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Violences contre les policiers : sortir de ce coupable déni.
Violences contre les policiers : sortir de ce coupable déni.
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Le bloc-pol de Laurence Sailliet

Les scènes de violences contre les policiers se multiplient et sont de plus en plus partagées sur les réseaux sociaux. A Etampes, une cinquantaine de personnes ont caillassé ce dimanche des fonctionnaires de police. A Grigny, la nuit de samedi à dimanche a été tendue. Les forces de l'ordre ont également été victimes de jets de projectiles et de tirs de mortier mercredi à Orléans.

Laurence Sailliet

Laurence Sailliet

Laurence Sailliet est députée européenne Les Républicains et membre du groupe du Parti populaire européen.

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À Étampes ce dimanche, « plusieurs dizaines de jeunes ont pris à partie des policiers et des gendarmes en fin d'après-midi ». À Orléans, mercredi, « la police prise à partie par une vingtaine de jeunes entre tirs de mortier, outrages et dégradations en pleine journée ». Derrière ces titres et ces articles, ce sont des actes graves de violence contre nos forces de l’ordre qui ont lieu quotidiennement, parfois dans une indifférence presque coupable.

Pourtant, face à ces faits, certains feignent de ne pas comprendre le basculement d’autorité qui est en train de s’opérer dans notre société. N’est-ce pas s’en rendre complice ? Déjà pourquoi les appeler « des jeunes » ? Non ce n’est pas cela la jeunesse et faire cet amalgame est une offense pour tous les autres et notamment ceux qui vivent dans des zones sensibles et résistent à la tentation de la délinquance qu’ils côtoient pourtant quotidiennement. Ceux qui attaquent les forces de l’ordre sont des voyous, des délinquants, prêts parfois à blesser même à tuer des policiers et des gendarmes qui au-delà de leurs fonctions sont, s’il fallait le rappeler, des hommes, des femmes, des compagnons, des conjoints, des pères et des mères, des amis. Voilà la réalité. Mais cette terminologie est tout à fait révélatrice du déni qui s’opère.

Face à des images qui sont parfois des scènes de guerre, certains brandissent l’argument du défaut de dialogue entre la police et les jeunes. Nul ne peut nier que la prévention est un élément essentiel dans la stratégie qui doit être mise en œuvre.  Mais qui a encore la naïveté de penser que des individus qui tirent au mortier à bout portant sur des policiers sont en recherche de dialogue ? La haine des flics et le sentiment d’impunité qui les animent sont bien plus forts. Aussi, le traitement et la sanction doivent être à la hauteur. Malheureusement nous en sommes loin. En effet, soyons clairs, il est aujourd’hui de plus en plus difficile pour nos forces de l’ordre de riposter tant la pression idéologique exercée par quelques-uns, puissants par leur audience, a un véritable effet délétère sur l’opinion. En effet, certains artistes, sportifs, intellectuels ou autres commentateurs hors-sol, dont le quotidien n’est absolument pas impacté par la délinquance, jaillissent avec virulence par un tweet ou un écrit divers, dès lors qu’il pourrait y avoir un agissement « suspect », dénonçant des « violences policières » avant même les faits avérés. En parallèle, leur silence est criant lorsque les choses s’inversent même si elles sont démontrées. Peu importe que des policiers, des gendarmes, des pompiers se fassent agresser, blesser ou tombent dans de véritables guets-apens, pourvu que l’on se soit donné bonne conscience. Cette indignation à géométrie variable est une insulte pour tous ceux qui nous protègent.

Ces délinquants n’ont ni peur de la riposte de ceux qu’ils agressent ni peur de la sanction. Attention, j’écris avec prudence car il est maintenant interdit de dire que la justice est laxiste sous peine d’être accusé aux mieux d’ignorance au pire de populisme. Pourtant il s’agit bien de l’opinion d’une majorité de Français, comme a pu le mesurer l’Insee sur 90 000 personnes, déjà de 2013 à 2018. Pour 64 % elles se déclarent « pas du tout satisfaites » de la justice avec pour motif notamment l’insuffisante sévérité des peines. D’autres études se sont succédées démontrant une perte de confiance qui s’amplifie et que l’on ne peut négliger.

A cela s’ajoute un véritable « sentiment » d’insécurité qui, quoi que l’on en dise, est bien inspiré d’une réalité, celle du quotidien pour de nombreux concitoyens.

Mais comment se sentir en sécurité lorsque ceux qui font régner l’ordre sont amenés à devoir reculer ou se désespèrent de voir ceux qu’ils interpellent récidiver sous l’œil indulgent ou impuissant de certains politiques ?

Il serait malhonnête et même mensonger de dire que le problème date d’aujourd’hui. Ce sont des années de déni et de renoncement qui permettent l’émergence de cette forme de rébellion contre laquelle il faut se doter de moyens à la hauteur. L’augmentation des matériels, des effectifs, conformément à l’engagement du président de la République est bien sûr le préalable à toute amélioration mais on ne peut s’exonérer de sanctions exemplaires. Les peines planchers, dont beaucoup réclament le rétablissement parmi les forces de l’ordre, peuvent être un élément de réponse, certes pas l’unique mais en tous cas une avancée. Quoi qu’il en soit, seule une prise de conscience collective et une mobilisation générale nous permettront de faire vivre la République en protégeant un de ses bastions car l’État doit mais ne peut pas tout.

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