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Voilà comment j'ai rendu deux personnes antisémites…
©Reuters

Mea culpa, mea magna culpa

J'ai été provocateur, condescendant et hautain. Et je recommencerai.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Dans une interview récente, Anne Hidalgo raconte son enfance difficile. Elle a vécu dans un HLM où elle a, dit-elle, connu la misère et le racisme. A n'en pas douter, il y avait des crétins qui se moquaient des "espingouins". Et d'autres qui affirmaient en ricanant que les Espagnoles avaient toutes du poil aux pattes. Ce racisme-là (xénophobie plutôt), pour détestable qu'il soit, est relativement supportable.

Ca me rappelle une charmante mésaventure personnelle. J'étais venu présenter un de mes livres – L'affiche rouge – devant une association locale du MRAP. On m'avait dit de ne pas y aller. En effet, le MRAP, initialement appelé Mouvement contre le racisme, l'antisémitisme et pour la paix, s'était rebaptisé en Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples. Ainsi avait opportunément disparu le mot "antisémitisme". Cette organisation était devenue depuis farouchement antisioniste et pro-palestinienne.

Mais mon goût pour la polémique balaya vite ces objections. Rapidement, le débat porta sur l'actualité. Je déplorais qu'aujourd'hui dans nos écoles, des enfants se fassent traiter de "sale petit youpin" et étaient amenés à quitter l'enseignement public. Bien sûr, j'avais fait exprès.

Une femme qui avait un nom à consonance italienne m'interpella. Elle commença par un long et fastidieux préambule sur les horreurs commises par les sionistes en Palestine. Puis elle m'indiqua que quand elle était à l'école, on lui disait "sale petite ritale" et que, pour autant, elle n'en faisait pas tout un plat.

Après avoir compati (assez méchamment je le confesse) à ses souffrances passées, je lui rappelais que des dizaines de milliers de "sales petits youpins" avaient fini dans les chambres à gaz et je lui demandais combien de "sale petits ritals" avaient connu le même sort. Elle resta coite. Et sur son visage, je pouvais lire de la rage, à moins que cela ne fût de la haine.

A la fin de la réunion, un homme s'approcha de moi : "je suis le mari de la femme que vous avez humiliée". Et il me lança : "c'est à cause de gens comme vous qu'on devient antisémite !" Quel bonheur ! Avec un grand sourire, je lui annonçais que j'étais heureux d'avoir contribué à son coming out. Il reparti encore plus antisémite qu'avant. Il y a des joies dont on aurait tort de se priver.

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