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Vous voulez la preuve que la gauche est morte ? La preuve a 24 ans, elle est talentueuse et fortement marquée à droite
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RIP

Le journal Libération vient de publier ce faire-part de décès. Sous la forme d'un portrait qui dit, en creux, que la jeunesse et la fraîcheur ne se situent plus à gauche.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Il faut le lire pour le croire : Libération pleure la jeunesse, disparue et introuvable, de gauche. Il faut le lire pour le croire : Libération n'a pas trouvé parmi les participants de la Nuit Debout une fille de 24 ans, intelligente, même pas moche, pour symboliser les lendemains qui chantent. Il faut le lire pour le croire : Libération, dans sa quête inlassable de "nouveaux intellos de gauche", est restée bredouille : pas le moindre petit poisson rouge, rose ou vert dans ses filets.

Donc le journal s'est rabattu sur une fille de droite : Eugénie Bastié, 24 ans, journaliste au Figaro et coqueluche de nombreux plateaux télévisés. Pas pour en dire du bien, certes. Le portrait poussif qui lui est consacré est évidemment à charge. Venimeux, besogneux. Mettre une bonne dose de venin dans la bouillie ne rend pas cette dernière plus fluide. Pour se faire une idée de la hauteur à laquelle ce texte patauge, un passage suffira. La journaliste de Libération interroge Eugénie Bastié sur ses moyens de contraception. Cette dernière ne raffole pas, semble-t-il, de la pilule. "Et donc vous pratiquez la méthode Ogino ? Autre chose ?"

On comprend mal pourquoi la journaliste de Libération s'est arrêtée en si bon chemin. Alors qu'il est évident que les lecteurs et les lectrices de son journal brûlaient de savoir si l'interviewée était une adepte de la position du missionnaire ou préférait des postures bien plus acrobatiques… Si l'on veut savoir ce qu'est devenu le quotidien de Laurent Joffrin, il faut paraphraser Desproges : "Il est plus économique de lire Libération que Sartre : pour le même prix on a La Nausée et Les mains sales".

L'article visqueux de Libération signe bien, au-delà du cas d'Eugénie Bastié, l'acte de décès de la gauche. On imagine en effet que le journal aurait été heureux d'offrir à ses lecteurs le portrait chaleureux et énamouré d'une jeune fille avec des penchants pour le rouge ou le rose. On aurait pu y lire un symbole d'espoir. Au lieu de quoi, Libération se vautre dans une image de deuil (du point de vue de ce journal). C'est que la gauche est vieille. Fatiguée. Fripée. Usée. Ridée.

Depuis l'élection de François Hollande, elle a tout essayé pour tenter d'effacer les outrages du temps. Les injections de silicone, le botox, les liftings, la chirurgie esthétique… Dans ce domaine, seul le président de la République, à la recherche d'une nouvelle jeunesse, ne s'est pas trop mal débrouillé. Valérie Trierweiler après Ségolène Royal, Julie Gayet après Valérie Trierweiler… A chaque fois, quelques années de moins ! La gauche, elle, est allée chercher son élixir de jouvence dans le caniveau. En arpentant les trottoirs de nos banlieues pour rameuter un peu de diversité. En faisant corps avec Black M, le rescapé de Verdun d'apparence juvénile et robuste.

Elle a aussi essayé de prélever un peu de chair fraîche chez les zadistes de Notre-Dame-des-Landes. Chez les vieux, très vieux, jeunes de la Nuit Debout. A chaque tentative, elle s'est fait d'ailleurs cracher à la gueule. Il faut croire qu'elle aime ça. Oui, la gauche est morte et c'est Libération qui, à sa façon, l'annonce. Et puis non – j'exagère – elle n'est pas morte. Elle est juste très laide à voir. Pour en être convaincu, il faut simplement lire l'article de Libération.

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