Voilà pourquoi les récents cas humains de grippe aviaire sont particulièrement inquiétants <!-- --> | Atlantico.fr
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Un ouvrier marche à côté de poussins dans un élevage de poulets.
Un ouvrier marche à côté de poussins dans un élevage de poulets.
©DAMIEN MEYER / AFP

Lutte contre les pandémies

Des cas humains de grippe aviaire ont été détectés aux Etats-Unis dans le Texas et le Michigan. Le tout premier cas mondial de décès humain dû à la grippe aviaire de type H5N2 a été attesté au Mexique cette semaine, selon l'OMS.

Antoine Flahault

Antoine Flahault

 Antoine Flahault, est médecin, épidémiologiste, professeur de santé publique, directeur de l’Institut de Santé Globale, à la Faculté de Médecine de l’Université de Genève. Il a fondé et dirigé l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (Rennes, France), a été co-directeur du Centre Virchow-Villermé à la Faculté de Médecine de l’Université de Paris, à l’Hôtel-Dieu. Il est membre correspondant de l’Académie Nationale de Médecine. 

 

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Atlantico : Quels sont les facteurs spécifiques qui rendent les récents cas humains de grippe aviaire particulièrement inquiétants par rapport aux épidémies précédentes ?

Antoine Flahault : On n’aime évidemment jamais qu’un virus jusqu’à présent strictement aviaire, se propage de plus en plus aisément au sein d’espèces de mammifères, car ces espèces sont de plus en plus proches, sur le plan génétique des hommes. Cependant, le virus H5N1 de la grippe aviaire n’est pas nouveau. Il a été identifié pour la première fois en 1996 et le premier cas humain remonte à 2003, à l’époque il était localisé en Asie du Sud-Est, notamment à Hong Kong, mais aussi au Vietnam et en Chine. Il était très virulent chez l’homme, puisque la moitié des cas rapportés en sont morts, mais il s’agissait à chaque fois de cas de contamination directe de l’homme par des oiseaux vivants infectés, notamment dans des élevages de poulets ou des marchés de volailles vivantes. Depuis on n’a pas cessé de craindre que ce virus H5N1 se transmette entre humains, ce qui ne s’est heureusement jamais produit. Ces derniers mois ont fait l’objet d’une très forte recrudescence mondiale de la grippe aviaire et beaucoup d’oiseaux ont été atteints en Europe et en Amérique et beaucoup en sont morts. Des mammifères ont alors été retrouvés contaminés, en Espagne par exemple où un élevage de visons contaminés a été identifié près d’une plage de Catalogne où de nombreux oiseaux étaient infectés. On a aussi repéré des colonies de phoques sur différentes côtes d’Amérique Latine et plus récemment des troupeaux de vaches laitières dans différents États des USA. Trois fermiers Nord-Américains ont été identifiés contaminés par H5N1 à ce jour, soit par le contact avec des vaches infectées soit en buvant du lait cru contaminé et ces trois cas étaient bénins (deux cas de conjonctivite et un cas de toux d’évolution favorable), rien de très surprenant ni de très inquiétant jusqu’à présent donc.

Existe-t-il des signes indiquant que la souche actuelle de grippe aviaire pourrait être plus transmissible entre humains que les souches précédentes ?

Non, il n’y a pas de preuve d’une transmission avérée du virus H5N1 entre mammifères et encore moins entre humains. Aux USA actuellement, il est possible que ce virus H5N1 se transmette par les manipulations des mamelles des vaches au moment de la traite, même si c’est un mode de transmission de ce virus inédit chez les ruminants.

Quels sont les symptômes et les complications les plus courants chez les patients humains atteints de la grippe aviaire actuelle, et comment diffèrent-ils des grippes saisonnières ?

La grippe humaine de type A à ce jour n’a été cantonnée qu’à trois virus : les sous-types H3N2, H2N2 et H1N1. Et le virus H2N2 ne circule plus depuis 1968. Aucun autre virus n’a réussi à franchir la barrière d’espèce et à se transmettre entre humains. Le virus H5N1 qui atteint les volailles et désormais, ce qui est nouveau, le bétail pourrait un jour se transmettre entre humains, après quelques mutations essentielles pour y parvenir, mais pour le moment une infection humaine par ce virus représente une impasse épidémiologique, c’est à dire qu’il ne se propage pas aux autres hommes. Un homme peut être infecté au contact d’un animal infecté ou en buvant du lait cru contaminé mais il ne le transmet pas à son tour à d’autres hommes, c’est donc très différent de la grippe saisonnière, hautement contagieuse par la toux et les aérosols de la respiration.

Quelles mesures de surveillance et de contrôle devraient être prioritaires pour prévenir une potentielle pandémie de grippe aviaire ?

On redoutera une éventuelle pandémie de grippe aviaire s’il se produit ce qui s’était produit en 2009 avec la grippe porcine A/H1N1, c’est à dire une chaîne de transmission interhumaine à grande échelle, avec un taux de reproduction du virus supérieur à la valeur 1, c’est à dire la survenue de plus d’un cas secondaire par cas initial. Il faut donc surveiller la survenue de cas et étudier les éventuels regroupements de cas communautaires. La surveillance des eaux usées des villes près des fermes de vaches laitières contaminées permettrait de détecter un démarrage éventuel d’épidémie. Il faut aussi se rappeler que l’ennemi ne vient pas toujours d’où on l’attend. Depuis 2003, on attendait une grippe aviaire H5N1 émergeant d’Asie du Sud-Est et en 2009, c’est une grippe H1N1, d’origine porcine qui a émergé du Mexique.

Antoine Flahault a publié « Prévenez-moi ! Une meilleure santé à tout âge » aux éditions Robert Laffont

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