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Le chapeau qui valait 31 000 euros...
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Ventes (aux en)chères

Le chapeau melon de Laurel, du duo comique de l'entre-deux guerres Laurel et Hardy, est vendu aux enchères par Christie's ce mercredi. Estimé à 9 000 euros, il a été vendu finalement à près de 31 000 euros. Explications...

Claude Aguttes

Claude Aguttes

Claude Aguttes est commissaire priseur. Il dirige deux études, à Neuilly et Lyon. Il est également président de la société Drouot enchères.

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Atlantico : Le chapeau melon de Laurel (du duo comique Laurel et Hardy) doit être vendu aux enchères par Christie’s ce mercredi. Il a été vendu 31 000 euros. Pourquoi coûte-t-il aussi cher ?

Claude Aguttes : Cher est un terme à relativiser dans ce genre de processus qui peut dépasser l’entendement. Si on vendait le chapeau de Napoléon, il vaudrait certainement 300 000 euros. Un sabre de Napoléon s’est vendu 4 millions d’euros récemment. Marie-Antoinette est sans aucun doute l’une de celles qui provoque le plus de fantasme dans le marché de l’art: j’ai moi-même vendu un pot à lait en porcelaine lui ayant appartenu, un million d’euros pour un objet de 30 cm ! Trois critères confèrent à un objet sa valeur : la matière dont il est constitué, la qualité d’exécution (un objet en bois bien confectionné vaudra plus cher qu’un objet en or de mauvaise qualité), et enfin l’Histoire. L’Histoire va générer un côté fétichisme, une sorte de fièvre d’achat.

Est-ce un cas isolé, ou tous les objets de célébrités sont-ils touchés ?

Toute personne un tantinet célèbre, de quelque époque que ce soit, intéresse les marchands d’art. Parce qu’il y aura toujours des collectionneurs passionnés par les souvenirs, plus ou moins intimes, de celle-ci.  Lors de la vente de la collection de la duchesse de Windsor, un morceau du gâteau de son mariage, dans un plastique, s’est vendu à  près de 20 000 euros.

Ce phénomène n’est pas spécialement accru par la « starisation » actuelle : on trouvera toujours des passionnés de Louis XVI… Il existe même des miniatures avec des mèches de cheveux. C’est dire que le côté personnel de l’objet fait énormément vendre. Ce qui est nouveau c’est qu’auparavant cette recherche de collection d’objets ou souvenirs s’attachait beaucoup plus à des personnalités ayant joué un vrai rôle, telles que les Rois, les personnages institutionnels, alors qu’aujourd’hui les célébrités du monde de la musique, de la comédie, de l’humour, comme c’est le cas pour Laurel et Hardy, sont également vénérés. Les artistes ou personnalités culturelles sont moins importantes, mais l’attachement des passionnés n’en est pas moins fort.

Qui sont les acheteurs potentiels de ces souvenirs ?

Ce ne sont pas des collectionneurs d’une époque ou d’un style en particulier. Ce sont des fans qui s’entichent de quelqu’un en particulier, et lui vouent un véritable culte. Claude François est l’un de ceux qui provoque le plus de frénésie fétichiste.

Une anecdote est significative : il s’est vendu récemment l’Aston Martin du tout premier James Bond. Le montant a dépassé les  1 300 000 euros. Certes c’est une Aston Martin, mais qui a une valeur ajoutée due à son Histoire. Elle a ce côté authentique, qui est très recherché. Les gens s’approprient une partie de la personne et de son histoire. On peut presque évoquer un processus d’identification de l’acheteur à son idole, dont il achète les souvenirs.

Jusqu’où peut aller cette vente ? Comment se déroule la montée des prix sur de tels objets ?

Pour ce chapeau, la vente peut aller loin si deux acheteurs se démarquent et se disputent l’objet. Parce qu’on peut entrer, dès lors, dans une sorte de course où l’orgueil et l’entêtement de l’autre sont des facteurs de flambée des prix…

Propos recueillis par Romain de Lacoste

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