Valls sera-t-il à Hollande ce que Sarkozy a été à Chirac ?<!-- --> | Atlantico.fr
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"Manuel Valls est probablement celui qui manifeste, avec Arnaud Montebourg, le plus d’indépendance par rapport à son Premier ministre et au Chef de l’Etat."
"Manuel Valls est probablement celui qui manifeste, avec Arnaud Montebourg, le plus d’indépendance par rapport à son Premier ministre et au Chef de l’Etat."
©Reuters

Du pareil au même

Si l'on proposait Matignon à Manuel Valls, il "assumerait ses responsabilités", déclarait-il récemment. Ce mardi, François Hollande a répondu à son ministre de l'Intérieur : "C'est le président de la République qui décide". Cette mise au point présidentielle n’est pas sans rappeler le "je décide, il exécute" de Jacques Chirac envers son ministre de l’Intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy.

Yves  Thréard

Yves Thréard

Directeur adjoint de la rédaction du Figaro, éditorialiste, Yves Thréard participe régulièrement à des émissions sur France 5 (C dans l'air), LCI, LCP et Public Sénat.

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Atlantico : "Quant à Manuel Valls, il fait du bon travail et il sait que c'est toujours le président de la République qui décide". C'est la mise au point qu'a faite François Hollande mardi suite aux déclarations de Manuel Valls. Remarque qui n’est pas sans rappeler celle de Jacques Chirac remettant Nicolas Sarkozy à sa place par un "je décide, il exécute". Plus largement, Manuel Valls est-il à Hollande ce que Sarkozy était à Chirac ? Peux-ton comparer le rapport de force Valls-Hollande et Sarkozy-Chirac ?

Yves Thréard : On ne reproduit jamais les mêmes schémas. Il est vrai que Manuel Valls est probablement celui qui manifeste, avec Arnaud Montebourg, le plus d’indépendance par rapport à son Premier ministre et au Chef de l’Etat. Néanmoins, Manuel Valls opère de manière beaucoup plus judicieuse car ses déclarations sont toujours accompagnées d’attentions et sans provocations vis-à-vis de François Hollande. Il y avait une forme d’affront dans les déclarations de Nicolas Sarkozy à propos de Jacques Chirac. Il s’était affranchi de toute forme d’autorité vis-à-vis du Chef de l’Etat.

D’autre part, le ministre de l’Intérieur fait très attention à ne pas montrer d'empressement, de précipitation dans sa conquête du pouvoir. La posture de Nicolas Sarkozy était sur ce point littéralement différente, ne cachant pas son but ultime : l’Elysée.

Le rapport de force Valls-Hollande n’est pas du même ordre que le rapport Sarkozy-Chirac. Manuel Valls n’est pas aussi populaire et aussi indépendant dans l’esprit des Français comme l’était Nicolas Sarkozy. Pour les Français, Manuel Valls fait partie de la "Hollandie". Nicolas Sarkozy était en dehors de la "Chiraquie". Nicolas Sarkozy était un personnage atypique à droite où la discipline a toujours régné sous le mandat de Jacques Chirac, à l’exception d’Edouard Balladur. A gauche, il n’y a jamais eu de discipline. 

Manuel Valls gêne-t-il autant François Hollande que ne le faisait Nicolas Sarkozy avec Jacques Chirac?

Yves Thréard : La donne était différente car à partir de 2002 il était évident que Jacques Chirac ne se représenterait pas à la présidence et de fait il n’était pas gêné par la montée de Nicolas Sarkozy. François Hollande peut tout à fait prétendre à un deuxième mandat mais on observe clairement que Manuel Valls se prépare déjà pour 2017, ce qui peut lui poser un problème incontestable pour se représenter.

Manuel Valls peut-il se servir du ministère de l’Intérieur comme d’un tremplin, d’une place forte se rendant incontournable sur l’échiquier politique comme la fait Sarkozy ?

Yves Thréard : Oui le ministère de l’Intérieur s’y prête, s’il ne fait pas d’erreurs.  Manuel Valls copie la méthode, la façon de faire de Nicolas Sarkozy qui a porté ses fruits. Il a repris l’expression  "premier flic de France". La sécurité est une thématique chère aux Français et son bilan, s’il est bon, peut jouer pour lui.

Propos recueillis par Nicolas Hanin

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