin, notamment suite aux résultats d'Apple, pour se rendre compte qu'il n'y a pas de véritable bouffée d'optimisme. Il faut plutôt regarder du côté de la zone euro où se manifeste un certain "euro enthousiasme" [voir notre article sur le sujet, ndlr], surtout sur les valeurs bancaires qui ont beaucoup remonté depuis six mois alors même que celles-ci sont encore sous perfusion. Lorsqu'on voit que les actions montent et que les taux baissent, il y a un problème.

Cet optimisme européen s'appuie sur les détentes monétaires faites hors de la zone euro comme au Japon (la banque centrale du pays a cédé face au gouvernement sur son objectif d'inflation, ndlr)en Grande-Bretagne, l'assouplissement monétaire (QE3) de la Fed aux Etats-Unis dont nous profitons indirectement tels des passagers clandestins, ou encore des LTRO (Long-Term Refinancing Operation, des prêts à faibles taux accordés par la BCE aux banques, il s'agit d'une des principales mesures non-conventionnelles adoptées par l'institution de Francfort, ndlr). Mais il n'est pas certain que cet enthousiasme se produise dans les autres zones monétaires.

Dans ce contexte, y a t-il un risque de chute des marchés financiers ?

Nous sommes dans une situation assez paradoxale : habituellement, les taux ont tendance à augmenter en période d'optimisme. Un regain d'optimisme a lieu sur le crédit aux entreprises et les actions, le tout dans un climat où les taux sont bas et même, à des niveaux historiquement bas en nominal. Cela ne durera normalement pas plus de six mois. Il faut donc relativiser cet optimisme.

Si les investisseurs américains étaient aussi optimistes que ne le disent les enquêtes d'opinion, ils sortiraient du cash, quitteraient les titres obligataires souverains qui ne rapportent rien, feraient des fusions-acquisitions et réaliseraient des investissements massifs dans les pays émergents et dans les marchés actions. Il y a une différence entre ce que les investisseurs disent et ce qu'ils font. Karl Marx disait qu'il faut aller là où l'argent va. A l'heure actuelle, les investisseurs agissent à la fois comme si nous étions en situation de rebond et en situation de déflation. Ce n'est pas durable.

A ma connaissance, le CAC 40 n'est pas à 6 000 points mais à 3 700. Nous ne pouvons donc pas parler de bulle et il est difficile de savoir ce qu'il se passera. En général, les investisseurs ont plutôt tendance à tenir des discours optimistes car ils ont des actions à vendre à leurs clients.

L'état des marchés correspond-il aux fondamentaux des économies ?

La situation est assez paradoxale : les taux se calment en zone euro, alors que nous sommes en pleine récession sans véritable certitude quant à une éventuelle reprise en 2014. Aussi, les actions ont gagné 20 % aux Etats-Unis alors que les revenus des sociétés du S&P 500 sont stables depuis le 3e trimestre 2011, ce qui prouve qu'il y a un effet impulsé par la politique d’assouplissement monétaire menée par la Fed.

L'optimisme se manifeste quand le CAC 40 est à 6 000 points et pas à 3 700, de même qu'il est curieux de faire 15 % de performance lorsque nous sommes en pleine récession. La situation ne correspond donc pas aux fondamentaux actuels des économies. La question consiste donc à déterminer combien de temps cela pourra durer et comment.

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