Voilà pourquoi le prix du renoncement de l’Europe au gaz russe risque de s’envoler <!-- --> | Atlantico.fr
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Un ouvrier participe à la fabrication d'acier au sein de l'aciérie de Vyksa dans la région russe de Nizny Novgorod le 2 mars 2018.
Un ouvrier participe à la fabrication d'acier au sein de l'aciérie de Vyksa dans la région russe de Nizny Novgorod le 2 mars 2018.
©Vasily MAXIMOV / AFP

Matières premières

Le calendrier ambitieux de l'Europe pour réduire les importations d'énergie russe nécessitera beaucoup d'acier, de cuivre et d'aluminium pour construire plus de terminaux éoliens, solaires et GNL. Problème : la Russie est un fournisseur majeur de ces métaux…

Alessandro Giraudo

Alessandro Giraudo

Alessandro Giraudo est professeur de Finance Internationale à l’ISG et auteur de Histoires Extraordinaires des Matières Premières (vol. 1 et 2).

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Atlantico : Alors que l’Union Européenne a annoncé vouloir réduire drastiquement ses importations d’énergie russes, la construction de terminaux éoliens, solaires ou GNL nécessitera de grandes quantités de métaux tels que de l’acier, du cuivre ou de l’aluminium. Alors que de nombreux pays souhaitent accélérer leur transition énergétique, dans quelle mesure la construction de ces terminaux est-elle liée à l’augmentation du prix des matériaux ? Leur prix devrait-il continuer de grimper ?

Alessandro Giraudo : Ces composants sont très importants pour la construction d’éoliennes ou de panneaux solaires. Pourtant, leur prix a fortement grimpé depuis le début de l’offensive russe. Comment l’expliquer ? La Russie est une énorme réserve de matières premières et un grand exportateur. À titre d’exemple, elle est le deuxième exportateur de cuivre au niveau mondial, qui est indispensable pour la construction de câbles électriques. Il faut également savoir que la production d'aluminium requiert beaucoup d’énergie. 50% des coûts de production de l’aluminium en dépendent, ce qui contribue à augmenter les coûts de fabrication. 
Nous sommes donc très fortement dépendants des exportations russes. De plus, de nombreux autres pays souhaitent également augmenter leurs importations, ce qui contribue à réduire l’offre, même si il n’y a pas de risque de raréfaction de ces produits car il existe d’autres grands producteurs au niveau mondial. Tous ces éléments favorisent donc une augmentation des prix pour la construction d’éoliennes et de panneaux solaires. 
Selon moi, le prix de ces métaux devrait arrêter de grimper à plus ou moins long terme. Nous avons eu une flambée des prix à cause du conflit en Ukraine mais tous ces matériaux sont largement disponibles dans le monde. Le risque serait réel en cas de monopole, ce qui n’est pas le cas. De plus, face à l’augmentation des prix, il faut s'attendre à ce que les principaux producteurs augmentent leur production annuelle.

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Alors que l’Union Européenne prévoyait de tripler sa capacité éolienne et solaire au cours de cette décennie, ce projet pourrait-il être mis à mal par l’augmentation du prix de ces métaux ?
Je ne pense pas que les prix des métaux puissent modifier cette stratégie. L’Union Européenne souhaite s’affranchir de sa dépendance aux énergies fossiles, a fortiori si elles proviennent de Russie. Selon moi, ces projets ne seront pas annulés, même s’ils coûteront plus cher. Comme d’habitude, ce sont les consommateurs finaux qui paieront la note. Dans tous les pays européens, il y a une politique économique qui est favorable aux consommateurs, pour éviter les mouvements populaires notamment. 
L’Union Européenne dispose-t-elle d’autres solutions ? La Russie étant un grand fournisseur de ces métaux, est-il possible de se fournir ailleurs ?
Comme je vous l’expliquais précédemment, la Russie n’est pas le principal exportateur de ces métaux. L’Union Européenne peut se fournir en cuivre auprès du Chili, qui est le premier producteur mondial. En ce qui concerne l’acier, la Chine est de loin en tête, avec plus de 900 millions de tonnes produites chaque année, alors que le deuxième producteur mondial, l’Inde, en produit à peine plus de 100 tonnes. En ce qui concerne la Russie, elle n’en produit que 70 millions de tonnes par an. Pour l’aluminium, la Chine est encore une fois le premier producteur mondial, avec 39 millions de tonnes produites en 2021, soit 10 fois plus que la Russie, qui est pourtant en deuxième position. En conclusion, même si les prix de ces métaux risquent de continuer de croître à court terme, l’Union Européenne pourra toujours se fournir ailleurs.

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