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Manuel de survie en jungle urbaine
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G.I. Joe le Taxi

Cette semaine, une jeune femme qui rentrait en taxi de Paris vers son domicile à Nogent-sur- Marne (Val-de-Marne) a été victime d’une violente agression sexuelle commise par le chauffeur. Conseils aux jeunes filles pour faire face à la nuit...

Véronique Branger

Véronique Branger

Véronique Branger dirige l'agence Volcan communication

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Quand tombe la nuit, à moins de me fondre dans l’ombre en baskets, je me débrouille pour porter au moins un accessoire de couleur claire et des talons hauts qui battent la mesure. Je veux qu’on me remarque : la couleur claire impressionne la rétine, le mouvement interpelle le regard, les talons créent un tempo. Je suis une anonyme qui se fait remarquer et qui chérit son anonymat. Si l’on me kidnappe, j’espère avoir le temps de pousser un cri, laisser échapper une carte de visite et mes doigts de saisir mon épingle à cheveux. Et de viser l’arcade de sourcilière dans un geste de rasoir.  Voire crever les yeux, efficace mais dégueulasse.

Vous me trouvez parano ?  Statistiquement parlant, il est certain que des sales types courent les rues chaque jour dans Paris. C’est statistique. Des porcs, et quelques prédateurs. Petite, mes monstres de papier étaient des ogres. Grande fille parisienne, mon monstre de télé s’appelle "Guy Georges "… Commencer par ne pas être une proie trop facile est la première leçon du manuel de survie en jungle urbaine et anonyme.

Quoi de plus anonyme qu’un chauffeur de taxi anonyme dans une rue anonyme avec une passagère anonyme ? Samedi soir, je suis rentrée en taxi.

Porter une tache claire est pratique aussi pour héler un taxi à un carrefour la nuit. La bagnole s’est arrêtée, vieux modèle de taxi avec lumière blanche. Je suis montée derrière lui. Brun, petit, tout ce que je peux dire. Et ça sentait le prout un peu renfermé. Une odeur d’œuf pourri, de soufre. Soit le chauffeur lache des caisses, soit il m’a balancé une boule puante endormissante sur le siège. Dans les deux cas, c’est dégueulasse et tant pis pour les cinq degrés dehors et la crève que le chauffeur va couver, j’ouvre la fenêtre.

Il est une heure du matin, et les quatre punchs que je me suis enfilé le justifieraient. C’est bien d’ouvrir sa fenêtre, c’est win-win : le chauffeur va plus vite parce qu’il se caille, le chauffeur va plus vite parce qu’il pense que vous allez gerber dans son taxi (dégueulasse).

Je ne donne jamais mon adresse exacte, juste la direction. J’indique sur les derniers cent mètres où tourner, puis où s’arrêter dans les vingt derniers mètres. Je ne donne ni le nom de la rue, ni le numéro. Je me débrouille pour envoyer un sms, et pourquoi pas un tweet disant que je suis dans un taxi sentant le prout. Et je ne cherche pas mes clés au fond de mon sac pendant cinq minutes. Je donne l’illusion au chauffeur de taxi que je suis attendue. Je demande une fiche, je lui donne un billet avec un pourliche. Je vérifie que je n’ai rien oublié (privilégiez les coques de smartphone de couleur, plus visibles sur un banquette sombre la nuit dans une rue sombre) et engouffrez-vous dans votre immeuble. Voilà, vous êtes sauvée.

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